La pollution de l'air, encore plus "grave" pour les plus pauvres

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Par AFP - Copenhague
Publié le 31 mars 2019 - 10:44
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Hans Bruyninckx, patron de l'Agence européenne pour l'environnement (AEE), le 20 octobre 2015 à Bruxelles
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© EMMANUEL DUNAND / AFP/Archives
Hans Bruyninckx, patron de l'Agence européenne pour l'environnement (AEE), le 20 octobre 2015 à Bruxelles
© EMMANUEL DUNAND / AFP/Archives

Charbon, vieilles voitures, chauffage au bois... Le "grave problème" de la pollution de l'air en Europe touche encore davantage les plus pauvres, malgré une amélioration en 30 ans, explique à l'AFP Hans Bruyninckx, le patron de l'Agence européenne pour l'environnement (AEE).

Q. Quelle est la situation de la pollution de l'air en Europe ?

R. "Ces trois dernières décennies, la qualité de l'air en Europe s'est améliorée. (Les chiffres concernant) presque tous les polluants que nous surveillons se sont améliorés et, dans certains cas, de façon radicale. Cela a été permis par les politiques européennes qui ont été traduites au niveau national.

Mais nous avons toujours un grave problème. Si vous regardez nos estimations de plus de 400.000 morts prématurées (480.000 par an dans l'UE, ndlr), évidemment la situation n'est pas bonne.

C'est lié en premier lieu aux voitures, au système de mobilité et au système énergétique. Il y a des régions en Europe qui ont encore beaucoup de charbon dans le mix énergétique et des villes où les gens se chauffent au charbon ou au bois".

Q. Est-ce que la voiture électrique est une piste pour améliorer la situation dans les transports ?

R. "Nous aurions eu des progrès plus importants si nous avions avancé plus vite vers un système de mobilité différent (et non vers) plus de voitures sur la route. Cela montre que c'est aussi une question de comportement.

Si on veut un système de mobilité durable, je pense que nous aurons toujours besoin d'options de mobilité individuelle, donc de véhicules individuels. Mais dans ce cas, il faudrait des véhicules zéro émission, à batterie électrique ou à hydrogène (...) et bien sûr cette électricité doit être produite par des énergies renouvelables.

Mais tout cela fait partie d'un système. Si à Bruxelles, rue de la Loi (un axe important de circulation, ndlr), nous sommes tous dans des voitures électriques, on sera toujours coincé dans les embouteillages, donc ce n'est pas une solution pour le système de mobilité. Cela doit nous faire réfléchir par exemple à la question de la propriété : ai-je besoin de posséder une chose qui pèse deux tonnes, que j'utilise 6% du temps avec en moyenne 1,2 personne dans la voiture ? Ou ai-je besoin d'avoir un accès facile à un véhicule ?"

Q. Vous avez récemment publié un rapport qui montre les inégalités en matière de pollution de l'air. Pourquoi les plus pauvres en sont-ils plus victimes ?

R: "Cela commence par la pollution de l'air intérieur, dont nous parlons peu en Europe: les pauvres tendent à vivre dans des maisons avec une qualité de l'air limitée. La deuxième chose est qu'ils vivent dans des quartiers plus proches des routes principales, près d'installations industrielles.

Et dans les parties les plus pauvres de l'Europe, les gens vivent avec un système énergétique plus polluant, ils conduisent souvent des voitures plus vieilles et plus polluantes. Tout cela s'additionne.

Pour s'attaquer à cette question, il faut prendre au sérieux le concept de transition juste, de justice environnementale. Ce n'est pas seulement un concept éthique, cela requiert d'importantes actions politiques.

Vous pouvez par exemple écarter la circulation de ces quartiers, installer les écoles à l'écart des routes principales (...) Une partie des problèmes peut être atténuée par les espaces verts."

Propos recueillis par Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS

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