Aéroport de Toulouse : qui pour succéder aux Chinois ?

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Par Christophe PARAYRE - Toulouse (AFP)
Publié le 06 février 2019 - 14:54
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L'aéroport de Toulouse-Blagnac, en mai 2015
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© Rémy GABALDA / AFP/Archives
Qui pourrait succéder aux actionnaires chinois, qui détiennent 49,99% de l'aéroport de Toulouse, site stratégique près du siège mondial d'Airbus? Plusieurs offres sont attendues d'ici la mi-février pour ce projet de vente.
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Qui pourrait succéder aux actionnaires chinois, qui détiennent 49,99% de l'aéroport de Toulouse, site stratégique près du siège mondial d'Airbus? Plusieurs offres sont attendues d'ici la mi-février pour ce projet de vente.

Les actionnaires chinois de Casil "ont reçu beaucoup de marques d'intérêt (....) Casil a donc confié le processus à la banque Lazard, mandatée pour recevoir des offres. La vente peut aboutir, comme elle peut ne pas aboutir", souligne-t-on à l'AFP dans l'entourage du groupe.

"Ce n'est pas un appel d'offre public, donc il n'y a pas de date précise" butoir, "c'est plutôt la première quinzaine de février", selon la même source, qui a requis l'anonymat.

"Nous sommes évidemment intéressés", a indiqué mercredi le PDG de Vinci Xavier Huillard, tout en se disant "vigilant" sur le prix à payer. Le groupe Eiffage serait également sur les rangs.

En avril 2015 - Emmanuel Macron est alors ministre de l’Économie - l'État avait vendu 49,99% du capital de la société de gestion de l'aéroport de Toulouse à Casil Europe, holding française créée par le groupe d'État chinois Shandong High Speed Group et le fonds d'investissement hongkongais Friedmann Pacific Asset Management.

Début 2018, l'État décide de conserver la part de 10,01% qu'il conservait, sur laquelle Casil avait une option. Les autres actionnaires, à hauteur de 40%, sont la Région, le département, la métropole de Toulouse et la Chambre de commerce et d'industrie (CCI).

- Importante plus-value -

Pour une mise de départ de 300 millions d'euros en 2015, la participation chinoise vaudrait désormais plus de 500 millions, selon des évaluations de presse non confirmées dans l'entourage de Casil. Soit une éventuelle plus-value de 200 millions.

Entre 2015 et 2019, "ce n'est pas la même entreprise, le trafic a augmenté, tout comme la rentabilité et le chiffre d'affaires, c'est normal qu'elle ne vaille pas le même prix", se défend l'entourage de Casil.

Avec aussi d'importants investissements réalisés, l'aéroport de Toulouse-Blagnac a connu en 2018 une hausse de fréquentation de 3,9%. Avec plus de 9,6 millions de passagers, il est le 3ème aéroport régional, derrière Nice et Lyon.

Avec l'annonce surprise d'un possible désengagement chinois, révélé le 22 janvier par La Dépêche du Midi, les acteurs locaux se sont mobilisés pour sauvegarder l'actionnariat public.

"S'il s'avérait que Casil vendait prochainement ses actions, ce serait de sa part une très mauvaise manière, légale mais fort désinvolte", avait réagi pour l'AFP le maire LR de Toulouse Jean-Luc Moudenc.

Les quatre actionnaires ont adressé le 24 janvier un courrier commun au Premier ministre Edouard Philippe, enjoignant l'Etat de ne pas "vendre ses parts" -- 10,01% -- afin d'assurer à l'aéroport un "actionnariat majoritaire public de long terme".

Et si l'Etat "vendait, il faut qu'il vende aux acteurs locaux", insiste auprès de l'AFP le président PS du Conseil départemental Georges Méric.

"Il faut s'organiser localement, c'est très cher mais il faut être inventif, avec des entreprises comme Airbus, les collectivités locales et la CCI", plaide-t-il.

Un vif différend avait opposé ces dernières années les acteurs locaux à Casil Europe, accusé de vouloir "maximiser le versement de dividendes".

- "On les a maîtrisés" -

Sur les dividendes, "on les a maîtrisés, sinon la caisse serait vide, on leur a dit +non+ (à Casil Europe)", a affirmé M. Méric.

Selon une source proche des acteurs locaux, les Chinois ont en 2016 "cherché à prélever 60 des 70 millions d'euros de réserves. La mobilisation a permis de limiter le prélèvement à 20 millions (depuis 2015), il reste donc aujourd'hui 50 millions".

La Cour des comptes s'était également montrée très critique en novembre, évoquant une "situation, ambiguë et instable, d'une entreprise dont le capital est majoritairement public, mais dont le contrôle appartient à l'actionnaire privé par l'effet du pacte d'actionnaires qu'il a conclu avec l'État".

Selon Médiapart qui a publié une partie de ce "pacte", resté confidentiel, il garantirait "aux investisseurs chinois minoritaires de faire strictement ce qu’ils veulent et d’être majoritaires au conseil de surveillance".

A l'issue d'âpres négociations, les actionnaires privés et publics ont cependant conclu fin décembre un accord sanctuarisant les réserves jusqu'en 2023.

Un mois plus tard, les actionnaires chinois faisaient savoir qu'ils étaient prêts à se désengager.

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