Les patrons de la "tech" divisés sur une taxe pour aider les SDF de San Francisco

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Par Julie CHARPENTRAT - San Francisco (AFP)
Publié le 21 octobre 2018 - 12:45
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Un homme mendie dans le centre-ville de San Francisco,le 28 juin 2016 en Californie
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© Josh Edelson / AFP/Archives
Un homme mendie dans le centre-ville de San Francisco,le 28 juin 2016 en Californie
© Josh Edelson / AFP/Archives

L'idée de taxer les grandes entreprises de San Francisco pour aider ses milliers de sans-abri fait l'objet d'un âpre débat entre certains patrons de la "tech", qui s'opposent sur les moyens de s'attaquer à ce problème endémique.

Le 6 novembre, les électeurs de la ville où se trouvent les sièges de Twitter, Uber ou Airbnb voteront pour ou contre la "Proposition C", soutenue par le patron du groupe de "cloud" informatique Salesforce Marc Benioff, mais à laquelle sont opposés d'autres dirigeants, comme celui de Twitter Jack Dorsey.

"Les sans-abri sont le problème numéro un de San Francisco", estime sur Twitter M. Benioff, qui a lui-même établi son siège dans cette ville de 890.000 habitants, célèbre pour son Golden Gate Bridge, ses tramways et ses maisons victoriennes pimpantes.

"Notre ville a de super plans (de lutte), mais il faut un financement MAINTENANT", poursuit le milliardaire, qui cofinance la campagne "Yes on C", dont les panonceaux bleus et jaunes sont placardés partout dans la ville.

"Nous avons 70 milliardaires dans (la région de) San Francisco (...) Beaucoup se contentent d'amasser leur magot", lance-t-il aussi dans les colonnes du journal britannique The Guardian.

"Nous avons besoin de solutions pour le long terme, pas d'actions rapides qui nous font nous sentir mieux sur le moment", écrit en revanche Jack Dorsey sur son réseau social.

En rapportant 250 à 300 millions de dollars par an, la "Prop C" permettrait de loger 5.000 personnes et de financer services de santé mentale ou aides au logement, affirment ses partisans.

Selon la mairie, qui ne veut pas de la "Prop C" et défend son propre plan contre la crise du logement, ce sont chaque nuit 7.500 personnes qui dorment dans des foyers ou, le plus souvent, sur les trottoirs ou dans les parcs. Chaque année, les services municipaux voient passer environ 20.000 SDF différents.

La ville dit dépenser 250 millions de dollars par an pour lutter contre la crise du logement.

- Monceaux d'ordures -

Les SDF sont concentrés dans le quartier central du Tenderloin. Noirs en très grande majorité, ils y survivent dans des états de délabrement physique et mental extrêmes, au milieu de monceaux d'ordures, de déjections ou de seringues souillées.

Poussant des chariots remplis d'un bric-à-brac crasseux, certains errent, hagards, le long de Market Street, non loin des sièges d'Uber et de Twitter, situés sur cette longue artère commerçante.

Pour les San-Franciscains, c'est le boom du secteur technologique qui a fait exploser la crise du logement et entraîné la hausse démentielle des prix de l'immobilier ces dernières années: 3.000 dollars par mois pour un studio ou un petit deux-pièces, rien à acheter en-dessous d'un million de dollars au bas mot.

"Il faut que ces patrons de la tech comprennent que s'ils veulent être à San Francisco et profiter de tous nos avantages --d'autant que certains ont bénéficié d'incitations fiscales pour s'installer sur Market Street--, alors ils devraient être plus que contents de donner un peu", juge encore Marc Benioff dans une interview au site de CNN.

"Je veux aider à régler le problème des SDF à San Francisco et en Californie. Je ne crois pas que la +Prop C+ soit la meilleure façon de le faire", insiste de son côté sur Twitter Jack Dorsey --également à la tête de l'entreprise de paiement Square--, ajoutant "faire confiance" à la maire de la ville, London Breed.

- "Pas une question d'argent" -

"Salut Jack (...) Quels programmes pour les SDF de la ville soutiens-tu? Peux-tu me dire ce que font Twitter, Square et toi et à quel niveau financier?", lui a aussi lancé Marc Benioff lors de l'un de leurs nombreux échanges ces derniers jours sur Twitter.

Vendredi, c'est le patron de la start-up de paiement Stripe, Patrick Collison, qui s'est fendu d'un texte contre la "Prop C", estimant qu'elle "ne règlerait pas efficacement le problème", qui n'est "pas qu'une question d'argent".

Au sud de San Francisco, la ville de San José, située au coeur de la très prospère Silicon Valley --où se trouvent les mastodontes Apple, Google ou Facebook--, est elle aussi touchée par la crise du logement et l'explosion des prix de l'immobilier.

Sur la côte ouest, le problème des sans-abri touche aussi Los Angeles, Portland ou Seattle. Cette dernière a dû finalement renoncer cette année à une taxe sur les grandes entreprises pour financer l'aide aux SDF, sous la pression de groupes locaux, comme Starbucks ou le géant technologique Amazon.

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