Grèce : émission obligataire réussie, un nouveau pas vers la normalité

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Par Odile DUPERRY - Athènes (AFP)
Publié le 08 février 2018 - 19:35
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Le Premier ministre grec Alexis Tsipras le 23 novembre 2017 à Paris
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© Martin BUREAU / AFP/Archives
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras le 23 novembre 2017 à Paris
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Athènes a réussi jeudi une nouvelle incursion sur les marchés obligataires, un pas supplémentaire vers le retour à la normalité, salué par le commissaire européen Pierre Moscovici.

"Une forte demande", s'est félicité le Premier ministre Alexis Tsipras avant la clôture des opérations: selon le ministère grec des Finances, l'obligation à sept ans proposée aux marchés jeudi, pour un montant de trois milliards d'euros, s'est arrachée, avec quelque sept milliards d'euros de demande.

L’État hellénique a ainsi pu réaliser l'opération à 3,5%, a-t-il ajouté, moins cher que les 3,75% envisagés au départ.

L'opération a été saluée par le ministre des Finances, Euclide Tsakalotos : "aujourd'hui nous avons prouvé que nous sommes capables non seulement de lever de l'argent mais de le faire dans des conditions idéales", a-t-il relevé.

En visite à Athènes, le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a renchéri: "que la Grèce puisse retourner sur les marchés dans de bonnes conditions juste après les turbulences (de début de semaine sur les places boursières, ndlr) est bon signe, ça prouve qu'il y a désormais de la confiance dans le crédit grec, et que tout le monde voit à quel point la situation du pays s'est améliorée".

M. Moscovici s'est montré optimiste devant la presse, délivrant "un message d'espoir" à l'issue d'une rencontre avec les dirigeants grecs dans l'après-midi.

- 'Moment historique' -

"Pour le peuple grec la crise est désormais derrière (...) et nous pouvons travailler en vue d'une issue réussie du programme cet été", a-t-il relevé.

Après trois programmes de prêts (2010, 2012, 2015) imposés par ses créanciers en échange de réformes particulièrement dures pour la population, la Grèce est en effet en voie de retrouver sa liberté.

"Mon but est que la Grèce redevienne un pays +normal+ avec ses droits et ses devoirs", a souligné le commissaire européen.

Avant cela, elle devra encore "finaliser de dernières mesures pour achever la troisième revue" de l'actuel programme, "et se préparer attentivement pour la quatrième", a énoncé M. Moscovici.

"La Grèce a fait 80-90% du chemin", mais "il faut faire son travail jusqu’au bout, les derniers mètres sont très importants", a-t-il mis en garde.

Il a espéré que l'Eurogroupe de Luxembourg fin juin serait l'occasion de constater l'achèvement du programme, ce qui serait "un moment historique".

Cet épilogue, a-t-il insisté, devra aussi inclure "un accord sur comment gérer les mesures à moyen terme" d'allègement de la dette grecque. La France a préconisé un mécanisme liant l'allègement à la croissance.

La Grèce doit également prendre des engagements pour l'après-programme, "mais il ne s'agira pas d'un quatrième programme", a-t-il martelé, rappelant qu'après avoir été également secourus pendant la crise en échange de réformes, l'Irlande, le Portugal ou Chypre "vivent aujourd'hui librement, tout en respectant leurs engagements".

Les trois milliards d'euros levés jeudi serviront à abonder la "réserve" que le pays doit se constituer pour prévenir tout accroc quand il devra de nouveau se financer seul sur les marchés, à l'expiration du programme actuel en août.

- Succès -

Ce nouveau test financier, sur une maturité longue, jamais testée depuis 2010, intervient après deux premières incursions récentes sur les marchés obligataires de la Grèce d'Alexis Tsipras : une obligation de trois milliards d'euros sur cinq ans en juillet, et un swap (échange) portant sur 30 mds d'euros d'obligations existantes en novembre.

Considérées comme des succès, ces opérations étaient les premières depuis deux autres réalisées en 2014 sous le gouvernement du conservateur Antonis Samaras.

Les trois milliards doivent s'ajouter à une ligne de crédit de quelque 8 à 10 milliards d'euros prévue par les créanciers du pays pour amortir sa sortie de perfusion financière, a récemment indiqué Klaus Regling, le président du Mécanisme européen de stabilité.

L'objectif, selon lui, est de couvrir "plus de la moitié des besoins de financement" du pays en 2019.

Selon la presse financière grecque, le gouvernement prévoit d'ici août deux autres émissions d'obligations, à trois et à dix ans.

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