Boeing met la main sur les avions commerciaux du brésilien Embraer

Auteur:
 
Par Delphine TOUITOU - Washington (AFP)
Publié le 05 juillet 2018 - 18:27
Image
Le PDG de Boeing, Dennis Muilenburg, à Seattle le 22 septembre 2015
Crédits
© STEPHEN BRASHEAR / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives
Le PDG de Boeing, Dennis Muilenburg, à Seattle le 22 septembre 2015
© STEPHEN BRASHEAR / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives

Le constructeur aéronautique américain Boeing va s'emparer de la totalité des activités civiles de l'avionneur brésilien Embraer pour 3,8 milliards de dollars, une opération qui lui permettra de concurrencer son rival européen Airbus dans le segment des avions régionaux.

Concrètement, Boeing et Embraer ont annoncé jeudi la signature d'un protocole d'accord pour créer une co-entreprise, contrôlée à 80% par l'américain et à 20% par le brésilien, chapeautant "la totalité des activités d'Embraer dans les domaines de l'aviation commerciale", valorisées à 4,75 milliards de dollars.

Cet accord, qualifié de "partenariat", va permettre à Boeing de compléter son offre en intégrant les avions de ligne régionaux de 70 à 150 sièges d'Embraer (ERJ et E2).

Cette nouvelle société intégrera en outre les services du constructeur aéronautique brésilien et les activités de développement, de production, de commercialisation et de services après-vente de Boeing, précisent les deux avionneurs dans un communiqué commun.

Cette annonce intervient quelques jours après l'entrée en vigueur du partenariat entre Airbus et le canadien Bombardier, qui a permis à l'européen de prendre le contrôle du programme Cseries, concurrent de celui d'Embraer.

Le protocole d'accord entre les avionneurs américain et brésilien doit néanmoins encore obtenir le feu vert de l'Etat brésilien, qui dispose d'un droit de veto sur les décisions stratégiques pour l'avenir de son fleuron industriel.

"Sous réserve de l'obtention des approbations en temps opportun, la transaction devrait être conclue d'ici à la fin de l'année 2019, soit 12 à 18 mois après la signature des accords définitifs", ont ainsi précisé les deux avionneurs.

Une fois finalisée, cette co-entreprise "dédiée à l'aviation commerciale" sera dirigée par une équipe "basée au Brésil, avec à sa tête un président et un directeur général", ont-ils poursuivi. La nouvelle entité sera par ailleurs directement rattachée à Dennis Muilenburg, le PDG de Boeing.

"En formant ce partenariat stratégique, nous disposerons d’une position idéale pour apporter une valeur significative aux clients, aux employés et aux actionnaires des deux entreprises, ainsi qu’au Brésil et aux États-Unis", a commenté M. Muilenburg, cité dans le communiqué.

Troisième avionneur mondial avec près de 6 milliards de dollars de chiffre d'affaires et 16.000 employés, Embraer, privatisé en 1994, est un des joyaux industriels du Brésil avec non seulement une gamme d'avions civils, militaires, mais encore de jets d'affaires.

Au Brésil, lors des discussions préliminaires, des voix s'étaient élevées pour qu'un tel accord n'inclue pas les activités militaires d'Embraer.

- "Vertueux" pour le Brésil -

Dans ce domaine, Boeing et Embraer ont annoncé qu'ils étaient convenus de créer une "autre co-entreprise pour promouvoir et développer de nouveaux marchés et de nouvelles applications pour les produits et services de défense, et tout particulièrement l'avion multi-missions KC-390", développé par Embraer pour le transport militaire.

Pour Embraer, l'opération permettra de bénéficier de la force de frappe commerciale de Boeing.

"L'accord conclu avec Boeing donnera naissance au partenariat stratégique le plus important de l'industrie aéronautique et renforcera le leadership des deux sociétés sur le marché mondial", a réagi Paulo Cesar de Souza e Silva, PDG d'Embraer.

"Le rapprochement de nos activités avec Boeing devrait créer un cycle vertueux pour l'industrie aéronautique brésilienne en augmentant son potentiel de ventes et sa production", a-t-il également souligné.

Les deux groupes précisent par ailleurs que cette opération devrait améliorer le bénéfice par action de Boeing à partir de 2020 et générer des économies de coûts avant impôts d'environ 150 millions de dollars d'ici la troisième année.

A la Bourse de Sao Paulo, peu après 16H00 GMT, l'action d'Embraer chutait de plus de 14% après avoir cédé 7% peur après l'annonce, les investisseurs prenant leurs bénéfices. La perspective d'un accord avec le groupe américain avait auparavant contribué à faire bondir son titre de plus de 30% depuis janvier.

"Ce partenariat stratégique constitue une évolution naturelle de la collaboration de longue date entre Boeing et Embraer au fil d'une série d'initiatives aéronautiques couvrant près de trois décennies", a indiqué Greg Smith, directeur financier et directeur de la performance et de la stratégie de Boeing.

Il estime que cela correspond enfin "pleinement à la stratégie d'entreprise de Boeing, qui consiste à rechercher des opportunités d'investissement stratégiques qui démontrent une valeur réelle et permettent d'accélérer nos plans de croissance organique".

A la Bourse de New York, le titre Boeing évoluait autour de 0% jeudi.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.