Renault : un conseil d'administration pour prolonger Carlos Ghosn

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Par Daniel ARONSSOHN - Paris (AFP)
Publié le 15 février 2018 - 08:38
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Renault-Nissan Chairman and CEO Carlos Ghosn (L) talks with the head of the French parliament finance commission Eric Woerth as he arrives to attend his hearing by the Economic and Finance commissions
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© ERIC PIERMONT / AFP/Archives
Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, s'entretient avec Eric Woerth, président de la commission des Finances à l'Assemblée nationale, à Paris, le 17 janvier 2018
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Un conseil d'administration de Renault devrait acter jeudi un renouvellement du mandat de PDG de Carlos Ghosn, et préparer sa succession en désignant Thierry Bolloré comme numéro deux du constructeur automobile, selon des sources concordantes.

Les annonces sont attendues dans la soirée à l'issue de la réunion au siège du groupe à Boulogne-Billancourt, près de Paris. Tôt le lendemain, vendredi, Renault publiera ses résultats financiers pour l'année 2017.

L'Etat français, qui détient 15,01% du capital de Renault et 21,93% des droits de vote, insiste de longue date pour créer ce poste de numéro deux. Celui-ci aurait vocation à succéder ultérieurement à Carlos Ghosn qui aura 64 ans en mars. Le gouvernement n'a pas caché sa volonté de voir nommé un Français.

Selon une source proche de Renault, l'actuel directeur délégué à la compétitivité, Thierry Bolloré, 54 ans, (cousin éloigné de Vincent Bolloré) tiendrait la corde pour être proposé jeudi comme numéro deux. "Cette solution conviendrait à l'Etat", dit-on à Bercy.

L'actionnaire public réclame aussi une feuille de route sur l'avenir de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, devenu le premier constructeur automobile mondial l'an dernier avec 10,6 millions de véhicules vendus.

"On travaille toujours avec Carlos Ghosn sur la définition de cette feuille de route. On n'a pas encore tous les éléments qui nous conviennent sur la meilleure intégration des deux entreprises" Renault et Nissan, a déclaré à l'AFP un porte-parole de Bercy en début de semaine.

Le ministère des Finances a signalé son soutien à un nouveau mandat de quatre ans pour Carlos Ghosn, dont le mandat actuel s'achève au printemps.

Bercy s'inquiète cependant de l'après Carlos Ghosn et souhaite protéger l'ancrage français du groupe.

L'alliance franco-japonaise, aux équilibres complexes, repose aujourd'hui en grande partie sur la personnalité du dirigeant franco-libano-brésilien.

Renault possède 43,4% de Nissan, qui détient lui-même 15% de Renault et 34% de Mitsubishi, dont il est premier actionnaire. L'alliance aux dix marques partage une large base industrielle commune, comparable à celle d'un groupe intégré, tout en conservant pour chaque entreprise une gouvernance propre.

Carlos Ghosn cumule les fonctions de président du conseil d'administration de Mitsubishi et de Nissan, tout en étant PDG de Renault et de l'Alliance.

L'Etat souligne la qualité de son bilan et se félicite de l'accession du constructeur français au rang de numéro un mondial, avec ses partenaires japonais. Le groupe Renault, à lui seul, a affiché des ventes record (3,76 millions de véhicules) l'an dernier.

"L'entreprise est sur une bonne voie", estime-t-on à Bercy, même si des désaccords existent avec le PDG. Ainsi, la rémunération de M. Ghosn (7 millions d'euros en 2016) n'avait pas été approuvée par l'Etat en assemblée générale l'an dernier.

Concernant le poste de numéro deux, on estime chez Renault que Thierry Bolloré présenterait plusieurs atouts: "il connaît l'automobile, il sait travailler avec les Japonais et il connaît le fonctionnement de l'Alliance". Cet ancien de Michelin et de Faurecia, titulaire d'un MBA de Paris Dauphine, a rejoint le groupe en septembre 2012.

Le choix probable de M. Bolloré semble cependant avoir provoqué une certaine ébullition au sein des instances dirigeantes. Le directeur à la performance, l'Allemand Stefan Mueller, considéré comme un concurrent sérieux pour le poste, a annoncé mercredi son départ, officiellement pour raisons de santé.

Et l'ancien patron de Total, Thierry Desmarets, administrateur chez Renault, a annoncé mardi qu'il quittait ses fonctions pour des raisons "exclusivement d'ordre personnel et d'âge".

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