Bio : faute d'adaptation, les importations augmenteront (Coface)

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Par AFP
Publié le 12 décembre 2017 - 16:18
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Des tomates bio, ayant le label AB (Agriculture Biologique), vendues sur un marché à Nantes (ouest d
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Des tomates bio, ayant le label AB (Agriculture Biologique), vendues sur un marché à Nantes (ouest de la France le 22 décembre 2017
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Les agriculteurs bio français vont devoir augmenter leurs surfaces et leurs rendements, sinon les importations de produits biologiques en France vont fortement progresser, indique une étude publiée mardi, peu avant la fin des Etats généraux de l'alimentation.

"L'offre française semble peiner à répondre à une demande dynamique", ce qui est d'autant plus dommageable que les producteurs bio sont plutôt en meilleure santé que les non bio, souligne l'étude publiée par l'assureur-crédit français Coface.

Dans ce contexte, "l'augmentation des rendements, via l'innovation et/ou l'extension des surfaces cultivées en bio est une question clé", ajoute l'étude.

La France est le troisième marché mondial du bio (5,9 milliards d'euros en 2015, soit 7% du marché total et Coface estime qu'il atteindra environ 8 milliards en 2017), derrière les Etats-Unis (40 milliards en 2015, soit plus de 40% du total) et l'Allemagne (11%) et juste devant la Chine, le Canada et les autres principales économies européennes.

"La consommation augmente plus vite que l'offre depuis 2016, les conversions se sont ralenties, et on a recommencé à importer, avec même des tensions sur certains approvisionnements" a déclaré Bruno de Moura Fernandes, économiste à la Coface auteur de l'étude avec Sarah N'Sonde, responsable des analyses sectorielles.

"La dynamique de la consommation est telle que la filière devra sans doute muter pour accroître ses rendements et son échelle de production. Sinon, elle sera contrainte de recourir encore plus aux produits importés", résume le texte.

L'étude de la Coface juge "inévitable" l'agrandissement des exploitations, "malgré la réticence d'une partie des acteurs craignant que la notion d'agriculture biologique ne soit dénaturée par une industrialisation excessive de la production".

Il permettrait un "accroissement des rendements grâce à des économies d'échelle", mais aussi "une meilleure qualité des produits" en "limitant les risques de résidus de produits chimiques des surfaces environnantes".

- Préserver la proximité -

La Coface souligne la contradiction qui accompagne une potentielle hausse des importations: il s'agit d'un risque de "perte des principes fondateurs de la bio" qui, outre l'absence de pesticides, promeut la proximité et les circuits courts logistiques.

Alors que les rendements de production en bio sont inférieurs en moyenne de 19 à 25% à ceux de l'agriculture conventionnelle, avec un écart pouvant dépasser 30% pour certaines céréales, le recours à l'innovation pour augmenter les volumes parait aussi inéluctable, selon l'étude.

Pêle mêle sont évoqués "l'utilisation de capteurs" pour détecter les risques de maladies et de ravageurs, ou mesurer les besoins en eau et ainsi participer à l'aide à la décision dans le pilotage de la production, de "stations météo connectées" pour anticiper et adapter l'irrigation, de "détecteurs de niveau" pour les céréales, les grains, les poudres ou les aliments pour animaux.

Ces changements sont d'autant plus importants que la production bio est aussi plus couteuse en main d'oeuvre souligne l'étude en notant que "la grande majorité des pays européens ont des tailles d'exploitations d'agriculture biologique plus étendues qu'en France".

La Coface estime que l'augmentation de la consommation de produits bio en France devrait s'élever à 14% en 2017 (après plus de 20% en 2016), et être située entre 10 et 15% en 2018.

Avant la fin des Etats généraux de l'alimentation prévue pour fin décembre, le président de la République Emmanuel Macron a demandé à chaque secteur de la production agricole et de l'agroalimentaire de lui présenter un "plan de développement" filière par filière.

En ce qui concerne l'agriculture biologique, de nombreux acteurs du secteur sont remontés contre la suppression des aides publiques au maintien à partir de 2018. Ce secteur ne se sent "pas encore assez mature pour passer d'un financement par aides publiques à une régulation par le marché" selon Florent Guhl, directeur de l'agence bio.

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