Les ambitions américaines de Veolia menacées par des scandales sanitaires

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Par AFP
Publié le 24 septembre 2017 - 19:10
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Veolia espère profiter du mouvement de privatisation de l'eau aux Etats-Unis et des grands travaux promis par Donald Trump pour se développer sur le marché américain mais ces ambitions pourraient être contrariées par des scandales sanitaires dont celui de l'eau contaminée de Flint.

Le groupe français, leader mondial de la gestion de l'eau et des déchets, vise en 2017 une hausse de près de 5% de ses revenus en Amérique du nord, une région comprenant le Canada, le Mexique et les Etats-Unis. C'est dans ce dernier pays que le gros de cette croissance devrait provenir. En 2016, le chiffre d'affaires nord-américain n'a progressé que de 0,6%.

"La croissance sera plus forte. On ne devrait pas être loin des 5%", déclare à l'AFP le PDG Antoine Frérot.

Après quatre ans à assainir le bilan souvent au prix de fortes économies, M. Frérot a annoncé l'an dernier un plan stratégique mettant le cap sur la croissance de l'activité.

- "Belle opportunité" -

Le mouvement de privatisation de l'eau en cours aux Etats-Unis et le projet de 1.000 milliards de dollars de modernisation des infrastructures publiques promis par le président Donald Trump offrent à Veolia des opportunités sur le sol américain où sa part de marché est actuellement comprise entre 3 et 4% dans ses trois métiers (eau, déchets et énergie).

"Il y a une large place pour progresser", confie Antoine Frérot, qui estime que le futur plan de développement des infrastructures est "une très belle opportunité de développement".

"On peut envisager une croissance de notre activité aux Etats-Unis de l'ordre d'au moins 5% par an dans les années qui viennent".

Dans un pays où l'eau est considérée comme "rareté" (scarcity) dans des Etats comme la Californie, Veolia veut étoffer ses offres dans le recyclage et le traitement des eaux usées et va dans ce sens démarcher les municipalités..

La société envisage également de proposer ses services aux raffineurs pour recycler leurs produits polluants et veut profiter de la montée en puissance de la voiture électrique pour offrir de recycler le lithium usagé.

L'an dernier, le chiffre d'affaires de l'Amérique du nord était d'environ 2,2 milliards de dollars, soit près de 10% des revenus totaux de Veolia, qui emploie 8.000 salariés aux Etats-Unis et y compte 30.000 clients industriels.

La multiplication de scandales sanitaires pourrait toutefois freiner ces ambitions puisque le nom de la société est cité dans le retentissant scandale de la contamination au plomb de l'eau de la ville de Flint (Michigan), devenue symbole des injustices sociales aux Etats-Unis.

Il est notamment reproché à Veolia, qui a conduit une étude sur la qualité de l'eau avant que l'affaire n'éclate, de n'avoir pas lancé d'alerte. La contamination a empoisonné des milliers d'enfants et causé la mort de 12 personnes, malades de la légionellose.

Outre des poursuites lancées par les autorités, de nombreux recours en nom collectif (class action) ont été déposés contre Veolia.

- Rendre des comptes -

"La privatisation de l'eau met en péril la santé et la sécurité publiques", fustige Lauren DeRusha Florez, dont l'ONG Corporate Accountability International fait partie des associations qui doivent se retrouver le 29 septembre à Flint pour faire pression sur les municipalités pour qu'elles conservent la gestion de leur eau.

Veolia a toujours rejeté les allégations, les jugeant infondées. "Il y a des enquêtes en cours, nous n'allons pas en préempter les conclusions", répond Antoine Frérot.

C'est toutefois le contentieux opposant actuellement le groupe à la municipalité de Pittsburgh, ville symbole du déclassement des couches populaires, qui pourrait écorner à court terme son image.

Pittsburgh accuse Veolia, qui épaulait le gestionnaire du système d'eau, d'avoir laissé faire un changement dans le mode de traitement de l'eau pour réaliser des économies. Or il a été découvert des taux élevés de plomb dans l'eau après cette décision.

Une médiation est en cours, ont indiqué à l'AFP deux sources proches du dossier mais il n'est pas exclu qu'elle échoue, forçant alors les parties à recourir à un arbitrage.

Une telle issue aurait un impact négatif pour l'image de Veolia, indique une source proche de l'entreprise, qui ajoute qu'il est dans l'intérêt de la société d'arracher un accord à l'amiable au plus vite.

"Si la médiation n'aboutit pas, il y aura un arbitrage qui prendra le temps qu'il prendra pour faire valoir nos droits à paiement au titre du contrat que nous avons exécuté", a toutefois tenu à préciser dimanche le groupe français.

"Veolia était responsable du management et des opérations de Pittsburgh Water & Sewer Authority", déclare à l'AFP Tim McNulty, le porte-parole du maire de Pittsburgh Will Peduto. "Ils devront rendre des comptes".

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