Macron attendu en Guyane dans un climat tendu

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Par AFP
Publié le 26 octobre 2017 - 15:15
Mis à jour le 27 octobre 2017 - 07:50
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Le président Emmanuel Macron à Orsay, près de Paris, le 25 octobre 2017
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© Etienne LAURENT / POOL/AFP/Archives
Le président Emmanuel Macron à Orsay, près de Paris, le 25 octobre 2017
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Emmanuel Macron, arrivé jeudi en Guyane dans un climat tendu, six mois après un mouvement social qui a paralysé ce territoire français en Amérique du Sud, a averti qu'il n'était pas venu en "Père Noël", ni pour "faire des promesses".

"Je ne suis pas le Père Noël parce que les Guyanais ne sont pas des enfants", a déclaré le chef de l'Etat à Maripasoula (sud-ouest, à la frontière fluviale du Surinam), la plus vaste commune de France, soumise à une très forte pression migratoire.

"Je suis ici avec de l'ambition pour la Guyane", a-t-il ajouté, "mais je ne suis pas venu faire des promesses, ce temps là est fini".

"L'Etat a fait trop de promesses qui n'ont pas été tenues. Donc je suis là pour dire les choses en vérité telles que je les vois, prendre des engagements que je saurai tenir durant mon quinquennat, et aussi assurer les éléments d'autorité indispensables sur ce territoire", a encore déclaré M. Macron, très entouré pendant tout son déplacement par de nombreux enfants qui lui ont demandé des selfies par dizaines.

Face à une population porteuse de grandes attentes pour le désenclavement de leur commune, et par une très forte chaleur, le président a mouillé la chemise, s'efforçant de répondre à toute les questions, sur l'orpaillage, la demande d'un futur lycée, d'un hôpital, ou encore d'une route jusqu'à Cayenne.

Il a rencontré sur place les militaires de la gendarmerie et des forces armées guyanaises (FAG), qui luttent contre l'orpaillage clandestin, et visité le chantier d'un internat d'excellence.

- 'Mesures fortes' -

Il a notamment promis pour vendredi matin, lors d'une conférence de presse des "mesures fortes" sur la lutte contre l'immigration et contre l'orpaillage clandestin, souhaitant "régénérer l'opération Harpie" avec "des moyens modernes", comme les drones.

Il s'agit du premier voyage outre-mer du chef de l'Etat depuis son élection, si l'on excepte le déplacement en urgence aux Antilles mi-septembre après l'ouragan Irma.

Cette visite intervient dans un climat tendu. Le collectif Pou Lagwiyann Dekolé (Pour que la Guyane décolle), notamment, a décidé de se faire entendre pour réclamer le respect des accords signés avec l'ancien gouvernement à l'issue du mouvement social de mars-avril.

Jeudi après-midi, un millier de personnes, à l'appel du collectif, ont défilé dans les rues de Cayenne, avant de se rendre jusqu'à la préfecture, où ils ont demandé à être reçus par Emmanuel Macron.

L'Elysée a accepté de leur donner rendez-vous pour vendredi matin, mais le collectif a refusé la proposition, demandant un rendez-vous immédiat. Plusieurs centaines de personnes se trouvaient toujours devant la préfecture à 20H30.

Les Grands frères (émanation du mouvement des 500 frères très actif lors du mouvement) ont demandé jeudi aux commerçants de Cayenne et aux administrations de fermer leurs portes pour une opération ville morte durant la visite présidentielle.

La veille au soir, environ 300 personnes s'étaient rassemblées pour exiger le respect des accords.

Le mouvement de cinq semaines de contestation s'était conclu le 21 avril par l'Accord de Guyane, par lequel l'ancien gouvernement a acté un plan d'urgence de 1,08 milliard d'euros, signé des accords sectoriels et "pris acte" d'une demande de 2,1 mds d'euros de mesures supplémentaires.

- Pression migratoire et centre spatial -

Le chef de l'Etat participait dans la soirée à un dîner républicain. Selon l'Elysée, il a également prévu de s'entretenir, lors d'une réunion de travail, avec les maires de Guyane, qui avaient d'abord dénoncé "l'absence d'un temps de rencontre" avec le chef de l'Etat.

A 7.000 km de Paris, le territoire de 83.000 km2 pour environ 254.000 habitants, cumule difficultés et retards: immigration clandestine massive venant du Brésil, du Surinam ou d'Haïti, insécurité croissante, communes enclavées, services de santé défaillants, système scolaire inadapté, taux de chômage très élevé (23%).

M. Macron est notamment accompagné du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, et de plusieurs ministres.

Vendredi, il est attendu au centre spatial de Kourou où lui seront présentées les activités autour du lanceur de la fusée Ariane. Kourou, vitrine de l'économie guyanaise, mais aussi symbole d'inégalités sociales alors que d'autres communes n'ont ni électricité ni eau courante.

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