GB : la fusion entre Sainsbury's et Asda a du plomb dans l'aile

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Par Jean-Baptiste OUBRIER - Londres (AFP)
Publié le 20 février 2019 - 11:05
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Le gendarme de la concurrence britannique s'inquiète d'une fusion entre les chaînes de supermarchés Sainsbury's et Asda
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© Oli SCARFF / AFP/Archives
Le gendarme de la concurrence britannique s'inquiète d'une fusion entre les chaînes de supermarchés Sainsbury's et Asda
© Oli SCARFF / AFP/Archives

La fusion entre les chaînes de supermarchés Sainsbury's et Asda au Royaume-Uni a désormais du plomb dans l'aile après les sérieux doutes émis par le gendarme de la concurrence craignant que les consommateurs ne soient perdants.

L'autorité britannique de la concurrence (CMA) a dévoilé mercredi dans un communiqué les premières conclusions sans concession de son enquête sur cette fusion, censée créer le numéro un du secteur et détrôner le géant Tesco.

Le CMA ne cache pas ses réserves et a fait part de "craintes importantes".

Le rapprochement pourrait augmenter les prix dans les magasins et les stations-service, ou encore réduire l'offre et la qualité de produits proposés aux consommateurs. Ces derniers pourraient être particulièrement pénalisés dans les zones où les magasins des deux enseignes sont très proches.

"Il est de notre responsabilité de mener une évaluation complète de l'opération afin de nous assurer que la concurrence reste suffisante dans le secteur et que les consommateurs ne soient pas perdants", a déclaré Stuart McIntosh, qui dirige l'enquête sur ce projet.

La CMA va désormais laisser la possibilité aux deux groupes de répondre d'ici le 13 mars avant de publier sa décision finale, le 30 avril au plus tard.

L'autorité prévient toutefois qu'il va leur être difficile de trouver les solutions adéquates et n'exclut pas in fine de devoir interdire le projet.

Une des solutions évoquées par la CMA, présidé par le respecté et redouté Andrew Tyrie, serait pour Sainsbury's et Asda de céder de nombreux magasins ou d'autres actifs.

Les investisseurs redoutent quant à eux un échec de la fusion, envoyant au tapis le titre de Sainsbury's. Ce dernier s'effondrait de 15,39% à 243,60 pence vers 12H30 GMT à la Bourse de Londres, qui était par ailleurs en hausse.

- Secteur ultra-concurrentiel -

"Les mots utilisés dans l'annonce de la CMA sous-entendent que la fusion va être bloquée", estime Russ Mould, analyste chez AJ Bell.

"Sainsbury's va sans doute se battre puisque sa propre activité a besoin de l'opération avec Asda pour se relancer. Mais on peut se demander si cela vaut le coup et si la direction ne devrait pas simplement laisser tomber", selon lui.

Le syndicat GMB appelle quant à lui à l'abandon de la fusion, qui pourrait menacer des milliers d'emplois dans les magasins ou les fonctions administratives.

Dans des communiqués distincts, Sainsbury's et Asda ont délivré le même message, se disant en total désaccord avec les conclusions provisoires du gendarme de la concurrence et déclarant vouloir défendre le projet dans les prochaines semaines.

Les enseignes assurent que leur alliance permettra de réaliser des économies importantes, qui pourront se traduire par des baisses de prix dans les magasins.

"Nous sommes surpris que le CMA s'oppose à la possibilité de mettre de l'argent directement dans les poches des consommateurs, en particulier en cette période d'incertitude économique", soulignent Sainsbury's et Asda, en référence au Brexit.

Sainsbury's, numéro deux du secteur britannique, et Asda, numéro trois du secteur et filiale britannique du géant américain Walmart, ont annoncé fin avril ce projet d'alliance, qui permettrait au nouveau groupe d'égaler en taille, voire de dépasser, le leader historique de la distribution britannique, Tesco.

Ce projet, censé aboutir au second semestre, ressemble dans les faits à un rachat d'Asda par Sainsbury's, la nouvelle entité pouvant être valorisée plus de 13 milliards de livres.

Les deux groupes avaient pensé pouvoir baisser leurs tarifs d'environ 10% sur "de nombreux produits" et réaliser des synergies de 500 millions de livres de bénéfice brut opérationnel (Ebitda).

Cette fusion intervient dans un secteur de la distribution en plein bouleversement et ultra-concurrentiel au Royaume-Uni avec l'essor des enseignes de maxi-discompte Lidl et Aldi, qui ne cessent de gagner des parts de marché au détriment des acteurs historiques.

Les distributeurs doivent composer par ailleurs avec l'entrée sur leur marché du géant américain Amazon, qui a mis la main sur les magasins bio Whole Foods présents au Royaume-Uni, notamment dans la livraison à domicile.

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