Les rachats d'actifs de la BCE, soutien ambitieux à l'économie

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Par Jean-Philippe LACOUR - Francfort (AFP)
Publié le 12 juin 2018 - 11:21
Mis à jour le 14 juin 2018 - 11:24
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Des drapeaux européens flottent devant le siège de la BCE à Francfort le 1er juin 2018
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© Daniel ROLAND / AFP/Archives
Des drapeaux européens flottent devant le siège de la BCE à Francfort le 1er juin 2018
© Daniel ROLAND / AFP/Archives

La Banque centrale européenne pourrait annoncer jeudi la fin cette année de son ambitieux programme de soutien à l'économie, baptisé "QE", tout en réservant le suspense sur les modalités de cette sortie.

Voici cinq explications sur cette mesure phare, son bilan et les difficultés d'en sortir.

- Pourquoi avoir lancé le QE ?

Dès 2012, Mario Draghi avait promis de faire "tout ce qu'il faudra" pour endiguer la crise. Mais ses premières mesures, dont l'abaissement drastique des taux d'intérêt, n'ont pas suffi à tirer l'économie suffisamment vers le haut pour ramener l'inflation vers l'objectif de l'institut (un peu moins de 2%).

En janvier 2015, M. Draghi annonce donc des achats de grande envergure d'obligations, c'est-à-dire de dette émise par des Etats. Les obligations d'entreprises en dehors du secteur bancaire s'y sont ajoutées à la mi-2016. Le but est d'éloigner le risque de déflation, un cercle vicieux fait de baisse des prix et de report des décisions d'achat, qui freine durablement toute l'économie.

- De quoi s'agit-il ?

L'"assouplissement quantitatif" ("quantitative easing" ou "QE") consiste pour la banque centrale à créer de la monnaie pour acheter sur le marché des emprunts d'État ou privés détenus par des investisseurs.

L'objectif est que ces derniers - des banques le plus souvent - réinjectent les liquidités qu'ils obtiennent en échange dans l'économie, en prêtant aux ménages et aux entreprises qui, à leur tour, doivent stimuler la croissance et l'inflation.

Comme il concerne 19 pays utilisant la même monnaie, le programme d'achats de la BCE est davantage encadré que ceux de la Réserve fédérale américaine, de la Banque d'Angleterre ou de la Banque du Japon. La BCE s'interdit notamment d'acheter trop d'obligations d'un pays ciblé, pour éviter d'être accusée de financer sa dette publique.

- Est-ce un succès ?

Le QE, en faisant baisser les taux, a facilité le financement des entreprises, des ménages et des Etats de la zone euro, permettant à ces derniers d'économiser des milliards d'euros sur la charge de la dette.

Parallèlement, la croissance s'est solidifiée tandis que l'inflation a remonté sensiblement en zone euro, pour atteindre 1,9% au mois de mai, portée par les prix du pétrole et, de façon plus vertueuse, par un chômage au plus bas depuis neuf ans, à 8,5% en avril.

La BCE, qui prévoit de déverser au total environ 2.600 milliards d'euros de liquidités sur le marché entre mars 2015 et septembre 2018, se montre désormais confiante dans les chances de voir l'inflation converger vers son objectif.

- Sortie compliquée ?

La BCE a réussi pour l'heure à éviter toute annonce précipitée qui sèmerait la pagaille sur les marchés financiers, comme en 2013 aux Etats-Unis, lorsque la Réserve fédérale avait soudainement annoncé la fin à venir de son programme d'assouplissement quantitatif.

L'institution de Francfort a déjà franchi deux paliers sans encombre, le premier fin 2016, en ramenant le rythme mensuel du QE de 80 à 60 milliards d'euros par mois, puis de 60 à 30 milliards d'euros à compter de janvier dernier, toujours au vu de la meilleure santé de l'économie.

L'euro, qui s'est apprécié face au billet vert, pour attendre près d'1,24 dollar en mars dernier, est redescendu depuis autour d'1,18 dollar, notamment en raison des craintes sur l'Italie.

- Et maintenant ?

Certains économistes voient la BCE annoncer jeudi l'arrêt graduel du QE entre octobre et décembre de cette année, d'autres s'attendant à un simple "recalibrage" en le ramenant autour de 10 milliards d'euros à compter d'octobre tout en laissant planer le doute sur l'après 2018.

Une chose est sûre, ce programme "ne va pas s'arrêter soudainement", a promis M. Draghi.

Même après la fin des flux d'achats "nets" sur le marché au mois le mois, la BCE maintiendra un bon moment son stock pléthorique d'obligations anciennes, en les renouvelant renouveler à leur échéance, ce qui devrait préserver des conditions de financement favorables pour les Etats et entreprises endettés.

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