Deutsche Bank supprime des milliers d'emplois dans le monde

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Par Florian MÜLLER et Jean-Philippe LACOUR - Francfort (AFP)
Publié le 24 mai 2018 - 18:54
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La première banque allemande Deutsche Bank, en grande difficulté, a annoncé jeudi plus de 7.000 suppressions d'emplois dans le monde et une réduction de son activité sur les marchés de capitaux, sans convaincre ses actionnaires.

Après trois années de pertes d'affilée et au vu d'une concurrence lui prenant des parts de marché, elle a décidé de donner la priorité à la réduction des coûts.

Cela va se traduire par une dimininution des effectifs à "bien en deçà de 90.000" à l'horizon fin 2019, contre 97.130 en équivalent temps plein à fin mars, a souligné jeudi Christian Sewing, le patron de Deutsche Bank depuis un mois et demi, devant les actionnaires de la banque réunis à Francfort.

Les suppressions d'emplois vont en grande partie concerner la division banque d'investissement, qui fut jadis la locomotive du groupe: elles "sont inévitables si notre banque veut devenir durablement rentable", a martelé M. Sewing.

- Sanction en Bourse -

Des propos qui n'ont guère convaincu les représentants de petits porteurs. "Ce qui a déraillé pendant les vingt dernières années, on ne pourra pas le corriger en deux ans", a assené Ingo Speich, gestionnaire du fonds Union Investment, qui voit la banque devenue "un colosse aux pieds d'argile".

"La situation économique est désastreuse", a renchéri l'avocat Markus Kienle, de l'association d’actionnaires minoritaires SdK.

Conséquence: le titre Deutsche Bank reculait à 13H45 GMT de 5,91% à 10,26 euros pour figurer en queue de peloton du Dax. L'action a perdu 35% de sa valeur depuis janvier et près de 10% depuis l'arrivée de M. Sewing le 8 avril.

Même en redessinant son modèle d'activité, Deutsche Bank "accuse un retard de trois à cinq ans sur ses concurrents" occupant de manière grandissante des positions dans "les activités à haut rendement", souligne jeudi Michael Seufert, analyste de la banque NordLB.

Le président du conseil de surveillance, Paul Achleitner, qui vient d'organiser le troisième changement à la tête de la banque depuis 2012, a aussi reçu jeudi des flèches des actionnaires. Il est désormais en première ligne.

"Nous ne vous accorderons pas l'occasion d'un prochain renouvellement de personnel", a lancé à son adresse l'avocat Klaus Nieding, de l'association de minoritaires DSW.

Sous la houlette de M. Sewing, qui vient de la division "banque de détail" et a passé, à 47 ans, presque toute sa carrière chez Deutsche Bank, la banque renonce à vouloir concurrencer les géants américains de Wall Street dans la banque d'investissement. Elle va se recentrer sur l'Europe.

"Nous sommes la première banque des entreprises et d'investissement en Europe avec un réseau mondial - et nous le resterons", a souligné M. Sewing.

En procédant à des coupes dans des activités où elle n'estime jouer qu'un rôle secondaire ou qui ne sont pas prioritaires pour ses clients, la banque va dépenser 800 millions d'euros en frais de restructuration, notamment en indemnités de départ pour de nombreux banquiers d'investissement.

- Recettes en baisse -

Les coupes dans la banque d'investissement visent une division jadis figure de proue de la banque, devenue un fardeau à traîner.

Entre le milieu des années 1990 jusqu'à 2012, après une décennie sous l'impulsion du Suisse Josef Ackermann, l'établissement a donné la priorité à ce segment, cherchant à jouer dans la même cour que les géants américains et méprisant la banque de détail.

La banque s'est retrouvée ensuite empêtrée dans une litanie d'affaires judiciaires nées des excès dans la banque d’investissement, avec des pertes consécutives de parts de marché.

L'an dernier, le groupe a vu ses recettes baisser sensiblement et a affiché une perte nette de 735 millions d'euros. Même le début de l'année 2018 est resté médiocre, le résultat net à fin mars reculant de près de 80% sur un an.

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