Rome maintient son projet de budget, rejeté par Bruxelles

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Par Olivier BAUBE - Rome (AFP)
Publié le 09 novembre 2018 - 19:34
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Giovanni Tria, le ministre italien des Finances, le 6 novembre 2018 à Bruxelles
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Giovanni Tria, le ministre italien des Finances, le 6 novembre 2018 à Bruxelles
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Le gouvernement italien a réaffirmé haut et fort au terme d'une rencontre avec le président de l'Eurogroupe qu'il n'a pas l'intention de revoir son projet de budget pour l'an prochain, et espère désormais être entendu par Bruxelles et ses partenaires européens.

"Les piliers (du projet de budget) resteront inchangés", a assuré vendredi le ministre des Finances Giovanni Tria, après une rencontre avec Mario Centeno, président de l'Eurogroupe, constitué des ministres des Finances de la zone euro.

Ce dernier avait invité Rome à présenter mardi un projet "révisé" afin de "dissiper les doutes" des marchés et des partenaires européens de l'Italie.

La coalition populiste au pouvoir à Rome a jusqu'à mardi prochain pour présenter un budget révisé à l'UE, sans quoi elle s'expose à des sanctions financières. La Commission européenne juge que ce projet de budget est fondé sur des prévisions de croissance trop optimistes et est "hors des clous" en ce qui concerne le déficit public.

Le projet présenté par Rome prévoit en 2019 un déficit de 2,4% par rapport au produit intérieur brut (PIB), quand le gouvernement précédent s'était engagé à un chiffre de 0,8%.

Ce serait un "suicide" de vouloir respecter ce plafond de déficit, a fustigé M. Tria devant la presse, pour qui le ralentissement économique en cours en Italie "renforce" les raisons pour lesquelles le nouveau gouvernement populiste a choisi de présenter un budget en forte expansion.

- Bonne foi -

Et M. Tria veut croire que Bruxelles et ses partenaires entendront ses raisons, même s'il reconnaît que l'Italie ne respecte pas les règles budgétaires européennes. L'Allemagne ou la France ne l'ont pas non plus fait pendant des années, ont toujours négocié et évité des sanctions financières, a expliqué le ministre italien qui espère qu'il en sera ainsi également pour son pays.

Et pour prouver sa bonne foi, le gouvernement assure qu'il respectera coûte que coûte le chiffre de 2,4%, y compris en imposant des conditions pour ne pas le dépasser. Le gouvernement "tiendra compte des changements continuels" de l'environnement économique, a assuré M. Tria.

"Sincèrement, je veux expliquer (à la Commission) que le chiffre de 2,4% est un maximum", a assuré devant la presse étrangère le vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio.

La Commission européenne a pourtant jugé jeudi que ce déficit atteindrait 2,9% l'an prochain et qu'il dépasserait les 3% les années suivantes.

Le gouvernement italien martèle que ce projet de budget, qui inquiète plusieurs pays européens et les marchés financiers, permettra un regain de croissance, indispensable dans un pays lanterne rouge en la matière dans la zone euro.

- "piège de la croissance faible" -

"Il faut sortir du piège de la croissance faible", a expliqué M. Tria vendredi devant une commission parlementaire. Le ministre, en dépit du ralentissement observé au 3e trimestre, table toujours sur une hausse du PIB de 1,5% l'an prochain, un chiffre jugé très optimiste à Bruxelles, où on s'attend plutôt à 1,2%.

M. Tria a assuré que les dépenses supplémentaires contenues dans le budget 2019 permettraient un regain de croissance de 0,6 point de pourcentage, une estimation "prudente", a-t-il insisté.

Les marchés financiers restent néanmoins préoccupés par ce projet de budget en expansion dans un pays où la dette atteint déjà plus de 130% du PIB, soit le niveau le plus élevé de la zone euro après la Grèce.

M. Di Maio a assuré que le spread, l'écart très surveillé entre les taux d'intérêt allemand et italien, baissera quand le contenu du projet de budget aura été écrit noir sur blanc. Le spread, qui évolue autour des 300 points de base, a doublé depuis mi-mai, début des négociations pour la formation du nouveau gouvernement populiste italien. Ce niveau, s'il devait se maintenir sur la durée, serait "préoccupant", a toutefois reconnu vendredi M. Tria devant le parlement italien.

L'Italie a en tout cas réaffirmé avec force son engagement à rester dans la zone euro: "je vous le garantis", a assuré M. Di Maio.

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