Feuille blanche à Buenos Aires, l'OMC s'enfonce dans la crise

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Par AFP
Publié le 13 décembre 2017 - 21:21
Mis à jour le 14 décembre 2017 - 00:35
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Le ministre argentin des Affaires étrangères Jorge Faurie (à gauche) avec ses homologues paraguayen
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© Nelson ALMEIDA / AFP/Archives
Le ministre argentin des Affaires étrangères Jorge Faurie (à gauche) avec ses homologues paraguayen Eladio Loizaga (au centre) et brésilien Aloysio Nunes Ferreira, à l'occasion d'u
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L'Organisation mondiale du commerce (OMC) s'enfonce un peu plus dans la crise: sa conférence ministérielle se termine mercredi à Buenos Aires sans accord significatif pour le commerce mondial.

En marge des négociations à l'OMC, les discussions pour un traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur ont avancé et pourraient aboutisse début 2018.

"Nous sommes déçus. Malgré nos efforts, les membres n'ont pas réussi à sceller des accords significatifs", a admis Roberto Azevedo, le patron de l'organisation qui régule le commerce mondial, dont la Conférence ministérielle s'est déroulée de dimanche à mercredi dans la capitale argentine.

"Le multilatéralisme, ne veut pas dire avoir ce qu'on veut, mais ce qui est possible. Nous n'avons pas eu la flexibilité dont nous avions besoin", a conclu le directeur général de l'OMC, en référence à la posture inflexible des Etats-Unis.

Comme c'est la tendance depuis des années, des solutions bilatérales prennent le pas sur les accords multilatéraux, difficiles à arracher, car la culture du consensus prévaut à l'OMC.

Selon l'ONG Bloom, l'Inde a par exemple fait échouer un accord sur la pêche qui apparaissait comme le seul accord d'envergure pouvant être atteint lors de la 11e conférence ministérielle. Un engagement a cependant été pris par les membres de l'OMC pour avancer sur cette question sensible d'ici 2019.

- "Malaise" à l'OMC -

"Buenos Aires doit sonner le réveil des consciences. Le résultat n’est pas satisfaisant. Il y a un malaise de l’institution. Le statu quo n’est plus possible (...) L’Europe a une carte à jouer, l’UE doit être une force de proposition", a déclaré le secrétaire d'Etat français chargé du Commerce extérieur, Jean-Baptiste Lemoyne.

La réunion de Buenos Aires a été marquée lundi par une nouvelle attaque de Washington contre l'OMC.

"Nous sommes inquiets, l'OMC est en train de perdre son objectif essentiel et devient une organisation axée sur les litiges", a regretté le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer. Son pays est en passe de paralyser l'organe de résolution des différends (ORD).

L'UE et la Chine se sont aussitôt mobilisées pour voler au secours de l'OMC fragilisée.

"Des Etats ont fait des constats, les réponses qu’ils apportent, je pense aux USA, peuvent précipiter une mort lente de l’institution", a alerté le ministre français.

Le représentant américain a claqué la porte des négociations et a quitté l'Argentine un jour avant la fin des travaux.

Mardi, l'UE, le Japon et les Etats-Unis se sont unis pour lancer un rappel à l'ordre à la Chine, vilipendant sa politique d'octroi de subventions, qui provoque une situation de concurrence déloyale, et l'exigence de transferts de technologie aux entreprises étrangères souhaitant s'y implanter.

- UE optimiste -

Les pourparlers en vue d'un accord de libre-échange UE-Mercosur "ont progressé". "Le compte n’y est pas tout à fait. Il y a encore du travail à accomplir. La négociation va se poursuivre à partir de janvier", a expliqué Jean-Baptiste Lemoyne.

Ce n'est plus qu'une affaire de semaines", a abondé la commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmstrom.

Les négociations entre l'UE et le Mercosur, Marché commun du sud (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), ont débuté dans les années 1990. Les réticences pour les Européens portent sur l'ouverture aux produits agricoles sud-américains et à l'éthanol.

Les pays sud-américains redoutent que leur industrie ne puisse pas soutenir la concurrence avec les produits manufacturés européens.

Selon le chef de la délégation française à la conférence de l'OMC, "des avancées ont été enregistrées, mais il y a encore des progrès à faire sur les normes sanitaires".

Les Argentins rêvaient d'un accord à Buenos Aires cette semaine, mais Bruxelles n'a pas cédé.

"Des Etats membres font primer la substance sur le calendrier. Il vaut mieux prendre le temps de signer un bon accord, plutôt que de se retrouver avec des difficultés de ratification", a souligné Jean-Baptiste Lemoyne.

Selon Isolda Agazzi, d'Alliance Sud, qui regroupe des ONG suisses, la conférence "a ignoré les sujets d'importance pour les pays en développement, les sujets du cycle de Doha, sur l'agriculture et la pêche, ou sur le stockage public pour la sécurité alimentaire".

L'agenda de Doha, serpent de mer de l'OMC, a pour but de réduire les barrières douanières, avec des bénéfices particuliers pour les pays en voie de développement.

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