TGV du virement bancaire, le "paiement instantané" débarque en France

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Par Benoit TOUSSAINT - Paris (AFP)
Publié le 06 juillet 2018 - 11:45
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Choisir un bénéficiaire, définir un montant, envoyer... et c'est tout. Quelques secondes plus tard, l'argent est arrivé à destination grâce au "paiement instantané", dernier-né de l'innovation bancaire sur le point de faire ses débuts en France.

Le bancassureur mutualiste BPCE lancera mardi la toute première offre d'indemnisation instantanée des sinistres de ses assurés.

Une fois la déclaration d'un dégât envoyée, le compte de l'assuré sera immédiatement crédité de l'indemnisation octroyée, promet la banque, là où cette opération durait jusqu'à présent trois jours, avec une journée pour valider le dossier et deux pour acheminer électroniquement les fonds à bon port.

En outre, les Caisses d'épargne et les Banques populaires, les deux réseaux bancaires du groupe, proposeront dès l'automne à leurs clients un service en ligne, via smartphone ou ordinateur, d'émission et de réception de paiements instantanés disponible à tout moment.

Dans un premier temps, chaque virement instantané sera plafonné à 15.000 euros et effectif dans un délai maximum de 10 secondes.

Parmi les autres établissements, Crédit Agricole proposera les paiements instantanés en novembre 2018 en réception et début d'année 2019 en émission, BNP Paribas promet sa technologie "maison" pour la fin de l'année tandis que Société Générale assure que "le projet avance bien" sans donner de calendrier.

A la clé, de multiples usages possibles comme rembourser ses proches, transférer rapidement de l'argent à l'étranger, obtenir immédiatement un crédit à la consommation, régler l'achat d'un bien d'occasion à un autre particulier, payer l'intervention d'un artisan à domicile ou encore recevoir plus rapidement son salaire mensuel. Pour les entreprises, cette technologie porte aussi la promesse de limiter les retards de paiements.

- Retard en France -

En Europe, le paiement instantané est déjà une réalité dans plusieurs pays, comme en Espagne, en Allemagne, en Grande-Bretagne ou en Suède.

"La France était en retard sur ce sujet, avec une pression concurrentielle moindre qu'ailleurs. Ce qui fait bouger les banques, c'est le sentiment d'être un peu plus vulnérables à l'arrivée de nouveaux acteurs" souvent venus du numérique, explique à l'AFP Julien Maldonato, expert du secteur financier chez Deloitte.

Au-delà même de vouloir barrer la route à la concurrence, "le paiement instantané présente un potentiel important, qu'il s'agisse de remplacer à terme le chèque, réduire les coûts liés à la fraude, diminuer le cash et les frais de gestion qui y sont associés, tout en complétant une gamme de moyens de paiement qui doit encore s'enrichir", ajoute M. Maldonato.

Sans compter que cette technologie permet aussi de réduire l'emprise de mastodontes tels que Visa ou Mastercard sur le paiement, un secteur crucial à l'heure où les données des clients font office de nouvel or noir, confie à l'AFP un fin connaisseur de la finance.

L'enjeu est de taille pour les banques dont les activités de détail sont mises à mal par les taux d'intérêts très bas qui compliquent la tâche de faire fructifier l'argent, ce qui les pousse à chercher de nouvelles sources de revenu tout en serrant la vis du côté des dépenses.

- Des défis à surmonter -

Dans un livre blanc récent, BPCE estime qu'entre 6 et 13% des transactions scripturales (chèques, cartes, virements) en France pourraient être réalisées par paiement instantané d'ici à 2022.

"Le paiement instantané apporte un potentiel de simplicité accrue par rapport aux autres moyens de paiement", explique BPCE, mais il aura besoin pour se développer auprès du grand public et du commerce "de règles d'acceptation communes en Europe, de parcours clients fluides et unifiés sans différence selon la banque".

"On estime que 80% des banques doivent être atteignables pour que les clients considèrent le service comme correct", explique à l'AFP Marc Espagnon, responsable paiement chez BNP Paribas.

Pour atteindre ce résultat, "il va falloir être capable d'exécuter ces opérations très rapidement, mais également de passer au travers d'un certain nombre de filtres de contrôles liés à la lutte contre le blanchiment, le terrorisme, aux règles de sanctions et d'embargo", ajoute M. Espagnon.

Ce qui implique d'importants investissements pour les banques qui soupèsent l'opportunité de facturer le service aux clients. Mais pour l'heure, pas un mot! Aucune n'a dévoilé ses intentions en la matière.

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