Le patron de Petrobras jette l'éponge après des grèves au Brésil

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Par Pascale TROUILLAUD - Rio de Janeiro (AFP)
Publié le 02 juin 2018 - 00:42
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Le président du groupe Petrobras, Pedro Parente, a démissionné vendredi, jetant l'éponge à l'issue de grèves massives au Brésil où la politique tarifaire et l'autonomie du mastodonte de l'énergie ont été durement remises en question.

Le groupe public basé à Rio de Janeiro a annoncé la démission de ce capitaine d'industrie et ex-ministre de 65 ans, après des grèves des transporteurs routiers et du secteur pétrolier autour des prix du carburant. Le conseil d'administration était réuni en fin de journée pour nommer un patron intérimaire.

Les actions - préférentielles et ordinaires - de Petrobras chutaient de quelque 14% après avoir perdu jusqu'à 20% à la Bourse de Sao Paulo après l'annonce de la démission de M. Parente.

Le groupe a déjà vu sa capitalisation boursière fondre d'environ 40% ces deux dernières semaines en raison d'une grève des camionneurs qui ont paralysé le Brésil durant neuf jours avec des barrages routiers, pour obtenir une baisse des prix du gazole.

Pénurie d'essence et de produits frais, usines automobiles à l'arrêt et aéroports au ralenti faute de carburant: la première économie d'Amérique latine a été très ébranlée par cette grève qui lui aura coûté des milliards de réais.

Déjà très décrédibilisé, le gouvernement de centre droit du président Michel Temer a fini par céder aux revendications des grévistes, leur garantissant des prix plus bas pour une période de 60 jours et portant ainsi un rude coup à l'autonomie accordée à Petrobras fin 2016 en matière de politique tarifaire.

Cette autonomie du groupe, qui s'est aligné sur les fluctuations des prix du marché international, avait été réclamée par les marchés mais elle s'est mécaniquement traduite par des hausses des prix des carburants.

Des hausses qui ont généré le mécontentement des Brésiliens qui, malgré les importantes perturbations qu'ils ont subies, ont en majorité approuvé la grève, dans un pays qui s'apprête à vivre en octobre la présidentielle la plus incertaine de son histoire récente.

- "Réputation lavée" -

Ce sont ensuite les travailleurs du secteur pétrolier qui s'étaient mis en grève en début de semaine, réclamant une baisse des prix des carburants et du gaz de ville, la fin des ventes d'actifs de Petrobras et la démission de Pedro Parente.

Ils ont renoncé jeudi à leur mouvement que la justice venait de déclarer illégal. Mais ils ont menacé d'appeler à des arrêts de travail d'une durée indéterminée.

M. Parente avait été nommé par Brasila en mai 2016 pour permettre au groupe de se relever du plus grand scandale de l'Histoire du Brésil: un gigantesque réseau de corruption impliquant des pots-de-vin contre l'octroi de marchés publics et qui a coûté plus de deux milliards de dollars à Petrobras.

Les trois derniers présidents de la république ont été mis en cause et tous les partis politiques impliqués dans cet immense scandale mis au jour par l'enquête "Lavage express", qui, quatre ans après, continue de faire des vagues au Brésil et en a largement dépassé les frontières.

Dans une lettre au président Temer, M. Parente a expliqué quitter Petrobras "avec une réputation lavée", tout en ajoutant que son maintien à la tête du groupe "ne serait plus positif".

"Les conséquences de la démission de Parente pour Petrobras vont être très graves", a estimé pour l'AFP André Perfeito, un analyste des consultants Spinelli, "il représentait un type d'orientation pour l'entreprise".

Mais "il a vu que les tensions sociales allaient rester élevées au Brésil, que certains politiques demandaient sa démission et par ailleurs que beaucoup de ce qui a été négocié avec les camionneurs ne pourrait pas être tenu. Il a anticipé tout cela".

Mais Simao Zinardi, un des dirigeants du FUP - le plus grand syndicat du secteur pétrolier - a qualifié la démission de M. Parente de "victoire" car "il était bien plus l'homme des marchés que de Petrobras".

La centrale Força Sindical s'est également félicitée de la démission de M. Parente, qui "menait une politique défavorable aux travailleurs" et a espéré que "la nouvelle direction de Petrobras promeuve une politique tournée vers les intérêts du pays".

En référence à l'extrême faiblesse du gouvernement Temer qu'il juge "fini", Marco Antonio Teixeira, analyste à la fondation Getulio Vargas, s'inquiétait de voir que "le Brésilien moyen sent dans son porte-monnaie l'impact de la hausse des prix du combustible".

"Je ne sais pas comment ça va se passer dans les prochains jours; le gouvernement n'a négocié qu'un seul des prix, celui du diesel. Et aujourd'hui c'est l'essence qui a augmenté".

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