Telecom Italia : face à Elliott, Vivendi provoque le renouvellement du Conseil d'administration

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Par Katia DOLMADJIAN - Paris (AFP)
Publié le 22 mars 2018 - 20:22
Mis à jour le 23 mars 2018 - 08:52
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Telecom Italia (Tim) s'apprête à changer de patron
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© GIUSEPPE CACACE / AFP/Archives
Fin avril 2017, Vincent Bolloré, ici le 26 juin, avait annoncé que son groupe détenait quasiment la majorité des voix de Vivendi
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Confronté à une offensive du fonds américain Elliott récemment entré au capital de Telecom Italia (Tim), Vivendi a opté pour des démissions en masse du conseil d'administration de l'opérateur italien afin de provoquer une assemblée générale de renouvellement le 4 mai.

Huit des 15 membres du conseil d'administration de Tim -- trois administrateurs de Vivendi et cinq indépendants élus sur proposition du géant français --, ont démissionné jeudi, a annoncé l'opérateur, dont Vivendi est le premier actionnaire avec 24% du capital.

"En tant que président de Tim, et dans l'intérêt de tous les actionnaires, je veux affranchir le conseil du climat d'incertitude qui s'est créé", a expliqué à la presse Arnaud de Puyfontaine, alors qu'Elliott, qui a annoncé la semaine dernière détenir plus de 5% de Tim, réclamait son départ et celui de cinq autres administrateurs.

La démission de Giuseppe Recchi, vice-président exécutif de l'opérateur, est immédiate, tandis que celle de M. de Puyfontaine et des six autres administrateurs sur le départ prendront effet après l'approbation du bilan et la confirmation d'Amos Genish au poste de directeur général lors d'une première assemblée générale déjà prévue le 24 avril.

Lors de la deuxième assemblée générale convoquée pour le 4 mai, "les actionnaires pourront choisir rapidement un conseil renouvelé", a ajouté M. de Puyfontaine. "Chaque actionnaire aura l'opportunité de choisir entre un plan industriel capable de créer de la valeur sur le long terme et un programme d'ingénierie financière à court terme".

Dans une lettre aux actionnaires la semaine dernière, Elliott s'était dit convaincu de la nécessité d'un conseil d'administration indépendant et avait dénoncé une "mauvaise gestion du conseil contrôlé par Vivendi" s'étant "traduite par des problèmes profonds de gouvernance, une baisse de sa valorisation et des échecs stratégiques".

Elliott, parfois qualifié de fonds "vautour", gère quelque 34 milliards de dollars d'encours et a régulièrement investi dans des entreprises en difficulté ou dont le titre est sous-évalué, en engageant souvent un bras de fer avec leur direction.

- Mesurer les forces -

Et c'est bien un bras de fer qui semble s'engager. La démission de huit administrateurs au lieu des six réclamés a pour effet de rebattre complètement les cartes au conseil d'administration, obligeant à redésigner tous les administrateurs alors qu'Elliott ne demandait qu'un renouvellement partiel.

Si le groupe français reste muet sur ses intentions, il semble que l'assemblée générale va au moins permettre de mesurer les forces en présence.

Début mars, Tim a publié des résultats 2017 globalement moins bons qu'attendu, avec un bénéfice net part du groupe en baisse de 38% à 1,1 milliard d'euros et un chiffre d'affaires en revanche en hausse de 4,2%, à 19,8 milliards d'euros, en ligne avec le consensus.

Il a annoncé dans le même temps son nouveau plan stratégique 2018-2019 axé sur la numérisation, l'amélioration de l'expérience client et le développement de la convergence avec plus de vidéos, de musique et de jeux.

Le groupe entend aussi lancer la séparation de son réseau avec la création d'une entité légale séparée (Netco) contrôlée à 100% par Tim et qui fournira de services en gros de manière indépendante.

Elliott défend en revanche une autre stratégie: séparer le réseau de Tim et le coter ou le vendre partiellement afin de maximiser sa valeur pour réduire la dette et générer des profits.

Le fonds veut aussi mettre fin aux "conflits d'intérêts" et a cité dans son courrier aux actionnaires des exemples où Vivendi aurait "exercé son contrôle sans considération pour les intérêts divergents des actionnaires minoritaires", comme le projet de co-entreprise Telecom Italia-Canal+, ou l'attribution par Tim d'un contrat au publicitaire Havas (dirigé par le fils de Vincent Bolloré).

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