Veaux, vaches, cochons et coups de pression : la cause animale à l'Assemblée

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Par Charlotte HILL - Paris (AFP)
Publié le 28 mai 2018 - 12:30
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Images de cochons suspendus dans l'abattoir municipal d'Alès prises par l'association L214, le 14 octobre 2015
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© - / COURTESY OF L214 VIA YOUTUBE/AFP/Archives
Images de cochons suspendus dans l'abattoir municipal d'Alès prises par l'association L214, le 14 octobre 2015
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Veaux, vaches, cochons ou poules et "50 mails par heure": temps fort ces derniers jours à l'Assemblée nationale sur la cause animale, qui s'invite de plus en plus dans le débat politique, avec des associations très actives et des stars en soutien.

Le sujet du bien-être animal, inclus dans un volet du projet de loi agriculture et alimentation, et auquel le ministre Stéphane Travert s'est dit "particulièrement attentif", a été propulsé au devant de la scène ces dernières années par la diffusion de vidéos choc.

Ces derniers jours, pour peser sur les débats en première lecture, des stars sont venues en renfort, telles Brigitte Bardot et Sophie Marceau. La première a plaidé pour la vidéosurveillance dans les abattoirs avec des images de cochons ou moutons égorgés. La seconde a interpellé, vidéo de l'association L214 dans un élevage à l'appui, les députés sur le "supplice vécu chaque année par 33 millions de poules pondeuses" en cage.

Très actives sur les réseaux sociaux, les associations n'ont pas hésité à interpeller les élus avec des messages en cascade: "J'attends de (Untel, NDLR) des actions contre la #SouffranceAnimale".

Le sujet s'est aussi invité samedi dans la "marée populaire" contre la politique d'Emmanuel Macron avec, par exemple, des pancartes "libérez les poules ou on vous casse les œufs" d'EELV.

Depuis quelques temps, les députés sont "inondés de mails", selon Marc Fesneau (MoDem). Le vice-président du groupe LREM Gilles Le Gendre a fait état de "50 mails par heure", confiant que le bien-être animal suscite une "sensibilité aiguë" au sein de son groupe.

Certains ont rencontré les associations. Sur Twitter, Cédric Villani (LREM) s'est notamment affiché aux côtés de militants de L214, plaidant que "le bien-être animal doit progresser" dans le texte.

Le projet de loi, examiné depuis mardi sans discontinuer, au point d'avoir des airs de "journée de la marmotte", selon Eric Bothorel (LREM), prévoit diverses mesures sur la maltraitance.

- "Reniement" -

Le sujet a occupé l'hémicycle durant de longues heures dimanche, Jean-Luc Mélenchon (LFI) soulignant "la solennité, l'importance du moment".

"Le texte est trop dans la répression de la maltraitance et pas assez dans l'incitation en faveur du bien-être animal", a relevé Eric Diard, un LR en pointe.

L'Assemblée a donné son feu vert à un doublement des sanctions en cas de mauvais traitements sur les animaux (portées à un an d'emprisonnement et à 15.000 euros d'amende), et à la création d’un nouveau délit visant à réprimer les mauvais traitements envers les animaux commis dans les transports et les abattoirs.

Des amendements d'Insoumis, de LR ou de non-inscrits visant à interdire la castration à vif des porcelets, le broyage des poussins mâles, les cages pour l'élevage des lapins et encore les "fermes-usines" ont été rejetés.

L'interdiction de l’installation de tout nouvel établissement d’élevage de poules pondeuses en cage a en revanche recueilli l'unanimité.

Mais, au grand dam de plusieurs députés y compris LREM, aucune date d'interdiction pour la vente même des oeufs de poules en cage n'a été fixée, alors que le candidat Emmanuel Macron s'y était engagé pour 2022. Stéphane Travert a fait état d'un "engagement" de la filière en faveur de 50% d'oeufs coquilles issus d'élevages alternatifs à cet horizon.

Des flots de tweets critiques de militants de la cause animale ont accueilli dans la nuit le vote d'une simple expérimentation de la vidéosurveillance dans les abattoirs, alors que le candidat Emmanuel Macron avait laissé entendre qu'elle serait obligatoire, dans la lignée d'une proposition de loi d'Olivier Falorni votée par l'Assemblée (mais pas définitivement) en janvier 2017.

"Régression et reniement", a accusé sur Twitter le député, qui était de nouveau monté au front pour imposer une obligation.

L'Assemblée nationale "préserve l’opacité des abattoirs", a aussi critiqué l'association L214, à l'origine de la diffusion de vidéos qui avaient secoué l'opinion il y a deux ans.

Pour CIWF, association dédiée au bien-être des animaux d'élevage, globalement "les députés sont restés frileux" et l'heure est aux "demi-mesures".

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