Emplois francs : le dispositif étendu pour améliorer des résultats encore modestes

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Par Fabrice RANDOUX - Cachan (France) (AFP)
Publié le 21 mars 2019 - 19:53
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Le gouvernement a annoncé jeudi une vaste extension géographique des "emplois francs" afin de développer ce dispositif destiné à favoriser l'embauche des chômeurs des quartiers populaires, mais au succès encore modeste après un an d'expérimentation.

Le nouveau périmètre inclut l'ensemble des quartiers politique de la ville (QPV) des Hauts-de-France, de l'Île-de-France, des Ardennes, des Bouches-du-Rhône, de la Haute-Garonne, de Maine-et-Loire, du Vaucluse, ainsi que des départements et régions d'outre-mer. Soit 430.000 demandeurs d'emplois de 738 quartiers contre 200.000 dans 194 quartiers jusqu'ici.

Lancée en avril 2018, cette expérimentation, pilotée par Pôle emploi, était limitée à six agglomérations (Lille, Aix-Marseille, Angers, Roissy, Cergy-Pontoise, Evry-Grigny) et à la Seine-Saint-Denis.

Elle repose sur une aide à l'embauche de 5.000 euros par an sur trois ans pour un CDI et de 2.500 euros sur deux ans pour des CDD d'au moins six mois.

Pour la ministre du Travail Muriel Pénicaud, ce morcellement en "bouts de territoire" était un "frein" pour faire connaître le dispositif, piloté par Pôle emploi, aux chefs d'entreprise comme aux demandeurs d'emploi.

"Ce sera plus facile de communiquer sur des départements ou des régions complètes", a-t-elle expliqué lors d'un déplacement dans une agence Pôle emploi du Val-de-Marne en compagnie de Julien Denormandie (Ville) et Annick Girardin (Outre-mer).

Au 10 mars, seuls 4.544 contrats avaient été en effet signés alors que l'exécutif s'était initialement fixé un objectif de 12 à 15.000 contrats pour 2018, et 40.000 fin 2019.

"C'est déjà dix fois plus" que les emplois francs lancés sous le quinquennat Hollande, qui avaient fait un flop en raison de critères très restrictifs, a cependant souligné Mme Pénicaud, qui table maintenant sur 20.000 bénéficiaires fin 2019.

Mais la ministre s'est réjouie d'un "succès qualitatif".

"82% des contrats signés sont des CDI - alors que l'essentiel des embauches en France passent par des CDD - et 44% concernent des chômeurs de longue durée", souvent peu qualifiés, a-t-elle souligné, estimant qu'on avait évité les effets d'aubaine.

L'aide financière "m'a permis de prendre le risque de recruter en CDI plutôt qu'en CDD", a ainsi témoigné Antony Dano Njam, qui a ouvert en décembre un restaurant à Aulnay-sous-Bois et a recruté trois emplois francs après un "job dating" organisé par Pôle emploi.

Afin de rendre cette aide plus attractive, le gouvernement prévoit par ailleurs de "poursuivre le versement de l'aide en cas de renouvellement d'un CDD ou de transformation d'un CDD en CDI", ce qui n'était pas possible jusqu'ici.

- Discrimination à l'embauche -

Dans un cas sur deux, le bénéficiaire travaille en dehors du quartier où il vit, l'aide étant attachée à la personne et non à la localisation de l'entreprise, "ce qui prouve qu'il est possible de lutter contre l'assignation à résidence", selon M. Denormandie.

Dans les quartiers prioritaires, le taux de chômage est deux fois et demi plus élevé qu'à l'échelle nationale. Et à diplôme, âge et parcours équivalents, il est plus difficile d'accéder à un emploi, une discrimination qui n'incite pas non plus à mettre en avant son quartier d'origine face à un recruteur.

Mme Girardin s'est elle félicitée de l'extension à l'outremer où "près de 25% de la population" vit en QPV, avec un chômage deux ou trois fois plus élevé qu'en métropole.

N'importe quelle entreprise ou association peut en bénéficier, mais pour l'instant seules 13% des embauches sont faites par les associations.

Pour le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel (PS), les emplois francs "n'ont pas pris le relais" de la réduction des emplois aidés auprès des associations.

Dans un courrier envoyé à Muriel Pénicaud le 15 mars, il demande ainsi à la ministre de "comparer le nombre d'emplois francs à celui des emplois aidés supprimés sur notre territoire".

Début février, devant des élus franciliens, Emmanuel Macron avait esquissé un mea culpa sur la réduction des emplois aidés, "qui a posé un vrai problème pour beaucoup d'associations et de villes".

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