L'EPR, fleuron du nucléaire français aux multiples déboires

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Par AFP - Paris
Publié le 26 octobre 2018 - 14:36
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Photo de l'EPR de Flamanville prise le 16 novembre 2016
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© CHARLY TRIBALLEAU / AFP/Archives
Photo de l'EPR de Flamanville prise le 16 novembre 2016
© CHARLY TRIBALLEAU / AFP/Archives

L'EPR, dont le gouvernement français envisage la construction de nouveaux exemplaires à condition que ses coûts diminuent, est un réacteur nucléaire de troisième génération conçu pour offrir une puissance et une sûreté améliorées, mais qui a subi de nombreuses déconvenues.

Lancée en 1992, cette technologie présentée comme le fleuron de la filière nucléaire française a été codéveloppée par le français Areva et l'allemand Siemens au sein de leur filiale commune, dont Siemens s'est depuis retiré.

C'est EDF qui a finalement pris le contrôle de cette activité lors de la réorganisation de la filière nucléaire française orchestrée par l'État.

Conçu pour fonctionner pendant 60 ans, l'"European Pressurized Water Reactor" se fonde sur la technologie des réacteurs à eau sous pression, la plus utilisée dans le monde.

Il offre une puissance très élevée (1.650 mégawatts) et bénéficie d'une multiplication des systèmes de sauvegarde pour refroidir le cœur du réacteur en cas de défaillance, d'une coque de protection en béton et acier, et d'un récupérateur de corium censé réduire les conséquences en cas d'accident grave.

- dérapages -

Le premier chantier a été lancé à Olkiluoto (Finlande) en 2005, pour le compte de l'électricien TVO, avec Areva et Siemens directement maîtres d'œuvre. Mais les contretemps et dérapages budgétaires se sont accumulés. Sa mise en service commerciale est prévue en septembre 2019, soit dix ans de retard sur le calendrier initial, mais TVO a annoncé début octobre que les tests ne se déroulaient pas comme prévu, ouvrant une nouvelle incertitude sur le calendrier.

Le deuxième EPR, en chantier depuis 2007 à Flamanville (Manche) a également accumulé les déboires, à cause notamment d'anomalies découvertes sur la composition de l'acier du couvercle et du fond de la cuve.

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a exigé que le couvercle de la cuve soit remplacé avant la fin 2024. S'y sont ajoutés plus récemment des problèmes de soudures, entraînant nouveaux retards et surcoûts.

EDF prévoit désormais de démarrer l'EPR de Flamanville fin 2019, pour une mise en service commerciale en 2020, quand le calendrier initial tablait sur 2012. Son coût a entretemps plus que triplé, à 10,9 milliards d'euros.

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) estimait aussi début octobre qu'un "travail technique important reste à faire" de la part d'EDF pour régler le problème des soudures.

- espoirs en Inde -

Deux autres EPR ont été commandés par la Chine, à Taishan, via une coentreprise détenue à 51% par l'électricien étatique chinois CGN, à 30% par EDF et, depuis 2012, à 19% par l'électricien de la province du Guangdong.

Raccordé au réseau électrique en juin, l'un d'eux a été le premier au monde à fonctionner, bien que le chantier ait commencé en 2009, après celui de Flamanville. Le deuxième doit être mis en service courant 2019.

L'EPR a aussi été retenu par EDF pour un projet de deux réacteurs à Hinkley Point en Angleterre. Il y a un an, EDF a annoncé s'attendre à un surcoût de 1,5 milliard de livres (1,7 milliard d'euros) pour cet énorme chantier, ce qui porte l'investissement total à 19,6 milliards de livres, soit environ 22,3 milliards d'euros.

Le groupe évoquait un "risque" de retard de 15 mois pour le premier réacteur, censé entrer en service fin 2025, et de neuf mois pour le second, qui doit démarrer six mois plus tard.

En Inde, EDF et son homologue indien avaient signé un accord portant sur le schéma industriel d'un projet de centrale à Jaitapur, lors de la visite du président français Emmanuel Macron en mars L'objectif est d'obtenir un accord engageant pour la fin de l'année pour ce projet géant de six réacteurs EPR.

EDF travaille aussi depuis plusieurs années sur une nouvelle version de l'EPR, pour réduire ses coûts et ses délais de construction.

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