Macron chez Toyota puis à Versailles pour séduire les multinationales

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Par Laurence BENHAMOU - Paris (AFP)
Publié le 22 janvier 2018 - 06:11
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Le logo du géant de l'automobile Toyota à Tokyo le 10 mai 2017
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© Toru YAMANAKA / AFP
Le logo du géant de l'automobile Toyota à Tokyo le 10 mai 2017
© Toru YAMANAKA / AFP

Visite à l'usine Toyota d'Onnaing (Nord) puis réception à Versailles de 140 dirigeants de grands groupes étrangers pour un sommet baptisé "Choose France" (Choisissez la France): Emmanuel Macron veut montrer lundi que sa politique pro-entreprises attire les multinationales.

Les patrons des géants américains, chinois et européens, comme Coca-Cola, Facebook (Sheryl Sandberg), Google, Goldman Sachs, UPS, Alibaba, Bosch, SAP, Ikea, Barilla, Siemens, Volvo ou Rolls-Royce ont accepté l'invitation du chef de l'Etat, plébiscité par les milieux d'affaires pour son dynamisme et son programme d'allègement d'impôts des entreprises et de flexibilité du travail.

Plusieurs groupes ont consenti à annoncer ce jour-là de gros projets d'investissements en France, un geste de soutien à la politique française. L'Elysée attend cinq annonces significatives, dans l'industrie et le numérique et près d'une dizaine d'autres de taille moyenne, dont Toyota, qui annoncera un investissement de plusieurs centaines de millions d'euros dans son usine d'Onnaing, avec des centaines de nouveaux emplois.

Pour marquer l'événement, le président de la République passera trois heures lundi après-midi dans l'usine pour rencontrer salariés et dirigeants, avant de se rendre au château de Versailles. Il s'y adressera à ses invités à huis clos, "pour un dialogue plus direct" selon l'Elysée.

Convaincre des patrons, dont il a appris le langage lorsqu'il était banquier d'affaires chez Rothschild, est un exercice auquel M. Macron est parfaitement rodé. Le lieu aussi lui est familier. Lorsqu'il était ministre de l'Economie, il avait déjà choisi les ors de Versailles pour convier des investisseurs étrangers.

Pas moins de seize membres du gouvernement seront présents, dont le Premier ministre Edouard Philippe et le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, qui a annoncé qu'il demanderait à l'équipementier Bosch un nouvel investissement dans son usine de Rodez (Aveyron), où 300 à 800 emplois sont menacés, selon les syndicats.

- 'Effet Macron' -

Emmanuel Macron s'envolera ensuite mercredi pour Davos, où il prononcera un plaidoyer pour une mondialisation mieux organisée, avec "une vision politique mondiale", selon son entourage.

Le chef de l'Etat pourra capitaliser sur la remontée de l'image de la France auprès des investisseurs étrangers depuis son élection. Selon un baromètre réalisé en novembre par la Chambre de commerce américaine et le cabinet Bain, 72% des investisseurs américains escomptent une évolution positive du contexte économique en France contre 30% en 2016, un record depuis 18 ans.

En décembre, 70 patrons de filiales françaises de groupes étrangers avaient salué les premières réformes du gouvernement, et selon un sondage Ipsos auprès de 200 responsables de grosses sociétés étrangères en décembre, 60% jugent le pays attractif contre 46% en 2016.

La France estime avoir une carte à jouer au plan mondial, dans un contexte marqué par le Brexit et l’imprévisibilité de Donald Trump.

Le gouvernement tente ainsi d'attirer à Paris les banques internationales qui voudraient quitter Londres, grâce à un allégement des indemnités de licenciement des traders. Et la capitale accueillera bientôt l'Autorité bancaire européenne.

Tout ne relève pas d'un "effet Macron". L'année 2016 avait compté 1.117 investissements physiques étrangers en France (+16%), un record depuis dix ans selon Business France, l'organisme de promotion de la France à l'international dont l'ex-dirigeante Muriel Pénicaud est devenue ministre du Travail du gouvernement Macron.

Mais ces investissements sont moins créateurs d'emplois : seuls 30.108 emplois ont été créés ou maintenus grâce aux capitaux étrangers en 2016 (-11%). De plus, les géants américains du numériques, s'ils investissent en France, échappent largement à l'impôt sur les sociétés, ce contre quoi Paris tente de mobiliser ses voisins.

Le gouvernement s'inquiète en outre de la réforme fiscale américaine, qui va abaisser l’impôt sur les sociétés de 35% à 21%. Angela Merkel et Emmanuel Macron, qui veulent harmoniser l'impôt sur les sociétés en Europe, risquent d'être pris de vitesse par la concurrence fiscale américaine.

Dernier bémol, susceptible de faire fuir les capitaux, la France veut combattre le "pillage" de ses technologies, comme l'a signifié Bruno Le Maire en Chine.

Paris va ainsi élargir le "décret Montebourg" sur le contrôle des investissements aux secteurs du numérique et pousse la Commission européenne à contrôler davantage les investissements extra-européens.

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