Allemagne : série de grèves dans la fonction publique

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Par AFP - Berlin
Publié le 09 avril 2018 - 15:50
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Logo Lufthansa au siège de la compagnie à Francfort le 17 mars 2017
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© DANIEL ROLAND / AFP/Archives
Le géant allemand de l'aviation Lufthansa va annuler mardi "plus de 800 vols", soit un avion sur deux, en raison de grèves touchant quatre aéroports allemands pour les salaires des contractuels de la fonction publique.
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Plusieurs syndicats allemands de la fonction publique ont appelé lundi à des "grèves d'avertissement" qui devraient toucher dès mardi quatre grands aéroports et plusieurs villes et régions allemandes, pour peser sur les négociations en cours sur les salaires.

Les débrayages prévus aux aéroports de Francfort - plus grande plateforme du pays -, Munich, Cologne et Brême, contraignent le géant allemand de l'aviation Lufthansa à annuler "plus de 800 vols", soit un avion sur deux, affectant "environ 90.000 passagers".

L'aéroport de Francfort s'attend de son côté à des "retards conséquents" en plus des "annulations de vols".

Des grèves sont aussi prévues pour les transports en commun, les crèches, le ramassage des ordures et les hôpitaux de plusieurs villes et régions, dont Berlin, la Bavière et la Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

"Entre les 10 et 13 avril, il faut s'attendre à des grèves massives dans toutes les régions", a annoncé le principal syndicat de la fonction publique Verdi, qui compte "augmenter la pression" avant la dernière des trois séries de négociations salariales du secteur, prévue les 15 et 16 avril.

- 'Partager la croissance' -

Les principaux syndicats du secteur public (Verdi, GEW et DBB) exigent une hausse de 6% des salaires et veulent que cette augmentation se traduise par au moins 200 euros de plus par mois pour les 2,3 millions de contractuels de la fonction publique employés par l'Etat fédéral et les communes.

Ils surfent sur la récente victoire d'IG Metall, le puissant syndicat allemand de la métallurgie, vaste branche comprenant notamment l'automobile, qui a arraché début février un accord inédit sur le droit à la semaine de 28 heures -pour une durée limitée- et une hausse des salaires de 4,3%, après avoir exigé initialement 6%.

"L'économie est en expansion et les recettes fiscales de l'Etat et des communes n'ont jamais été aussi élevées", justifie Frank Bsirske, responsable de Verdi, appelant à "partager la croissance".

Le ministère de l'Intérieur, qui négocie au nom de l'Etat, estime que la revendication de 6% est "clairement trop élevée et impossible à réaliser".

"Malgré les bonnes conditions économiques, l'Etat fédéral et les communes doivent encore réduire leur endettement", fait-il valoir.

"Malgré des rapprochements sur certaines questions, de grands différends persistent, notamment sur le montant minimum, mais nous espérons qu'il n'y aura pas de grèves massives", avait déclaré le secrétaire d'Etat Hans-Georg Engelke à la sortie de la deuxième série de négociations, le 13 mars.

- Stimuler l'inflation -

Les "grèves d’avertissement" -débrayages coordonnés de quelques heures- accompagnent traditionnellement en Allemagne le début ou le milieu des négociations salariales menées de manière saisonnière à l'expiration de chaque accord de branche. En cas de blocage plus persistant, les syndicats ont ensuite recours à la grève dite "dure".

"L'ère de la modération salariale", l'une des clés de la compétitivité allemande depuis la Réunification au détriment de ses voisins européens, est bel et bien "révolue", constataient en novembre les "Sages", un forum d'économistes conseillant le gouvernement allemand.

Les salaires allemands ont déjà progressé "plus vite que la productivité horaire" depuis six ans, soulignaient-ils, mais le mouvement s'est accéléré ces deux dernières années, à mesure que la croissance et le chômage historiquement bas, descendu à 5,4% en janvier, rendaient aux syndicats leur pouvoir de négociation.

Et la fiche de paie des Allemands intéresse bien au-delà de leurs frontières, tant les partenaires internationaux de Berlin multiplient les appels à réduire l'énorme excédent courant du pays et à redistribuer du pouvoir d'achat.

L'évolution des salaires est par ailleurs scrutée par la Banque centrale européenne, qui peine toujours à voir l'inflation en zone euro rejoindre son objectif, malgré la solidité de la conjoncture censée stimuler les prix.

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