Renault prend pied dans la presse en entrant dans Challenges

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Par AFP
Publié le 13 décembre 2017 - 14:05
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Renault va prendre une participation de 40% dans le groupe de presse Challenges, qui édite le magazi
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© LOIC VENANCE / AFP/Archives
Renault va prendre une participation de 40% dans le groupe de presse Challenges, qui édite le magazine économique du même nom et plusieurs autres titres.
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C'est une première pour Renault et pour l'automobile française: le constructeur va prendre une participation de 40% dans le groupe de presse de Challenges et Sciences & Avenir, pour tester la création de contenus adaptés aux utilisateurs de voitures connectées.

"Ensemble, on voudrait pouvoir rechercher et travailler sur le contenu de demain", a indiqué mercredi à la presse Carlos Ghosn. "Il faut qu'on regarde la possibilité de créer du contenu à la demande, en fonction du profil de l'utilisateur", sous la forme de textes ou d'émissions audio ou vidéo, a précisé le PDG de Renault.

Le groupe au losange va investir 5 millions d'euros et éponger les dettes de Challenges, a précisé à ses côtés Claude Perdriel, le président et fondateur du groupe qui outre l'hedomadaire économique (207.000 exemplaires vendus chaque semaine selon l'ACPM) comprend également les mensuels Sciences & Avenir, La Recherche, L'Histoire et Historia.

C'est une bonne nouvelle pour l'hebdomadaire, dont les ventes se redressent tout juste après de graves difficultés budgétaires et un plan d'économies. Le groupe, dont le chiffre d'affaires oscille entre 43 et 45 millions d'euros, devrait "embaucher" à la suite de cette annonce, a précisé M. Perdriel.

Le fondateur du Nouvel Observateur, qui l'a vendu au Monde en 2014, explique avoir hésité avant d'accepter cette offre du géant de l'automobile, mais considère qu'il faut se préparer à un avenir de la presse écrite "effrayant".

Au terme de cette transaction, le groupe Challenges sera détenu à 60% par son actionnaire historique et PDG, Claude Perdriel, et à 40% par Renault. M. Perdriel en restera le PDG.

-Un objectif 'mondial'-

Pour Renault, cette petite prise de participation (sur un budget d'investissement annuel du groupe de 1,1 milliard d'euros) a valeur de test, alors que l'ensemble des 10 millions de voitures vendues chaque année par l'alliance Renault-Nissan (qui comprend aussi les marques Mitsubishi, Dacia, Renault Samsung Motors, Alpine et Lada) devraient être "connectées" d'ici 2022.

"Notre objectif est mondial (...), avec un test grandeur nature dans le groupe Challenges", a expliqué Carlos Ghosn, qui n'exclut pas d'autres acquisitions ou partenariats dans la presse à l'avenir.

Quand les conducteurs s'occuperont moins du volant, que les écrans seront partout, "le contenu déterminera le choix de la voiture", a assuré Carlos Ghosn.

Le PDG de Renault a choisi le groupe Challenges car ses magazines s'intéressent à des thèmes "exploitables à une échelle mondiale" (économie, sciences, histoire), selon lui. En maîtrisant la production de ses contenus, Renault souhaite notamment prendre les devants face à de nouveaux concurrents comme Google, qui investit massivement dans l'automobile.

Ce partenariat n'est pas sans rappeler certains opérateurs de télécoms, comme SFR, qui ont racheté des journaux et incluent dans leurs forfaits l'accès à des titres de presse en version numérique.

En dépit de cette prise de participation, les journalistes de Challenges continueront à traiter de l'actualité automobile de façon indépendante, selon sa direction, et la Renault en Une de son numéro à paraître jeudi est une "coïncidence".

Après avoir rencontré Claude Perdriel mercredi après-midi, la société des journalistes de Challenges a "pris acte" dans un communiqué de l'arrivée de Renault. Les journalistes ont rappelé les termes de la charte de Challenges, qui stipule que "le ou les actionnaires s’interdisent d’intervenir d’une quelconque manière sur le travail des journalistes, au cours des enquêtes comme dans leurs écrits".

La SDJ a estimé que cette "concomitance" d'une voiture Renault en Une "nuit gravement à l’image du journal, même si les journalistes auteurs du dossier affirment avoir pu travailler en toute indépendance".

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