Même pas peur du Brexit ! La City de Londres sûre de sa force

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Par Patrice NOVOTNY - Londres (AFP)
Publié le 22 octobre 2018 - 09:07
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Vue de la City de Londres, le 28 décembre 2016
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© Daniel SORABJI / AFP/Archives
Vue de la City de Londres, le 28 décembre 2016
© Daniel SORABJI / AFP/Archives

Guildhall, coeur du principal centre financier d'Europe. Les dirigeants de ce haut lieu de la puissance londonienne regrettent les départs d'emplois au compte-gouttes provoqués par le Brexit. Mais ils en sont sûrs: la City vaincra.

Comme près de 500.000 Londoniens, Christopher Hayward vient tous les jours travailler dans la City, centre névralgique dont la fondation remonte à la conquête romaine il y a près de 2.000 ans.

En sortant du métro, il marche à l'ombre de gratte-ciel comme la "Rape à fromage" ou le "Talkie-Walkie" construits récemment - une révolution dans ce quartier historique - et frôle d'innombrables grues en plein travail. Il traverse une ou deux artères flanquées de bureaux, longe une allée étroite bordée de pubs aux enseignes vintages puis entre à Guildhall.

Ce majestueux bâtiment plusieurs fois centenaire résonne encore des cris d'effroi poussés le soir du référendum favorable au Brexit, une perspective abhorrée par les milieux d'affaires britanniques inquiets de ses répercussions économiques.

"On s'est inquiété sur le moment de perdre des dizaines voire des centaines de milliers d'emplois. Mais ce n'est pas arrivé, on est en train d'en perdre quelques milliers tout au plus" pour l'ensemble de la capitale, confie à l'AFP M. Hayward, président du comité d'urbanisme de la City of London.

Partis de la City ou de l'autre quartier d'affaires londonien de Canary Wharf vers l'Europe ou ailleurs, ils représentent peu au regard de 800.000 professionnels de la finance à Londres (banque, assurance, gestion d'actifs, services juridiques et de consulting).

La capitale britannique continue de partager avec New York le sommet envié de la hiérarchie financière mondiale. D'après le classement Z/Yen, ces deux leaders devancent les centres asiatiques de Hong Kong, Singapour, Shanghai et Tokyo. "Pour nous, le défi ne vient pas des autres centres européens mais plutôt de New York ou Singapour", sourit M. Hayward.

Les places européennes qui s'échinent depuis deux ans à attirer des candidats au départ de Londres sont derrière et le reconnaissent: "L'idée que massivement, la place de Londres va se déplacer vers une autre place sur le continent, ça ne va pas arriver", admet Marie Célie Guillaume, la cheffe de Paris La Défense.

Entre l'été 2017 et l'été 2018, Londres est arrivée en tête pour l'attraction des investissements internationaux dans l'immobilier - 25 milliards de dollars, deux fois plus que sa suivante Hong Kong, d'après une étude de Cushman & Wakefield. Les investisseurs indiens, chinois ou japonais y ont dépensé presque 50% de plus.

"Londres est vue comme un placement sûr et cela nourrit la demande des entreprises qui veulent une place dans la City", se réjouit M. Hayward.

- Un paradis fiscal ? -

Outre son large vivier de talents internationaux et ses efforts pour développer une vie culturelle et nocturne, l'un des points forts de la City réside dans ses normes réglementaires et fiscales amicales pour les entreprises au Royaume-Uni.

Dans son récent livre "Le Brexit va réussir", Marc Roche, correspondant du Monde à Londres pendant 25 ans, affirme que ces atouts vont s'amplifier. "Outre-Manche, seuls les revenus des riches étrangers rapatriés au Royaume-Uni et non l'ensemble de leur patrimoine sont taxés. Gageons qu'en dehors de l'UE, le fisc britannique saura traiter ses hôtes fortunés et leur cagnotte avec encore plus de respect", écrit-il.

"Demain, les investissements des riches Proches-Orientaux, Russes ou Chinois dans l'immobilier londonien auront encore moins de compte à rendre sur la provenance des fonds que ce n'est le cas aujourd'hui", prédit ce journaliste.

Plusieurs grandes fortunes britanniques se sont d'ailleurs prononcées pour le Brexit, comme moyen d'échapper à la tutelle jugée tatillonne de Bruxelles.

"Ca va faire du bien, ça va obliger tout le monde à travailler sur ce qu'on sait faire" dans la City, glisse à l'AFP l'une d'elles, Stephen Lansdown, fondateur d'un géant financier coté à l'indice vedette de la Bourse de Londres.

Au-delà des compétences du poumon financier britannique et de l'usage mondial de l'anglais, Londres a l'expérience des crises et a su se relever d'incendies, de révolutions et de guerres.

"Dans son histoire, la City a connu beaucoup de hauts et de bas et s'en est toujours sortie. Pourquoi? Parce qu'elle sait s'adapter et prendre le problème par le bon bout", soutient Christopher Hayward.

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