Autoroutes : l'espagnol ACS lance une contre-OPA sur Abertis

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Par AFP
Publié le 18 octobre 2017 - 18:37
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Abertis prêt à investir 4 milliards d'euros en France
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© DANI POZO / AFP/Archives
Le siège du groupe Abertis, à Madrid, le 1er juin 2014
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Le duel Espagne-Italie pour créer un géant mondial des autoroutes en s'emparant de l'espagnol Abertis aura bien lieu: le spécialiste hispanique de la construction ACS a lancé mercredi une contre-OPA valorisant à 18,6 milliards d'euros son compatriote, déjà convoité par l'italien Atlantia.

L'opération "sera extrêmement rentable pour les deux entreprises et pour leurs actionnaires" grâce à des activités "hautement complémentaires", a promis dans un communiqué Marcelino Fernandez Verdes, n°2 d'ACS et patron de sa filiale allemande Hochtief, à travers laquelle sera menée l'opération.

Le groupe ACS, géant du BTP espagnol dirigé par le puissant Florentino Perez -également président du club de football du Real Madrid- avait annoncé fin juillet ses vues sur Abertis, une entreprise dont il fut l'un des fondateurs.

L'appétit des investisseurs pour Abertis s'est aiguisé depuis que le groupe espagnol a renforcé sa position en France, son premier marché, en rachetant en début d'année l'intégralité de la Sanef, via laquelle il gère 1.760 km d'autoroutes dans le nord de l'Hexagone.

Le groupe a récemment signé avec le gouvernement français des accords lui garantissant des hausses de tarifs en échange d'investissements, perçus comme une promesse de juteux retours sur investissements pour les actionnaires.

Pour l'emporter face à l'italien Atlantia, dont le premier actionnaire est la famille Benetton, ACS fait nettement monter les enchères: il propose aux actionnaires d'Abertis 18,76 euros par titre, alors qu'Atlantia n'en a offert mi-mai que 16,50 euros.

La proposition d'ACS valoriserait Abertis à 18,58 milliards d'euros, contre seulement 16,3 milliards pour celle d'Atlantia.

Cette offre "a dépassé toutes les prévisions", estime Felipe López-Gálvez, analyste chez SelfBank.

A Madrid comme à Francfort, la nouvelle a suscité l'enthousiasme des marchés: Abertis a clôturé sur un fort rebond de 7%, ACS a grimpé de 5,17%, tandis qu'Hochtief progressait d'environ 1%. En revanche, Atlantia a cédé 1,2% à Milan.

- "synergies" -

L'annonce est intervenue alors qu'il ne restait que 24 heures au conseil d'administration d'Abertis pour annoncer s'il acceptait ou non de la proposition d'Atlantia.

Le compteur est désormais remis à zéro, a annoncé le gendarme de la Bourse espagnole qui indiquera prochainement le nouveau délai. L'autorité financière avait validé le 9 octobre l'OPA lancée mi-mai par l'italien Atlantia.

L'union d'Abertis et d'Atlantia, qui avaient déjà failli fusionner en 2006, donnerait naissance au leader mondial de la gestion d'autoroutes, avec plus de 14.000 km.

Mais elle a été accueillie depuis le début avec prudence par Madrid, car l'une des filiales d'Abertis constitue un actif stratégique pour l'Espagne: la société de satellites Hispasat, qui assure les communications du gouvernement espagnol.

Madrid estime donc avoir un droit de veto sur l'opération.

Très internationalisé, ACS, concurrent du français Vinci, espère en rachetant Abertis créer "un groupe d'infrastructures unique à l'échelle mondiale".

Outre des autoroutes partout dans le monde, la multinationale espagnole s'enorgueillit d'avoir construit métros, ponts, aéroports et gratte-ciel dans de multiples villes dont New York, Londres, Dubai et Hong Kong.

Si ACS emporte la mise via sa filiale allemande Hochtief, le groupe nouvellement créé cotiserait à la Bourse de Francfort. Pour financer l'opération, Hochtief réalisera une augmentation de capital d'environ 3,7 milliards d'euros, et bénéficiera d'un prêt de 15 milliards d'euros de la banque JP Morgan.

ACS, qui a dégagé en 2016 un peu moins de 32 milliards de chiffre d'affaires, hériterait aussi de la lourde dette d'Abertis, qui frôlait les 16 milliards d'euros fin juin.

Mais l'emblématique groupe espagnol promet aux actionnaires des "retours sur investissements attractifs", faisant miroiter 6 à 8 milliards d'euros de "synergies" grâce à un poids plus important du nouveau groupe dans des projets d'investissements public-privés en Europe, Amérique du Nord et Australie.

Le bras-de-fer avec l'Italie n'en est pourtant qu'à ses débuts: "Etant donné l'aspect stratégique de l'acquisition d'Abertis, une relance est assez probable" de la part d'Atlantia, estime le quotidien italien spécialisé Il Sole 24 Ore.

Atlantia a mis en avant le caractère "amical" de son OPA sur Abertis, qui conserverait son siège en Espagne et verrait ses perspectives de croissance "renforcées".

Abertis se présente comme le premier gestionnaire mondial d'autoroutes en nombre de kilomètres, avec plus de 8.600 kilomètres dans 14 pays en Europe, Amérique et Asie. Il emploie environ 15.000 personnes dans le monde.

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