Hu Keqin : "Nous prenons un soin extrême de nos terres" en France

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Par Julien GIRAULT - Pékin (AFP)
Publié le 23 février 2018 - 13:14
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Les terres achetées par le Chinois Hu Keqin à Thiel-sur-Acolin dans l'Allier, le 19 janvier 2018
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© Thierry Zoccolan / AFP
Les terres achetées par le Chinois Hu Keqin à Thiel-sur-Acolin dans l'Allier, le 19 janvier 2018
© Thierry Zoccolan / AFP

Quatre ans après avoir acheté ses premières terres céréalières en France, le milliardaire chinois Hu Keqin tente de déminer les inquiétudes, dans une interview à l'AFP.

Q. Pourquoi avoir racheté des terres agricoles en France?

Nous voulons faire de la Chine un marché pour le pain à la française et ces terres sont au service de cet objectif: nous venons d'ouvrir un premier magasin à Pékin et nous visons 1.500 boulangeries dans tout le pays d'ici cinq ans, proposant des pains préparés avec de la farine importée de France.

Le marché sera tel que la petite surface que nous cultivons (en France) ne suffirait pas à répondre à la demande! En réalité, nous avons un accord avec la coopérative agricole française (Axéréal) pour qu'elle gère nos récoltes et c'est elle qui nous fournit nos farines.

Mais en étant nous-mêmes présents à chaque étape de la chaîne de production, l'idée est de mieux comprendre la filière blé et d'être mieux placés pour apporter des garanties de sécurité alimentaire: c'est un souci d'une importance cruciale pour les consommateurs chinois.

Q. Que répondez-vous aux craintes suscitées par ces acquisitions ?

Nous avons acheté ces terres au prix du marché, sans débourser de prix excessif. Nous y avons un rendement élevé, nous en prenons un soin extrême, par exemple en finançant des travaux de drainage s'ils s'imposent, et pour les cultiver, nous faisons uniquement appel à des Français.

De nombreux investisseurs étrangers achètent des terres en France: sommes-nous si différents des Allemands ou des Anglais, est-ce que nous n'encourageons pas comme eux le développement économique local?

Le gouvernement français a très bien compris qu'il s'agissait surtout de promouvoir le pain de France en Chine et nous a apporté un solide soutien.

Nous avons été constamment en contact avec l'ambassade de France à Pékin, dont le conseiller agricole a assisté à l'inauguration de notre première boulangerie. Nous avons eu une communication spécifique avec le ministère de l'Agriculture et des échanges avec les collectivités territoriales.

Nous consolidons les ponts de la coopération économique franco-chinoise.

Je signale également que Reward Group a racheté l'an dernier la société provençale Le Chatelard 1802 (fabricant de savons et parfums à la lavande, dans le sud-est de la France, NDLR). Nous avons réalisé une montée en gamme et élargi les débouchés à la Chine, et on se prépare à en renforcer les capacités de production.

Q. Au pays du riz, les repas ne s'accompagnent pas de pain. Comment séduire les Chinois?

En Chine, quand on parle de boulangeries, il y a d'une part les brioches fourrées et gâteaux et, d'autre part, le pain comme aliment de base à manger lors d'un repas -- un peu à la manière des mantou (petits pains à la vapeur typiques du nord de la Chine).

Nous voulons que le pain à la française (baguette, pain de campagne...) s'impose! Le potentiel est immense, je mise sur la génération des jeunes nés dans les années 1980 et 1990, férus de voyages, et sur les enfants, mais aussi sur les générations plus âgées dont les habitudes alimentaires évoluent.

Il sera simple de nous distinguer des boulangeries existantes: nous sommes les seuls à proposer des pains au goût authentique, non seulement avec de la farine française mais aussi du savoir-faire français. Nous allons ouvrir cette année une école spécifique où des artisans de France formeront nos boulangers.

(Propos recueillis par Julien GIRAULT)

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