Nine et Fairfax veulent fusionner dans un nouveau géant des médias australiens

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Par Martin PARRY - Sydney (AFP)
Publié le 26 juillet 2018 - 09:42
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Passants devant l'immeuble du journal "The Age", propriété du groupe Fairfax, à Melbourne (Australie), le 26 juillet 2018
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© William WEST / AFP/Archives
Passants devant l'immeuble du journal "The Age", propriété du groupe Fairfax, à Melbourne (Australie), le 26 juillet 2018
© William WEST / AFP/Archives

Les groupes australiens Fairfax Media et Nine Entertainment ont annoncé jeudi leur prochaine fusion dans un géant qui rassemblera notamment télévisions, quotidiens ou sites de streaming et bouleversera le paysage médiatique de l'île-continent.

Ce rapprochement s'apparente en fait à une acquisition puisque selon l'accord, les actionnaires de Nine Entertainment contrôleront 51,1% des titres de la nouvelle entité, dénommée Nine Entertainment Co (NEC).

Le nouveau mastodonte comptera notamment le réseau de chaînes de télévision gratuite de Nine, les radios de Fairfax et ses publications, parmi lesquelles le prestigieux Sydney Morning Herald ou The Age de Melbourne.

La nouvelle dénomination signera en même temps la disparition de la marque Fairfax, présente depuis 170 ans dans l'univers médiatique australien.

Il s'agit du premier accord de ce genre, conclu conformément à une nouvelle loi controversée sur la propriété de médias, adoptée en Australie en septembre dernier.

Elle était venue annuler des restrictions qui empêchaient, au nom du pluralisme de l'information, les groupes de médias de détenir des journaux ainsi que des radios et chaînes de télévision simultanément dans une même ville.

Les grands groupes de médias demandaient de longue date une évolution dans ce domaine en affirmant que ces restrictions les pénalisaient dans le contexte de la concurrence nouvelle exercée par les géants de l'internet comme Google ou Facebook ou de la vidéo comme Netflix.

- 'Mauvais pour la démocratie' -

Comme de nombreux groupes de presse dans le monde entier, Fairfax a vu ses bénéfices fondre en raison de la chute de ses recettes publicitaires et de ses tirages à l'ère du numérique. Il a procédé à des suppressions de postes et mené une campagne de réduction de coûts.

Son conseil d'administration "a analysé attentivement la transaction proposée et estime qu'elle représente une valeur incontestable pour ses actionnaires", a dit le président de Fairfax, Nick Falloon.

La fusion "libère le potentiel pour la création de valeur en combinant les contenus, les marques, l'accès à l'audience et aux données dans tous les secteurs d'activités", ont déclaré les deux groupes dans un communiqué.

"Nine et Fairfax ont tous les deux joué un rôle important dans l'élaboration du paysage médiatique australien pendant de nombreuses années", a déclaré le président de Nine, Peter Costello.

"La combinaison de nos activités et de nos employés va nous placer en position de créer de nouvelles opportunités et de l'innovation pour nos actionnaires, nos employés et tous les Australiens dans les années qui viennent", a-t-il ajouté.

Michael McCarthy, de CMC Markets, a relevé que ce rapprochement tenait plus de la reprise par Nine que de la fusion.

"Bien que les parties parlent de +fusion+, cela ressemble plus à un rachat compte tenu de la prime que Nine verse pour le contrôle de Fairfax", a-t-il dit.

Les actionnaires de Fairfax recevront 0,3627 action de Nine et 2,5 cents pour chacun de leur titre Fairfax, ce qui constitue une prime de 21,9% par rapport au cours de clôture de Fairfax mercredi, qui était de 77 cents.

L'action de Fairfax gagnait 12% jeudi matin, et celle de Nine reculait de 8%. La fusion doit être effectuée cette année, sous réserve de son approbation par le régulateur.

Son annonce a pris de nombreux journalistes australiens de court.

"Je ne l'avais pas vue venir. C'est un énorme changement dans le paysage médiatique australien", a déclaré sur Twitter Kate McClymont, une des grandes signatures du Sydney Morning Herald.

"Ils abandonnent le nom de Fairfax? J'ai envie de pleurer", a tweeté de son côté Virginia Trioli, présentatrice vedette de l'Australian Broadcasting Corporation, le réseau public.

Le syndicat Media, Entertainment and Arts Alliance a jugé le projet de fusion "mauvais pour la démocratie australienne, pour la diversité des voix dans ce qui est déjà un des secteurs médiatiques les plus concentrés au monde".

La fusion intervient quelques mois après le rachat en fin d'année dernière par la chaîne de télévision américaine CBS du troisième plus important réseau télévisé australien, Ten Network.

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