Des bateaux aux satellites : l'Ecosse tourne les yeux vers le ciel

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Par Mark MCLAUGHLIN - Glasgow (AFP)
Publié le 23 mai 2018 - 12:59
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Un technicien au travail dans les locoaux de Spire Global, en Ecosse, le 17 avril 2018
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© ANDY BUCHANAN / AFP/Archives
Un technicien au travail dans les locoaux de Spire Global, en Ecosse, le 17 avril 2018
© ANDY BUCHANAN / AFP/Archives

La ville de Glasgow en Écosse, jadis connue pour la construction navale, tourne désormais les yeux vers le ciel, avec une industrie satellite en pleine croissance.

Selon des experts de l'industrie spatiale, Glasgow est la ville, hors Etats-Unis, qui produit le plus de satellites, se spécialisant dans les petits appareils pouvant être utilisés pour les prévisions météorologiques comme les systèmes GPS.

"L'Ecosse est reconnue pour sa construction de vaisseaux. Et aujourd'hui, nous fabriquons des vaisseaux spatiaux", a relevé Peter Anderson, directeur du développement du fabricant de satellites Clyde Space.

Les bureaux de la société se trouvent au bord la rivière Clyde, à quelques mètres de l'imposante grue Finnieston, autrefois utilisée pour amener chars et locomotives à vapeur sur les navires.

Clyde Space a lancé le tout premier satellite d'Ecosse en 2014 et deux ans plus tard l'entreprise produisait six satellites chaque mois. Cela a été le début d'une période de croissance rapide dans l'industrie spatiale en Écosse.

Le chiffre d'affaires du secteur spatial écossais a augmenté de plus de 70% depuis 2010 pour atteindre 2,7 milliards de livres sterling (3 milliards d'euros, 3,6 milliards de dollars) l'année dernière, selon ADS Scotland, un organisme qui représente le secteur. Cette industrie emploie environ 7.500 personnes.

Elle pourrait bénéficier d'un coup de fouet supplémentaire si des rumeurs de construction de deux nouveaux ports spatiaux venaient à être confirmées

- Diable à ressort -

ClydeSpace partage un complexe de bureaux, appelé SkyPark, avec l'entreprise américaine Spire Global, spécialisée dans la collecte de données fournies par un réseau de petits satellites.

Selon l'ingénieur en chef de cette dernière, Joel Spark, elle a bénéficié d'une main-d'oeuvre hautement qualifiée présente sur place depuis l'époque de la bulle internet, fin 1990-début 2000. L'Ecosse était alors surnommée "Silicon Glen" du fait de la construction sur place d'appareils électroniques de haute technologie, une activité toujours présente même si elle a perdu en importance.

"A Silicon Glen étaient fabriqués des téléphones portables, de petits appareils électroniques avec une technologie radio, et c'est très similaire à ce que nous faisons, de sorte que nous avons pu puiser dans ces compétences", a expliqué M. Spark.

Plusieurs start-up se sont également développées, comme Alba Orbital, qui s'apprête à lancer cette année son premier satellite, le petit Unicorn1, conçu en partenariat avec l'Agence spatiale européenne (ESA). L'appareil, monté dans ses locaux sans prétention au sud du fleuve Clyde, sera lancé au moyen d'un lanceur à ressort, un peu comme un diable à ressort.

"Au kilogramme, lancer un satellite coûte plus cher que l'or. L'idée de concevoir un cube plus petit était donc très pertinente", a déclaré le directeur général de la société, Tom Walkinshaw, à l'AFP.

Les espoirs sont grands aussi que l'Ecosse puisse bientôt disposer de ses propres bases de lancement.

"Nous tablons, dans un avenir proche, sur un site de lancement vertical quelque part dans le nord de l'Ecosse", a indiqué Matjaz Vidmar, chercheur à l'Observatoire royal d’Édimbourg. Deux sites militaires dans les Western Isles sont pressentis.

"Mais il y aura plus probablement et plus rapidement une rampe de lancement horizontale à Prestwick", qui implique une mise sur orbite à haute altitude à partir d'un système de lancement sur un avion conventionnel.

Le Royaume-Uni s'intéresse d'autant plus au développement de son industrie spatiale que son rôle dans le projet de satellite européen est remis en question par le Brexit.

L'Union européenne a en effet indiqué que les entreprises britanniques pourraient être empêchées de répondre à des appels d'offres pour des contrats relatifs à Galileo.

Le Royaume-Uni, qui a joué un rôle important dans son développement, souhaiterait pouvoir continuer à participer en tant que membre à part entière de Galileo, même après avoir quitté l'UE en mars 2019, mais l'UE ne semble pas de cet avis et a décidé de déplacer l'une des bases de contrôle de Galileo du Royaume-Uni vers l'Espagne afin de "préserver la sécurité".

Le Royaume-Uni envisage désormais le développement et le lancement de son propre système de navigation par satellite.

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