Le magnat du métal Gupta promet d'aider à réindustrialiser la France

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Par Patrice NOVOTNY - Londres (AFP)
Publié le 01 février 2019 - 11:51
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Le magnat indo-britannique du métal Sanjeev Gupta pose pour l'AFP lors d'un entretien dans les bureaux de son groupe, GFG Alliance, le 28 janvier 2019 à Londres
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© BEN STANSALL / AFP
Le magnat indo-britannique du métal Sanjeev Gupta pose pour l'AFP lors d'un entretien dans les bureaux de son groupe, GFG Alliance, le 28 janvier 2019 à Londres
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Le magnat indo-britannique Sanjeev Gupta veut s'appuyer sur l'acquisition d'une immense fonderie d'aluminium à Dunkerque pour aider à "réindustrialiser" la France, confie-t-il à l'AFP dans un entretien où il met en avant ses ambitions sociales.

"Le déclin industriel de la France est très clair, c'est le moment de réindustrialiser", explique l'ambitieux M. Gupta depuis les bureaux de son groupe GFG Alliance au coeur de Londres, à deux pas de Hyde Park.

Le 24 janvier, l'industriel s'est rendu à Loon-Plage (nord de la France) pour inaugurer sa nouvelle acquisition, Liberty Aluminium Dunkerque - la plus vaste fonderie d'aluminium d'Europe anciennement propriété de Péchiney puis du géant minier Rio Tinto. En plus de 500 millions de dollars réglés à l'achat, GFG Alliance a promis d'investir 55 millions de dollars supplémentaires pour moderniser cette usine de 570 personnes.

"Les structures industrielles et sociales en France représentent parfaitement ce que nous recherchons", souligne M. Gupta depuis Londres, siège de son conglomérat actif dans la sidérurgie, la production et le commerce de métaux, le recyclage, l'énergie et la finance.

Lancées au début des années 1990 autour de l'Afrique et de l'Asie, les activités de M. Gupta se sont enrichies dernièrement d'acquisitions au Royaume-Uni, en Australie, aux Etats-Unis et en France où il a racheté un fabricant de jantes automobiles à Châteauroux (centre).

Le PDG de GFG Alliance souligne que les industries ont besoin "de technologies, d'une main d'oeuvre éduquée et qualifiée plus accessibles dans les pays développés", ce qui prend le pas à ses yeux sur le moindre coût du travail en Chine. "Je ne crois pas que le secteur industriel va plier bagage vers l'Orient".

- Du Pendjab à Cambridge -

Au-delà, le facteur déclencheur de l'arrivée de M. Gupta en France a été l'élection d'Emmanuel Macron en mai 2017. "Nous avons découvert un président jeune, visionnaire et favorable à l'industrie", souligne l'investisseur, enthousiaste.

Depuis, l'étoile de M. Macron a pâli d'une chute de popularité et de l'irruption mouvementée des gilets jaunes sur la scène publique, mais cela n'inquiète pas M. Gupta.

"Vous ne pouvez pas désindustrialiser pendant 30 ou 40 ans et trouver une solution magique. C'est un travail de longue haleine mais j'ai confiance dans le fait que la France restera sur de bons rails", prévoit l'investisseur.

Né dans une famille d'industriels du Pendjab au nord-ouest de l'Inde il y a 47 ans, M. Gupta s'est lancé dans les affaires après ses études d'économie à Cambridge (est de l'Angleterre). Alliance de dizaines d'entreprises, GFG devrait prochainement approcher la barre des 30.000 employés et des 20 milliards de dollars de chiffre d'affaires.

Malgré ce gigantisme, M. Gupta assure vouloir traiter "chaque employé comme une extension de (sa) propre famille". "Je me sens responsable de chacun de mes employés et je ferai toujours le maximum pour les protéger et les aider à progresser", ajoute l'industriel qui avoue avoir consacré sa vie à ses deux seules passions, ses affaires et sa famille.

Pour lui, l'épanouissement du secteur industriel va de pair avec l'apaisement des tensions sociales et politiques dans les pays occidentaux "où une frange de la société est laissée derrière".

- Entrées en Bourse ciblées -

C'est dans les vieilles régions industrielles que l'agrandissement de GFG a été le plus notable ces dernières années, notamment dans la sidérurgie. Après des acquisitions aux Etats-Unis et en Australie, le conglomérat est sur le point de racheter au géant ArcelorMittal une demi-douzaine de sites en Europe.

Cette montée en puissance s'est toutefois accompagnée de froncements de sourcils d'observateurs jugeant trop opaque GFG, qui a conservé les structures d'un groupe familial.

"Nous avons atteint une taille qui nous oblige à évoluer en terme de présentation, de gouvernance et de transparence", reconnaît M. Gupta, ajoutant que "l'entrée en Bourse de quelques entreprises membres du groupe pourrait aider".

Il y voit plusieurs avantages: "valoriser certaines activités", "aider la gouvernance interne en imposant une discipline supplémentaire" et bien sûr "accéder à de nouvelles sources de capitaux".

Pour l'instant seule une partie des activités américaines et australiennes devraient entrer en Bourse et M. Gupta n'a pas ce projet pour ses nouvelles acquisitions européennes.

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