Croissance plus lente, bras de fer commercial : la Fed préfère être "patiente"

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Par Virginie MONTET - Washington (AFP)
Publié le 20 février 2019 - 22:57
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Le président de la Fed, Jerome Powell, le 30 janvier 2019 à Washington
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© SAUL LOEB / AFP/Archives
Le président de la Fed, Jerome Powell, le 30 janvier 2019 à Washington
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Le ralentissement prévu de la croissance économique aux Etats-Unis, les incertitudes commerciales et l'affaiblissement de l'expansion mondiale ont nettement refroidi la Fed qui s'arme désormais de "patience" avant d'agir de nouveau sur les taux d'intérêt, révèle le compte-rendu de sa dernière réunion monétaire publié mercredi.

La Banque centrale américaine a estimé que la croissance économique des Etats-Unis allait "marquer le pas" et que les perspectives économiques étaient devenues "plus incertaines" dans un contexte de plus faible expansion mondiale, selon les minutes de la réunion des 29 et 30 janvier.

Les participants au Comité monétaire, qui avaient alors décidé de faire une pause sur les taux d'intérêt, ont adopté "une attitude patiente qui devrait permettre d'avoir une idée plus claire de la situation commerciale" alors que les négociations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis battent leur plein.

La Fed avait révisé en baisse en décembre ses estimations de croissance du Produit intérieur brut (PIB) pour les Etats-Unis en 2019 à 2,3%, au lieu de 3%. Les membres du Comité monétaire de la Banque centrale ont expliqué que la croissance "allait quelque peu marquer le pas" cette année.

Ils ont cité, au rang des incertitudes qui les ont conduits à faire une pause sur les hausses de taux, "la volatilité élevée des marchés financiers" à la fin de l'année dernière, mais aussi "la croissance plus faible de l'économie mondiale" et "l'affaiblissement de la confiance des consommateurs et des industriels".

- Le commerce en cause -

Aux Etats-Unis, "l'environnement politique, y compris les négociations commerciales et la récente fermeture partielle des services administratifs (ndlr: "shutdown") ont aussi été un facteur contribuant à l'incertitude quant aux perspectives économiques".

Le Comité s'est donc accordé à adopter "une attitude de patience pour se donner le temps d'avoir une idée plus claire de la situation sur le plan du commerce international".

Washington et Pékin mènent dans la capitale américaine des négociations cruciales cette semaine pour tenter d'éviter une surenchère des droits de douanes sur leurs exportations respectives.

Cela devrait aussi permettre "de se faire une plus solide opinion de l'étendue et de la persistance du ralentissement économique en Chine et en Europe", ajoute le rapport.

Le prochain rendez-vous monétaire est fixé aux 19 et 20 mars alors que les taux d'intérêt au jour le jour se situent actuellement entre 2,25% et 2,50%.

De nombreux membres du Comité reconnaissent qu'ils "pas encore clair quel type d'ajustement (monétaire) sera approprié au cours de l'année". Certains pensent qu'il faudra relever les taux "seulement si l'inflation s'accroît" d'autres pensent qu'il faudra le faire dès qu'il est attesté que l'économie évolue comme prévu.

Enfin, presque tous les participants sont d’accord pour que la Banque centrale cesse dès cette année la diminution de son bilan et qu'elle fasse une annonce en ce sens dès la prochaine réunion.

La question de la normalisation du volume d'actifs que la banque centrale détient à son bilan a été un sujet fortement débattu. Celui-ci, qui a gonflé avec les massifs achats d'actifs pour soutenir la reprise après la crise de 2008, se situe autour de 4.000 milliards de dollars.

Mais en investissant moins dans des obligations d'Etat, la Fed a un effet indirect sur les taux à la hausse, ce qui a inquiété les marchés dans un contexte de ralentissement de la croissance mondiale.

Réagissant à ce rapport, les économistes de Capital Economics ont estimé que "désormais la barre était (placée) haut avant qu'une hausse des taux intervienne à court terme".

"Maintenant, on s'attend à ce que la Fed laisse les taux inchangés durant toute l'année avant qu'une possible détérioration de la croissance économique en 2020 la force à baisser les taux", estiment-ils dans une note.

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