Amende contre le laboratoire Janssen France pour "dénigrement" de médicament générique

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Par AFP - Paris
Publié le 20 décembre 2017 - 11:12
Mis à jour le 03 janvier 2018 - 13:36
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Emmanuelle Quiles, présidente de Janssen France, filiale du groupe américain Johnson & Johnson, le 3
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Emmanuelle Quiles, présidente de Janssen France, filiale du groupe américain Johnson & Johnson, le 30 novembre 2017 à Val-de-Reuil, en Normandie, où se trouve le site de recherche
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L'Autorité de la concurrence a sanctionné mercredi le laboratoire pharmaceutique Janssen France et sa maison mère américaine Johnson and Johnson à hauteur de 25 millions d'euros pour "dénigrement" de médicament générique à partir de 2007.

Janssen France est intervenu auprès de l'AFSSAPS (ancêtre de l'Agence nationale de sécurité du médicament) et auprès des professionnels de santé pour "empêch(er) puis limit(er) le développement des médicaments génériques de Durogésic", un puissant antalgique qu'il commercialisait, explique l'Autorité dans son communiqué.

Cette opération faisait partie d'une "stratégie globale" prévue dès 2005, année d'expiration du brevet du médicament, avec notamment l'organisation d'une réunion interne intitulée "Team ANTI-Génériques Durogésic", selon des documents saisis.

"Nous contestons fermement tant les déclarations contenues dans le communiqué de presse de l'Autorité de la concurrence publié ce jour que (son) analyse", a réagi le laboratoire dans un communiqué, indiquant "étudier les options juridiques possibles".

Janssen peut décider de faire appel, mais celui-ci ne sera pas suspensif.

La sanction infligée à Johnson and Johnson découle d'une plainte engagée en 2009 par le laboratoire Ratiopharm (racheté par Teva).

En octobre 2007, la Commission européenne avait approuvé la demande de "reconnaissance mutuelle" de Ratiopharm, obligeant les pays européens à délivrer une autorisation de mise sur leurs marchés nationaux de son générique dans les 30 jours.

Janssen était alors intervenu de manière "répétée et juridiquement infondée" auprès de l'AFSSAPS afin de convaincre l'autorité de santé de "refuser l'octroi au niveau national du statut de génériques aux spécialités concurrentes de Durogésic", a détaillé l'Autorité dans un communiqué.

Cette action a abouti à retarder l'autorisation d'un an.

- "Commando" de visiteurs médicaux -

La filiale de Johnson and Johnson a ensuite organisé une opération de "dénigrement de taille massive", afin d'encourager les professionnels de santé à prescrire ou dispenser le Durogésic, au détriment des génériques.

Pour cela, Janssen a notamment mis en place un "commando" de 300 visiteurs médicaux et a organisé des "entretiens confraternels" auprès de plus de la moitié des pharmacies françaises.

A travers ces dispositifs, le laboratoire a diffusé "un discours trompeur de nature à instiller le doute", notamment "en déformant" la portée d'une mise en garde que l'AFSSAPS avait énoncée vis-à-vis des génériques, a estimé l'instance.

Ces actions "répréhensibles", selon l'Autorité, ont "eu des effets importants" puisque selon une étude de Janssen, 83% des pharmaciens interrogés avaient mémorisé "les risques liés" à l'utilisation de générique.

En 2009, soit un an après leur autorisation, les taux de pénétration des génériques sur le marché n'étaient que de 8,81% en ville et de 11,78% à l'hôpital, des chiffres inférieurs aux prévisions de Janssen.

Au-delà des conséquences pour les laboratoires concurrents, cette action a occasionné des "dommages à l'économie" car le Durogésic étant plus cher, sa vente s'est traduite par un surcoût pour l'Assurance maladie.

En plus de la sanction financière, l'institution a enjoint le laboratoire à publier la condamnation dans la presse spécialisée.

L'Autorité de la concurrence avait, en 2013, déjà sanctionné deux laboratoires pour les mêmes motifs: Sanofi, à hauteur de 40,6 millions d'euros, et une filiale de l'américain Merck à hauteur de 15,3 millions d'euros.

En 2016, Johnson and Johnson avait réalisé un bénéfice net de 16,54 milliards de dollars.

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