Argentine : Mauricio Macri, un président en plein doute

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Par Nina NEGRON - Buenos Aires (AFP)
Publié le 11 septembre 2018 - 08:45
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Le président argentin Mauricio Macri à Buenos Aires, le 4 septembre 2018
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© JUAN MABROMATA / AFP/Archives
Le président argentin Mauricio Macri à Buenos Aires, le 4 septembre 2018
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Le président argentin de centre-droit Mauricio Macri est au plus mal depuis le début de son mandat: il a perdu la confiance des marchés et des Argentins, accablés par l'inflation et la crise du peso.

Pour stabiliser l'économie argentine, cet ancien homme d'affaires a appelé le FMI à la rescousse, une initiative qui a du mal à passer car elle est synonyme de douloureux sacrifices financiers pour les Argentins.

"Ces cinq derniers mois ont été les pires de ma vie", a déclaré Mauricio Macri la semaine dernière, en référence à la dégringolade du peso argentin, stimulée par la méfiance des marchés, qui a terminé d’annihiler ses promesses de campagne d'embellie économique.

En 2018, le peso argentin a jusqu'ici perdu la moitié de sa valeur face au dollar, la projection d'inflation annuelle est passée de 15 à 40% et le pronostic de croissance est passé de 3,5% du PIB à -1%.

En plus des indicateurs économiques inquiétants, la popularité de Macri est en baisse à un an de la présidentielle, au cours de laquelle il sollicitera un second mandat de 4 ans.

- Popularité en baisse -

D'après un sondage effectué par l'Université San Andrés avant la crise du peso de fin août, seulement 34% des Argentins approuvent son action, après avoir obtenu 66% en octobre 2017.

A l'époque, sa coalition de centre-droit Cambiemos (Changeons) venait de remporter les élections législatives de mi-mandat et aucun obstacle ne semblait pouvoir l'empêcher d'être réélu.

"Sa popularité continue de baisser et l'effet +état de grâce+ a complètement disparu", souligne le l'enquête d'opinion.

"L'élection de Mauricio Macri, un homme d'affaires, fils d'un milliardaire italien qui a fait fortune en Argentine, "avait déclenché de très grandes expectatives, d'où l'érosion très rapide", estime Pablo Knopoff, directeur de l'institut Isonomía.

Pour le politologue Rosendo Fraga, "la priorité de Macri est de parvenir à un accord avec les gouverneurs provinciaux", dont la majorité sont des opposants, pour trouver un consensus budgétaire pour 2019.

Dans le cadre des négociations avec le FMI, M. Macri a placé la barre très haut: parvenir dès l'an prochain à l'équilibre budgétaire, sans compter les intérêts de la dette. Un pari ambitieux alors que le déficit budgétaire était encore de 3,9% en 2017, et l'objectif pour 2018 de 2,7%.

Tout cela alors que la mobilisation contre la politique d'austérité est croissante, avec une grève générale programmée pour le 25 septembre.

Autre moment-clé, poursuit le politologue, "le directoire du FMI devrait traiter la nouvelle proposition argentine vendredi. Si elle est approuvée, ce qui est probable, les fonds arriveraient la semaine prochaine".

- Trump soutient Macri -

"Macri a encore du temps, car la société le lui donne, mais chaque jour la patience s'amenuise. La société ne veut pas d'une explosion, elle veut des solutions", estime Knopoff.

Sur la scène internationale, Macri compte sur le soutien explicite du président américain Donald Trump, auteur d'un message de soutien remarqué dans lequel il loue que Mauricio Macri "fait un excellent travail".

Dans la mauvaise passe qu'il traverse, le président argentin de centre-droit peut cependant se satisfaire d'avoir une opposition divisée, affaiblie et désorganisée.

L'ex-présidente Cristina Kirchner (2007-2015), mise en cause dans plusieurs affaires de corruption, peut revendiquer environ 30% de l'électorat mais le niveau de rejet dont elle est l'objet hypothèque ses chances de réélection.

Au sein du mouvement péroniste, si l'aile gauche de Mme Kirchner est fragilisée, un secteur plus modéré et centriste, pourrait profiter d'une éventuelle déconfiture de M. Macri, mais aucune figure n'émerge pour l'instant.

"Si la situation empire, avertit Pablo Knopoff, les Argentins chercheront une alternative, un +outsider+" lors de la présidentielle d'octobre 2019.

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