Les Ascoval, entre espoir et lassitude

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Par Julia PAVESI - Saint-Saulve (France) (AFP)
Publié le 24 octobre 2018 - 17:37
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Avant la décision du TGI de Stasbourg, le 24 octobre 2018, devant l'usine Ascoval de Saint-Saulve (Nord)
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© FRANCOIS LO PRESTI / AFP
Avant la décision du TGI de Stasbourg, le 2' octobre 2018, devant l'usine Ascoval de Saint-Saulve
© FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Ils attendaient une décision. Ils ont obtenu un énième report. Les salariés de l'aciérie en sursis Ascoval dans le Nord veulent faire monter la pression sur Vallourec, partagés entre "petite lueur d'espoir" et lassitude de n'être toujours pas fixés.

"C'est reporté au 7 novembre...", glisse Michel Meunier, 36 ans de boîte, à ses collègues regroupés à l'entrée de l'usine de 25 hectares de Saint-Saulve (Nord), près du rond-point où depuis l'aurore flambent pneus, palettes et branchages.

Il est environ 10h30 quand ils apprennent que le tribunal de grande instance de Strasbourg s’est accordé un nouveau délai de deux semaines pour statuer sur le sort de l'entreprise, en redressement judiciaire.

"Pour moi, maintenant, c'est plus de la lassitude. On recule, on recule. Nous, on commence à monter en énervement", réagit Jean-Michel Peressoni, sidérurgiste depuis 1980.

Son grand-père, son père, son beau-frère... Tous ont fait leur carrière chez Vallourec. Et, depuis 15 ans, son fils.

-"Chaussettes en amiante" -

"Pour tous les jeunes, j'aimerais que ça continue", poursuit Jean-Michel, se remémorant la période faste où la production ne faisait qu'augmenter, dans les années 1980-1990. L'époque, aussi, où il portait des "chaussettes et des tabliers en amiante" pour se protéger des rayonnements du four, et de l'accident de son-beau-frère, qui a toujours les séquelles d'un accident du travail où il a eu la mâchoire brisée.

"On a usé notre santé et on leur a fait gagner de l'argent", lâche-t-il.

Depuis mardi soir, plus rien ne sort de l'usine. Et rien ne sortira tant que Vallourec ne reviendra pas à la table des négociations pour revoir le projet du candidat à la reprise Altifort, selon la décision prise en assemblée générale.

"Tous les feux sont au vert, sauf un: Vallourec !", résume le directeur du site Franck Dourlens devant mécaniciens et contremaîtres réunis dans un hangar où s'alignent magasins de béton réfractaire et joints d'ancrage.

"Pour l'instant, on bloque tout, samedi-dimanche compris !", lance Nacim Bardi, délégué CGT, remonté. "Si on a une date de réunion rapidement, on reprend le travail lundi".

"Non, on arrête tant qu'on a rien de concret !", tempête-t-on dans les rangs. "Pourquoi on ne redémarre pas après la réunion ?! "

Objectif: mettre la pression sur Vallourec, pour qu'il reconsidère le projet du groupe franco-belge.

"Il y a une petite lueur qui est allumée, une petite lumière qui est encore là. Maintenant, soit Vallourec la laisse allumée, soit Vallourec l'éteint," assure Salvatore Beneditti, délégué du personnel et élu au CE.

- Blocage d'autres sites ? -

Pour David Carion, 18 ans d'ancienneté, "il faut que Vallourec lâche un peu". "L'espoir est tellement infime qu'on serre les fesses", confie-t-il en distribuant des tracts aux automobilistes.

"Je suis Ascoval", "Macron couillon, les Français ne sont pas des fainéants", "Macron, la vérité si je mens"... peut-on lire sur les vestes de sécurité orange.

Les salariés menacent de bloquer d'autres sites de Vallourec, dont celui d'Aulnoye-Aymeries, près de Maubeuge.

"Soit ils nous donnent du travail, soit ils nous donnent de l'argent", tranche Mickaël Bruggermann. Selon lui, plus de 900.000 euros de tubes, disposés sur la plateforme ferroviaire et prêts à partir chez les clients, restent bloqués. "Vallourec, ça va leur coûter cher !"

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