1er-Mai : à La Rotonde, les propriétaires ne veulent pas connaître le sort du Fouquet's

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Par Fabrice RANDOUX - Paris (AFP)
Publié le 30 avril 2019 - 20:03
Mis à jour le 01 mai 2019 - 01:16
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Installation de panneaux en bois pour protéger les vitrimes des commerces avant le défilé du 1er-Mai, le 30 avril 2019 à Paris
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© Martin BUREAU / AFP
Installation de panneaux en bois pour protéger les vitrimes des commerces avant le défilé du 1er-Mai, le 30 avril 2019 à Paris
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"On a peur du syndrome du Fouquet's". Les patrons de la brasserie La Rotonde, à Montparnasse, sont un peu nerveux à la veille de la manifestation du 1er Mai pendant laquelle ils devront fermer, comme tous les commerces le long du parcours.

"On va fermer comme nous le demande la préfecture de police alors que c'est une des meilleures journées de l'année. Et tout le personnel est content de travailler car il est payé double !", pestent Serge et Gérard Tafanel, propriétaires du célèbre restaurant depuis 27 ans.

Situé au début du parcours de la manifestation mercredi, qui doit se dérouler du boulevard Montparnasse à la place d'Italie, le restaurant craint d'être ciblé comme "symbole macroniste", le chef de l'Etat y ayant célébré sa qualification au second tour de la présidentielle.

"On n'a pas peur des cortèges syndicaux mais des +gilets jaunes+ et des black blocs", résume Serge Tafanel.

Lors des manifestations contre la loi Travail en 2016, "on avait eu des vitrines cassées mais là on craint que ce soit plus chaud", dit-il, avec en tête les images du Fouquet's, pillé et brûlé lors de l'Acte 18 des "gilets jaunes" le 16 mars.

Des CRS vont stationner devant la brasserie mais "on ne veut pas qu'ils risquent leur vie pour une vitrine", ajoute-t-il.

Le personnel va travailler une bonne partie de la nuit pour installer des planches sur les vitres, déménager ce qui peut l'être comme les bouteilles de vin en évidence à l'entrée....

"Et on pourra même pas rouvrir demain soir car la société qui nous livre le matériel de protection ne travaillera pas demain", soupire Serge Tafanel.

- Moyens de protection -

Depuis le début du mouvement des "gilets jaunes", son frère Gérard constate "une baisse de chiffre d'affaires le samedi". "Les provinciaux et les banlieusards ne viennent plus sur Paris le samedi. Et les hôtels ont eu moins de touristes étrangers à nous envoyer", déplore-t-il.

Gérard Tafanel se demande néanmoins "si la meilleure protection n'aurait pas été de rester ouvert car on n'attaquerait peut-être pas des clients attablés".

Les restaurateurs n'ont de toute façon pas eu le choix car le préfet de police de Paris a pris un arrêté obligeant les responsables des commerces, débits de boissons et restaurants à fermer leurs portes et "à mettre en place des moyens de protection de leurs établissements".

Les terrasses ou étalages devront être vidés "de tout mobilier pouvant servir de projectile ou d'arme par destination". Ces mesures pourront être levées en fonction de l'évolution de la situation.

Au 87 boulevard du Montparnasse, le gérant de la Clinique du Scooter, Bruno Moreau, prend ces consignes "avec philosophie".

Elles vont cependant l'obliger à ranger dans un box ses scooters d'occasion qu'il laisse habituellement sur le trottoir, et à espérer que le rideau de fer suffira à protéger son magasin.

A côté, au cinéma Le Bretagne, Emmanuelle, à la caisse, attend encore les consignes de la direction pour savoir si le cinéma fermera.

"Il y a trois ans, une porte du cinéma était restée ouverte, ce qui avait permis à des manifestants qui paniquaient un peu de se réfugier à l’intérieur", se souvient-elle.

"Si on ferme, c'est dommage car il y aurait eu certainement beaucoup de monde pour voir Avengers", sourit-elle.

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