Pionnières, des copropriétés se lancent dans la rénovation énergétique

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Par AFP
Publié le 04 octobre 2017 - 10:51
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Une façade d'immeuble en construction à Toulouse, le 20 août 2012
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© PASCAL PAVANI / AFP/Archives
Une façade d'immeuble en construction à Toulouse, le 20 août 2012
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Faire des travaux de rénovation énergétique pour faire baisser sa facture de chauffage et réduire les émissions polluantes: si peu de copropriétés tentent l'aventure, coûteuse et complexe, certaines ne craignent pas de jouer les pionnières.

En bordure du joyeux et populaire marché d'Aligre, l'un des plus anciens de Paris, se dresse une résidence de 1967 avec ses grandes baies vitrées et ses balcons filants à chaque étage.

Chauffé par deux grosses chaudières qui engloutissaient jusqu'à 1.000 litres de fioul par jour en plein hiver, soit d'exorbitantes factures de 100.000 euros par an, cet immeuble de 10 étages était une vraie passoire thermique.

Il est aujourd'hui entièrement bâché pour un lifting d'ampleur qui comprend l'isolation de la façade, des planchers et de la toiture, la pose de double vitrage et l'installation de chaudières au gaz naturel.

"Il n'y avait pas eu de travaux depuis une trentaine d'années. Chauffage et eau chaude représentaient 50% de nos charges. Il a fallu se lancer... et ça coûte très cher !" explique à l'AFP Paulette Vincent, présidente du conseil syndical.

"Mais le conseil syndical s'est très bien entendu et nous avons beaucoup informé les copropriétaires avec des affichettes et du porte-à-porte".

Sur 1,5 million d'euros de travaux, 327.000 euros, soit 22% du coût total, sont couverts par des subventions et des aides de la région, la Ville de Paris et l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie).

Grâce aussi à un prêt Eco-PTZ collectif et un emprunt bancaire bonifié pour 414.000 euros, le reste à charge ira pour les copropriétaires, de 10.000 euros pour un studio à 24.000 euros pour un 4 pièces.

- 70% d'économies de charges -

Ces travaux doivent permettre à l'immeuble de passer de l'étiquette "E" à "B" et d'atteindre 70% d'économies de charges.

La copropriété a bénéficié de l'accompagnement de l'Agence Parisienne du Climat (APC), créée par la Ville de Paris pour mettre en oeuvre le Plan Climat. Celle-ci fournit un suivi gratuit à quelque 1.500 copropriétés de la capitale sur la plateforme CoachCopro et a créé un annuaire de 240 professionnels.

"Avec un programme de travaux relativement ambitieux, on gagne 2 ou 3 étiquettes énergétiques et l'on réalise 20 à 30% d'économies sur les charges. C'est vrai que ce seul argument ne suffit pas à motiver les copropriétaires", admet auprès de l'AFP Anne Girault, directrice de l'Agence parisienne du climat.

"Mais quand un patrimoine se dégrade ou quand un propriétaire ressent le confort, le plaisir d'être chez lui l'hiver alors qu'il avait une sensation de froid, cela motive vraiment".

A Paris, plus de 90% des logements ont été construits avant la première réglementation thermique de 1974, et les trois quarts sont regroupés dans quelque 47.000 copropriétés.

Deuxième source d'émissions de gaz à effet de serre, après le transport, le chauffage représente 60% de la consommation énergétique des bâtiments de la capitale, ce qui se traduit par des charges élevées.

Mais mener ces travaux d'ampleur est un parcours du combattant: outre la lenteur des prises de décisions en copropriété, le montage du dossier et l'obtention des aides sont souvent laborieux, et prennent trois ans en moyenne.

"Pour l'éco-PTZ collectif, nous discutons depuis décembre 2016 avec le Crédit foncier... qui nous demande encore des papiers", soupire Mme Vincent.

Autre difficulté: les modifications constantes des dispositifs d'incitation fiscale. Le dernier en date: l'exclusion des travaux de remplacement de fenêtres, portes et volets du crédit d'impôt transition énergétique (CITE), annoncée abruptement fin septembre.

Depuis le 27 septembre, le taux de crédit du CITE est passé de 30% à 15% pour ces travaux et à compter du 28 mars 2018, ils sortiront du dispositif.

"C'est très pénalisant pour les copropriétés qui l'avaient inscrit dans leur montage financier", souligne Mme Girault.

Pour les copropriétés prêtes à relever tous ces défis, la Ville de Paris lancera en décembre un nouvel appel à candidatures dans le cadre du dispositif "Eco-rénovons", qui en accompagne déjà 282.

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