Le FMI voit la zone euro plombée par l'Allemagne et l'Italie

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Par Coralie FEBVRE - Berlin (AFP)
Publié le 09 avril 2019 - 17:10
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La chancelière allemande Angela Merkel lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre irlandais Leo Varadkar à Dublin le 4 avril 2019, après des discussions sur le Brexit.
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© PAUL FAITH / AFP
La chancelière allemande Angela Merkel lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre irlandais Leo Varadkar à Dublin le 4 avril 2019, après des discussions sur le Brexit
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Le Fonds monétaire international a nettement abaissé mardi ses prévisions de croissance pour la zone euro, qui voit son moteur allemand donner de sérieux signes de faiblesse pendant que l'Italie semble promise à la stagnation.

L'union monétaire devrait voir son produit intérieur brut croître de seulement 1,3% cette année, après 1,8% l'an dernier, alors que le FMI attendait une décélération plus modeste à 1,6% lors de son dernier pronostic de janvier.

La dégradation doit beaucoup à deux poids lourds de la région: l'Allemagne, dont la croissance devrait ralentir à 0,8%, et l'Italie, attendue à seulement +0,1%, soit deux révisions de 0,5 point par rapport à janvier.

La France (+1,5%, -0,2 point) voit s'essouffler le mouvement social des "gilets jaunes" qui avait perturbé son économie fin 2018, et l'Espagne (+2,5%, -0,1 point) continue à croître plus vite que ses voisins.

Pour l'Allemagne, qui collectionnait taux de croissance élevés et excédents budgétaires et commerciaux ces dernières années, le FMI cale son pronostic sur celui du gouvernement et des économistes du pays.

Loin de s'évaporer avec l'année nouvelle, les "facteurs temporaires" qui avaient secoué l'industrie allemande en fin d'année dernière s'avèrent plus durables que prévu, constate l'institution.

- Dette italienne -

Certes, la sécheresse historique qui avait compromis les livraisons fluviales de la chimie s'est résorbée, et les constructeurs automobiles ont fini par intégrer les nouvelles normes européennes antipollution à leurs chaînes de montage.

Mais la "faible demande étrangère", liée au ralentissement généralisé, met à rude épreuve les entreprises allemandes très exposées à l'export, transformant en boulet conjoncturel le principal atout du pays depuis les années 2000.

L'Allemagne peut en revanche compter sur une solide consommation intérieure, portée par un chômage historiquement bas (4,9%), qui établit un rapport de force favorable aux syndicats et pousse les salaires à la hausse.

La situation est bien différente en Italie, entrée en récession technique fin 2018 en alignant deux trimestres consécutifs de recul de son PIB, et qui souffre d'une demande intérieure déprimée.

Bombe à retardement pour la zone euro, la dette publique italienne représente par ailleurs 130% du PIB du pays, et son gouvernement populiste a bataillé à l'automne avec Bruxelles avant d'accepter de revoir à la baisse sa prévision de déficit.

Compte tenu de ce tableau d'ensemble, "la politique monétaire devra rester accommodante" en zone euro "tant que l'inflation n'aura pas donné des signes clairs de reprise", estime le FMI.

- Imprévisible Brexit -

La Banque centrale européenne, qui se réunit ce mercredi, est précisément sur cette ligne: non seulement elle a repoussé à l'an prochain l'heure de relever ses taux, mais elle va lancer en septembre un nouveau programme de prêts géants pour les banques.

Dès 2020, le FMI voit cependant l'économie réaccélérer en zone euro (+1,5%), y compris en Allemagne (+1,4%) et Italie (+0,9%), tandis que la France et l'Espagne devraient voir leur PIB augmenter de respectivement 1,4% et 1,9%.

Mais le Brexit constitue toujours une incertitude majeure, à la veille d'un sommet européen crucial, au point que le FMI a envisagé trois scénarios: départ du Royaume-Uni avec accord, Brexit sans accord avec hausse des droits de douane, ou Brexit sans accord semant de surcroît la pagaille aux frontières.

Par ailleurs, l'institution dirigée par Christine Lagarde voit s'essouffler à moyen terme le potentiel de croissance, et préconise donc des politiques "destinées à augmenter le taux d'activité et les gains de productivité", en investissant "dans l'infrastructure, la formation continue, la recherche et le développement".

Bien que cette potion vise indifféremment toutes les "économies avancées", elle fait écho aux reproches adressés depuis des années à Berlin, accusé par ses partenaires comme par les économistes d'empiler les excédents sans préparer l'avenir.

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