Le gouverneur de la Banque centrale en Italie reconduit malgré les critiques

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Par AFP
Publié le 27 octobre 2017 - 15:55
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Le gouverneur de la Banque centrale d'Italie, Ignazio Visco, a été reconduit vendredi pour six ans par le gouvernement, malgré les critiques de responsables politiques contre sa surveillance du système bancaire, dans la tourmente ces dernières années.

Le conseil des ministres a validé en fin de matinée la décision du chef du gouvernement, Paolo Gentiloni, qui avait déjà été approuvée un peu plus tôt par le conseil supérieur de la Banque d'Italie.

La décision a ensuite été actée par un décret du président de la République, Sergio Mattarella, qui avait soutenu la reconduction de M. Visco.

Avant la nomination, le ministre des Finances, Pier Carlo Padoan, avait expliqué que le choix serait basé "uniquement sur des critères de préservation de l'autonomie de l'institution".

Ces dernières semaines, plusieurs partis, dont le Mouvement cinq étoiles (M5S, populiste) et la Ligue du Nord (extrême droite), étaient montés au créneau contre une reconduction de M. Visco, âgé de 67 ans et nommé en 2011 par le Premier ministre de l'époque, Silvio Berlusconi (centre droit).

La Chambre des députés a même voté une motion déposée par le Parti démocrate (PD, centre gauche, au pouvoir), qui critiquait le travail de la Banque d'Italie ces dernières années, sans mentionner le nom de l'actuel gouverneur.

"L'efficacité de la surveillance de la Banque d'Italie a été mise en doute ces dernières années par l'émergence de situations répétées et importantes de crise ou de défaillances de banques", affirmait le texte.

Les banques italiennes ont été dans la tourmente l'an passé, suscitant une vive inquiétude en particulier des marchés financiers. Plombées par quelque 300 milliards de créances douteuses, soit le tiers de la zone euro, elles pâtissent également de leur éclatement et de leur faible rentabilité.

L'Etat italien a dû venir au secours de plusieurs établissements, comme la BMPS et deux banques vénitiennes, dont la gestion a été vivement mise en cause. La facture va se révéler au total très élevée pour les contribuables.

- Institution 'indépendante' -

Matteo Renzi, patron du PD --le parti de M. Gentiloni-- et chef du gouvernement jusqu'en décembre 2016, a lui-même fustigé le bilan de M. Visco.

La Banque d'Italie "n'a pas fonctionné comme elle aurait dû (...). Cela a été six années de désastre pour les banques. J'espère que les six prochaines années seront meilleures, pire serait difficile", a-t-il déclaré, tout en assurant qu'il respecterait le choix de M. Gentiloni.

Pour Matteo Salvini, le patron de la Ligue du Nord, M. "Visco a failli parce qu'il était payé pour contrôler et qu'il ne l'a pas fait".

Interrogé par l'AFP sur cette polémique, un économiste italien, sous couvert de l'anonymat, a souligné que "l'état de santé des banques italiennes requérait une surveillance plus attentive".

"La Banque d'Italie a fait un travail important, pas parfait, mais on ne peut pas dire qu'il y a eu une mauvaise surveillance. La Banque a cherché à surveiller la situation, mais malheureusement, elle n'a pas été assez incisive".

"Dans cette perspective, un changement (de gouverneur) pouvait être opportun", a-t-il estimé.

"Mais dans le même temps, on ne peut pas penser que le pouvoir politique puisse conditionner la nomination du responsable d'une institution qui doit rester indépendante. Une Banque centrale ne doit pas être conditionnée par d'autres pouvoirs de l'Etat, par des forces extérieures", a ajouté l'économiste.

Dans un appel publié par le quotidien économique Il Sole 24 Ore, 46 économistes avaient aussi défendu l'indépendance de la Banque d'Italie et demandé à ce que la nomination du gouverneur ne soit pas polluée par la politique.

"Avec Visco, la Banque d'Italie est entre des mains intègres. Et ce n'est pas rien", a estimé le journaliste du Corriere della Sera Federico Fubini dans un éditorial, en évoquant "le choix juste pour le pays".

Né le 21 novembre 1949 à Naples, M. Visco a été de 2007 à 2011 vice-directeur général de la Banque d'Italie, où il a fait l'essentiel de sa carrière. Il a été aussi chef économiste de l'OCDE de 1997 à 2002.

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