Orange enfin prêt à débouler dans la banque mobile

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Par AFP
Publié le 30 octobre 2017 - 08:29
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Stéphane Richard, PDG d'Orange, le 20 mai 2017 à Paris
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© ERIC PIERMONT / AFP/Archives
Le PDG du Groupe Orange, Stéphane Richard présentant le projet "Orange Bank" le 3 octobre 2017 à Paris
© ERIC PIERMONT / AFP/Archives

Enfin paré après plusieurs mois de préparation, l'opérateur Orange lancera jeudi sa banque mobile Orange Bank, devenant le premier géant des télécoms en France à tenter l'aventure sur un secteur déjà ardemment disputé par les établissements traditionnels et de nouveaux acteurs technologiques.

"Parmi les acteurs des néo-banques, c'est celui qui a le potentiel d'utilisateurs le plus important", résume à l'AFP Ratana Lyvong, spécialiste du secteur financier au cabinet d'audit RSM.

Orange proposera une série de services censés faciliter la vie du client à bas prix: ouverture de compte simplifiée, carte de paiement gratuite, consultation des opérations en temps réel...

Enclenché en 2016 avec l'acquisition des activités bancaires de Groupama, le lancement d'Orange Bank a pris son temps: d'abord évoqué pour début 2017, il a ensuite été annoncé pour juillet puis repoussé au 2 novembre.

Orange a des raisons de ne pas se précipiter: le groupe va miser 500 millions d'euros sur les dix prochaines années dans le but affiché d'atteindre deux millions de clients bancaires.

"Le seuil de rentabilité est (...) au mieux à cinq ans", prévient Alice Poizat, spécialiste des services financiers au cabinet de conseil Kea and Partners, interrogée par l'AFP.

Le marché s'annonce disputé: grand rival d'Orange sur le secteur des télécoms, Altice (SFR) a annoncé en juillet sa propre banque mobile d'ici 2019.

Quant aux banques classiques, les hésitations d'Orange leur ont laissé le temps de prendre position.

Le mastodonte BNP Paribas a racheté début 2017 la banque mobile Compte-Nickel, tout en détenant déjà la banque en ligne Hello Bank et une part de C-zam, compte exploité par le géant de la distribution Carrefour.

Crédit Mutuel-CM11 a annoncé une offre couplant compte bancaire et forfait téléphonique. Et c'est un secret de polichinelle, relayé par la presse, que Crédit Agricole prévoit une proposition semblable d'ici quelques semaines.

Le secteur est en outre riche en jeunes pousses ambitieuses. Si la plupart des acteurs historiques des banques en ligne ont été rachetés - Boursorama par Société Générale, Fortuneo par le Crédit Mutuel Arkéa - une nouvelle génération de "fintechs" est apparue sur la banque mobile, comme l'allemand N26.

- Force de frappe -

"On ne voit pas très bien en quoi l'offre va être différenciante" du côté d'Orange, s'interroge Martine Leconte, spécialiste des banques chez RSM.

Les experts soulignent que c'est en travaillant un public de niche que de nouveaux acteurs ont pu se faire une place, comme N26 ou Compte-Nickel, et non en tablant directement comme Orange sur un marché de masse.

"Le plus marquant pour Orange Bank, c'est de se présenter comme une banque de plein exercice", remarque Mme Poizat, soulignant la "volonté d'oser s'appeler banque sans pour autant renoncer à son identité."

Mais les analystes reconnaissent que la nature d'Orange fait aussi sa force et sa spécificité: un géant aux 25 millions de clients mobiles, au lieu d'une "fintech" aux quelques dizaines d'employés.

"Ils ont une énorme force de frappe donc ça pourrait leur faire l'avantage de capter le marché des autres", avance Mme Leconte.

Avec des atouts cruciaux: un réseau fourni en agences physiques et "une base de données clients inégalée en France", renchérit Mme Poizat.

"Les bases de données clients des opérateurs téléphoniques sont parmi les mieux qualifiées du marché, là où les banques peinent à avoir des choses de bonne qualité."

Autre avantage d'Orange, son savoir-faire dans les télécoms alors que l'utilisation de services bancaires passe de plus en plus par les téléphones mobiles.

"L'articulation entre une banque 100% digitale et le fait de s'adosser à son réseau (...), ce sont les premiers à essayer de faire ça", remarque Mme Poizat.

Elle cite cet assemblage comme l'un des grands défis d'Orange Bank, de même que sa capacité à "capter très rapidement" beaucoup de clients" pour compenser la gratuité partielle des services.

De fait, les différents experts restent prudents sur la rentabilité d'Orange Bank. Pour les analystes de RSM, c'est sur le crédit que les choses sérieuses commenceront, l'opérateur promettant déjà prêts immobiliers et à la consommation.

"Le DG est quand même André Coisne, quelqu'un qui a été l'ancien patron d'ING Direct et de Bforbank", deux banques en ligne historiques, conclut Yann Hadjadj, spécialiste des technologies au cabinet de recrutement Heidrick and Struggles. "C'est quelqu'un qui connaît très bien ces écosystèmes."

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