Lactalis : la commission d'enquête livre mercredi ses recommandations

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Par Emmanuelle TRECOLLE - Paris (AFP)
Publié le 16 juillet 2018 - 10:12
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Le siège de Lacatlis à Laval le 17 janvier 2018
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© JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP/Archives
Fin 2017, 36 nourrissons ont été atteints de salmonellose après avoir bu un lait infantile produit par Lactalis dans son usine de Craon en Mayenne
© JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP/Archives

La commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Lactalis dévoilera mercredi ses préconisations pour remédier aux dysfonctionnements apparus après la contamination à la salmonelle de 36 nourrissons ayant bu du lait infantile du géant laitier.

Acteurs de l'administration, de la grande distribution, de l'agroalimentaire, du monde agricole ainsi que des ministres ont témoigné au cours des quatre mois d'enquête, tout comme le patron de Lactalis, longtemps réticent à venir s'expliquer.

Début juin, Emmanuel Besnier a essayé de justifier, pied à pied devant les membres de la commission, sa gestion de l'affaire dans une atmosphère tendue, ne concédant qu'un "accident" dans la survenue de cette crise.

"C'est un accident, il n'y a pas de responsabilité de personnes à l'intérieur de l'usine", avait assuré M. Besnier.

Tant la recherche de salmonelles dans l'usine de Craon (Mayenne), rendue publique en décembre 2017, que le processus chaotique de retrait des laits des circuits de distribution ont prêté le flanc à la critique. Ils devraient donc susciter des propositions chez les parlementaires.

-Le précédent de 2005 -

Lactalis avait ainsi trouvé deux fois des traces de salmonelles dans l'environnement de l'usine lors de contrôles internes en août et novembre 2017. Mais la législation n'oblige les industriels à prévenir les pouvoirs publics que si des salmonelles sont trouvées directement dans les produits.

Les services de l'Etat ont eux expliqué que les prélèvement réalisés par l'administration de 2005 à 2017 ne "visaient pas la recherche d'agents pathogènes type salmonelles".

Pourtant, en 2005, une épidémie de salmonellose était déjà partie de cette même usine, qui n'appartenait pas encore à Lactalis. La même bactérie de type salmonella agona était en cause, et avait contaminé 146 nourrissons.

Lors des auditions, la piste d'une unification des contrôles, actuellement séparés entre le ministre de l'Agriculture pour l'amont (élevage, etc.) et Bercy pour l'aval (distribution) a été évoquée, mais le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, s'y est dit opposé.

Le processus de rappel/retrait des produits a lui, mis en exergue de nombreux dysfonctionnements, s'étant déroulé en plusieurs phases et via une communication erratique.

"Apprendre, pour deux des rappels, l'information par un communiqué de Bercy, c'est atypique, apprendre par un communiqué de Bercy la fermeture de l'usine de Craon, c'est atypique, (...) ne pas arriver à communiquer dans de bonnes conditions les motifs de retraits, c'est atypique", a ainsi détaillé le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, auditionné devant cette même commission fin mai.

Intermarché a assuré de son côté que le premier rappel de produits portait sur un risque de gastroentérite et non de salmonelles.

- Redémarrage de la production -

Six mois après cette crise, Lactalis a pu reprendre la production de lait infantile début juillet, "sans commercialisation pour le moment et sous contrôle des services d'inspection", selon la direction générale de l'Alimentation (DGAL),

Le préfet a autorisé à nouveau l'utilisation de la tour de séchage numéro 2 et des lignes de conditionnement pour produire de la poudre de lait infantile, cependant, la tour de séchage numéro 1 du site, qui avait été contaminée par les salmonelles, est pour sa part définitivement fermée.

Malgré les précautions du ministère comme de l'industriel et les garanties sur les contrôles avant commercialisation, l'association de consommateurs Foodwatch qui a porté plainte en février s'est déclarée "choquée" d'une telle décision.

"C'est le règne de l'impunité de décider de la réouverture de l'usine alors que ni les conclusions de l'enquête préliminaire judiciaire ni celles de l'enquête parlementaire ne sont encore connues", a déclaré à l'AFP Karine Jacquemart, directrice générale de Foodwatch.

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