L'UE examine à la loupe l'union entre Alstom et Siemens

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Par Céline LE PRIOUX - Bruxelles (AFP)
Publié le 13 juillet 2018 - 20:28
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La fusion historique, annoncée en septembre de l'année dernière, permettrait aux deux entreprises de tenir tête au chinois CRRC et au canadien Bombardier
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© SEBASTIEN BOZON, CHRISTOF STACHE / AFP/Archives
La fusion historique, annoncée en septembre de l'année dernière, permettrait aux deux entreprises de tenir tête au chinois CRRC et au canadien Bombardier
© SEBASTIEN BOZON, CHRISTOF STACHE / AFP/Archives

La Commission européenne a décidé vendredi d'examiner à la loupe l'union du français Alstom avec l'allemand Siemens, qui espèrent donner naissance à un nouveau géant européen du rail au premier semestre 2019.

Annoncée en septembre l'année dernière, cette fusion historique permettrait aux deux entreprises de tenir tête au chinois CRRC et au canadien Bombardier.

Alstom, qui fabrique notamment le TGV, et la division transport de Siemens, qui produit l'ICE, avaient signé fin mars leur accord de rapprochement.

Mais la Commission craint que cette "concentration ne réduise la concurrence pour la fourniture de plusieurs types de trains et de systèmes de signalisation", explique-t-elle dans un communiqué.

Par conséquent, Bruxelles compte examiner si ce projet de rachat "priverait les opérateurs ferroviaires européens d'un choix de fournisseurs et de produits innovants et conduirait à une hausse des prix" qui pourrait par ricochet porter préjudice aux clients passagers.

La Commission a désormais jusqu'au 21 novembre 2018 pour adopter une décision. L'ouverture d'une enquête approfondie ne préjuge en rien de l'issue de la procédure.

Etant donné la taille de la transaction, tous les experts de la concurrence s'attendaient à ce que l'exécutif européen entame une enquête plus poussée.

- Rare d'interdire une fusion -

Il est cependant très rare que la Commission interdise une fusion. C'est le cas en moyenne une fois par an. L'une des grandes unions récemment interdites remonte au 29 mars 2017: il s'agissait du projet de mégafusion des Bourses de Londres et Francfort, une opération annoncée en grande pompe mais qui avait été fragilisée par la perspective du Brexit.

Après l'annonce de l'enquête approfondie, Alstom a promis dans un communiqué "de travailler étroitement avec l'exécutif européen afin de lui procurer toutes les informations nécessaires à sa bonne compréhension des marchés".

Les négociations pourraient contraindre les deux groupes à céder certains actifs pour obtenir le feu vert des services de la concurrence de la Commission.

Alstom a indiqué que "la finalisation de la transaction restait attendue au premier semestre 2019". Le 8 juin, Siemens et Alstom n'avaient pas exclu de retarder au 1er semestre 2019 leur fusion, prévue auparavant fin 2018.

Alstom avait alors justement invoqué comme raisons de ce retard "les travaux préparatoires de pré-notification (auprès des autorités de la concurrence) extensifs et des efforts nécessaires à la collecte des données dans plusieurs pays".

La transaction est soumise à l'approbation des actionnaires d'Alstom, qui se réuniront en assemblée générale le 17 juillet.

Cette union avait suscité en septembre une polémique en France, une partie de la classe politique dénonçant la prise de contrôle par un groupe allemand d'un fleuron de l'industrie française. L'intersyndicale d'Alstom était opposée à ce projet, craignant des fermetures de sites et des suppressions d'emplois en France.

- Pas d'émoi en Allemagne -

En revanche, en Allemagne, le projet n'avait guère suscité d'émoi et avait été perçu comme salutaire pour le rail européen, mais aussi pour le pays. La presse allemande avait spéculé pendant des mois sur les projets de mariage des activités ferroviaires de Siemens avec le canadien Bombardier, dont la forte implantation en Allemagne faisait redouter nombre de suppressions d'emplois potentielles.

Siemens doit apporter ses activités ferroviaires et signalisation à Alstom, en échange de la moitié du capital du français, dont il pourra dépasser les 50,5% du capital après quatre ans.

Henri Poupart-Lafarge, le PDG d'Alstom, sera le patron opérationnel de cette future société qui doit devenir le numéro un mondial de la signalisation ferroviaire et le numéro deux du matériel ferroviaire roulant. Elle sera basée, comme Alstom, à Saint-Ouen (près de Paris).

Appelé pour le moment Siemens Alstom, le groupe représente un chiffre d'affaires de 15 milliards d'euros et un carnet de commande atteignant les 61 milliards, avec 62.300 employés --dont 34.500 venus du groupe français-- travaillant sur une soixantaine de sites importants.

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