Brésil : Paulo Guedes, l'économiste ultra-libéral de Bolsonaro

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Par Mauricio RABUFFETTI - Sao Paulo (AFP)
Publié le 08 octobre 2018 - 19:10
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Paolo Guedes, gourou éonomique et futur ministre du président-élu du Brésil Jair Bolsonaro. Photo prise le 21 août 2018.
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© Daniel RAMALHO / AFP
Paolo Guedes, gourou économique et futur ministre du président-élu du Brésil Jair Bolsonaro. Photo prise le 21 août 2018.
© Daniel RAMALHO / AFP

Paulo Guedes, le gourou économique du président élu d'extrême droite Jair Bolsonaro, et son futur ministre de l'Economie, est un ultra-libéral.

Ancien professeur, Paulo Guedes, 69 ans, a été formé au Brésil. Mais c'est à l'Université de Chicago, berceau du libéralisme économique moderne, où il a soutenu sa thèse, qu'il s'est forgé son credo : ouverture économique, impôts faibles et simplification des barèmes fiscaux.

Le rapprochement de cet homme pour lequel le rôle de l'Etat doit être le plus réduit possible avec le candidat d'extrême droite, qui tout au long des 27 ans de son mandat de député a adopté des positions protectionnistes, a surpris. Mais Jair Bolsonara a balayé d'un revers de main les critiques : "En vérité, je ne comprends rien à l'économie", a-t-il admis dans un entretien au quotidien Globo.

"La dernière qui s'y connaissait (en économie) c'était Dilma (Rousseff)", l'ancienne présidente de gauche destituée en 2016, "et elle a coulé le pays", estimait en janvier Paulo Guedes, selon des propos rapportés par le quotidien Folha de Sao Paulo.

Rapidement, celui qui a fondé plusieurs centres d'études économiques et cabinets de gestion de portefeuilles est apparu comme un protagoniste de premier plan dans l'éventualité d'un gouvernement du Parti social libéral (PSL) de Jair Bolsonaro.

Un "superministre" qui pourrait avoir sous sa baguette les actuels ministères de l'Economie, de l'Industrie, du Commerce, du Plan et le secrétariat d'Etat chargé des Investissements publics.

Cheveux gris, lunettes fines, Paulo Guedes est l'homme sur lequel compte s'appuyer Bolsonaro pour s'atteler à la tâche gigantesque de sortir le Brésil et ses 208 millions d'habitants de la crise économique, après deux années de récession (2015, 2016) et une croissance qui ne redémarre pas vraiment.

- Commandant en chef -

Les défis sont nombreux : réduire le déficit budgétaire, renverser la tendance à la hausse de la dette publique, qui a atteint 77,3% du PIB en 2018 (contre 58% en 2013) et qui pourrait exploser à 140% du PIB en 2030, selon la Banque mondiale.

Dès dimanche soir, Paulo Guedes a annoncé que le futur gouvernement allait "changer le modèle économique du pays" pour relancer la croissance.

"Le Brésil a connu 30 ans de dépenses publiques incontrôlées, (...) suivant un modèle qui a corrompu la politique et provoqué une augmentation des impôts, des taux d'intérêt et de la dette, à la façon d'une boule de neige", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse.

Il a également appelé à "accélérer le rythme des privatisations" lancées sous le gouvernement du président sortant Michel Temer, qui avait déjà lancé fin 2016 une cure d'austérité.

Une proposition qui pourrait s'avérer toutefois délicate dans un pays où la population est attachée aux services publics et où des entreprises emblématiques comme la société pétrolière Petrobras ou le fournisseur d'électricité Eletrobras seraient déficitaires sans le soutien de l'Etat.

Paulo Guedes a aussi indiqué que le futur gouvernement se pencherait dès sa prise de fonction, en janvier, sur la réforme des retraites, très impopulaire mais considérée cruciale par les milieux d'affaires pour réduire la dette. Il défend notamment la mise en place d'un système par capitalisation, identique à celui en vigueur au Chili, où Paulo Guedes fut professeur d'université dans les années 1980, sous la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1989).

Au cours de la campagne, le tandem Guedes-Bolsonaro a toutefois connu des tensions. En septembre, le conseiller économique avait évoqué auprès d'entrepreneurs le possible retour d'un impôt impopulaire sur les transactions financières, en remplacement de cinq autres taxes, avant d'être remis à sa place par le candidat.

"Le président, ce sera moi. J'ai parlé avec lui. Il a reconnu que c'était une erreur. Il veut diminuer la quantité d'impôts", a justifié Jair Bolsonaro début octobre, quelques jours avant le 1er tour, lors d'un entretien radiophonique.

"Nous aurons un ministre, bien sûr, mais au-dessus de lui, il y aura un commandant en chef et ce commandant en chef s'appelle Jair Bolsonaro", a-t-il lancé.

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