La BCE devrait temporiser face aux craintes de guerre commerciale

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Par Jean-Philippe LACOUR - Francfort (AFP)
Publié le 07 mars 2018 - 18:30
Mis à jour le 08 mars 2018 - 06:32
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Alors que les craintes d'une guerre commerciale déclenchée par Washington tétanisent les marchés, la Banque centrale européenne devrait s'accorder un sursis jeudi avant d'amorcer la fin de son vaste soutien à l'économie.

L'Union européenne s'est dite prête mercredi à riposter aux menaces du président américain Donald Trump de frapper de fortes taxes les importations d'acier, d'aluminium voire d'automobiles aux Etats-Unis.

De son côté, la BCE ne devrait pas pouvoir aller au-delà d'une intervention verbale de son président Mario Draghi, qui s'exprimera devant la presse à compter de 13H30 GMT, après le statu quo attendu de sa politique monétaire.

Le banquier central devrait mettre une nouvelle fois en garde contre le protectionnisme et ses risques pour la croissance mondiale, comme en août dernier lors du séminaire de la Réserve fédérale américaine de Jackson Hole.

Mais cela ne suffira sans doute pas à ramener le calme sur les marchés financiers, alors que les Bourses mondiales perdent du terrain et que le dollar s'affaiblit face à l'euro, en voyant que M. Trump réitère ses menaces. La démission mercredi de Gary Cohn, l'un de ses principaux conseillers économiques, n'a guère apaisé les esprits.

- Inflation atone -

"Cette démission est un signe que de premières mesures punitives américaines pourraient suivre. Le commerce mondial va devoir s'acclimater à un élan protectionniste", a estimé mercredi Joachim Schallmayer, économiste chez DekaBank, lors d'un point presse à Francfort.

Déjà en janvier, le premier gardien de l'euro avait dû vertement réagir aux déclarations de l'administration américaine en faveur du dollar faible, mais les propos du banquier italien n'avaient pas empêché la monnaie unique de remonter à 1,25 dollar, son niveau le plus élevé depuis mi-décembre 2014.

Cotant mercredi autour d'1,24 dollar, l'euro fort reste un sujet de préoccupation pour la BCE, car cela influe directement sur l'inflation, qui est son principal objectif.

La BCE s'est montrée optimiste ces derniers mois sur la croissance en zone euro, mais l'hypothèse d'une guerre commerciale entre Washington et ses grands partenaires économiques pourrait brouiller les cartes et influer sur le cours encore très expansionniste de sa politique monétaire.

D'autant que l'évolution des prix en zone euro, pointée à 1,2% en février en rythme annuel, demeure très éloignée du niveau "proche mais légèrement inférieur" à 2% visé par l'institution.

Sauf immense surprise, les taux directeurs seront maintenus jeudi au plus bas et le vaste programme de rachats d'actifs, baptisé "QE", sera confirmé jusqu'en septembre à un rythme diminué de moitié depuis janvier, soit 30 milliards d'euros par mois.

- Colombes majoritaires -

Toute la question est de savoir quand l'institution de Francfort durcira le ton face à une conjoncture toujours solide en zone euro, que devrait confirmer le nouveau train de prévisions dévoilé jeudi.

L'inflation devrait rester trop faible pour la BCE "cette année et en 2019, en dépit de hausse de salaires un peu plus fortes en 2018, car les capacités de production sont loin d'être utilisées à plein", estime Alexander Aldinger, économiste chez BayernLB.

La BCE sera certes contrainte de préciser tôt ou tard le calendrier des mesures de sortie de sa politique monétaire ultra-accommodante, en abandonnant d'abord le "QE" puis, "bien après", en relevant ses taux. Mais depuis plusieurs mois, l'institution se déchire sur la vitesse d'application de ce plan.

Les "colombes", majoritaires au sein du conseil des gouverneurs, prônent la poursuite d'un ample soutien à l'économie et devraient à nouveau l'emporter jeudi sur les "faucons", qui pressent l'institution de durcir le ton.

Si la BCE devait envoyer un signal jeudi, ce serait en renonçant à augmenter les achats d'actifs "en termes de taille et/ou de durée", prédit Frederik Ducrozet, économiste chez Pictet Asset Management. En d'autres termes, la BCE se priverait de la possibilité de redonner de la vapeur sur le QE en cas de choc économique.

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