Accélération des créations d'emploi au premier trimestre en dépit d'une croissance modeste

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Par Fabrice RANDOUX - Paris (AFP)
Publié le 12 juin 2019 - 15:12
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Evolution trimestrielle des créations et destructions d'emplois salariés depuis 2014, dans le privé et dans le public
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© Vincent LEFAI / AFP
Créations d'emplois salariés.
© Vincent LEFAI / AFP

Les créations d'emploi se sont accélérées au premier trimestre avec plus de 90.000 nouveaux postes, un chiffre qui surprend les économistes au regard de la modestie de la croissance et devrait permettre la poursuite de la baisse du chômage.

Selon l'Insee, qui a revu mercredi à la hausse son estimation provisoire, "l'emploi salarié augmente de nouveau solidement dans le privé (+92.800 après +67.900 au quatrième trimestre) et demeure quasi stable dans la fonction publique (+1.000 après +2.000)".

Sur un an, l'emploi s'accroît de 218.600 (+0,9%): +225.400 dans le privé et -6.800 dans le public. Une augmentation continue depuis le deuxième trimestre 2015.

"Pour ce trimestre, c'est un très bon cru. Jamais on n'a créé autant d'emplois à croissance donnée", constate Eric Heyer, économiste à l'OFCE.

Selon l'Insee, la croissance s'est élevée à 0,3% au premier trimestre et la Banque de France ne prévoit que 1,3% sur l'ensemble de l'année dans ses dernières prévisions publiées mardi.

Pour M. Heyer, il faut d'ailleurs peut-être s'attendre à une révision à la hausse dans les prochains mois des chiffres de l'Insee sur le PIB.

L'autre explication possible est que "la croissance est aujourd'hui plus riche en emplois" avec "un ralentissement des gains de productivité du travail", selon Yannick L'Horty, professeur d'économie à l'université Paris-Est-Marne-la-Vallée

Selon lui, cette productivité très faible "est liée au moins en partie aux politiques de l'emploi", notamment en matière de baisse du coût du travail, notamment la bascule cette année du CICE en exonération de cotisations sociales.

"A croissance donnée, il est aujourd'hui moins coûteux d'embaucher", estime-t-il, "dans un contexte où les règles d'embauche et de licenciement ont été également facilitées par les ordonnances".

"Le CICE a été considéré par les entreprises comme un crédit d'impôt. Or on sait que l'incidence sur l'emploi est plus forte avec une baisse du coût du travail qu'avec une baisse de l'impôt", confirme M. Heyer.

Tous les secteurs de l'économie créent des emplois, y compris l'industrie (+7.500 sur le trimestre, +18.800 sur un an), notamment l'agroalimentaire et l'énergie-eau-déchets.

La principale accélération est dans la construction (+16.100, soit +1,2%). C'est la plus forte hausse sur un trimestre depuis fin 2007. Sur un an, la hausse atteint 36.500 (+2,7%).

Le principal secteur créateur d'emplois reste néanmoins celui des services marchands. Hors intérim, il progresse de 60.500 (soit +0,5%) et sur un an de 178.200 (+1,6%).

- difficultés de recrutement ? -

Ces chiffres confirment les différents baromètres sur les projets d'embauche, notamment l'enquête annuelle de Pôle emploi, qui prévoyait de fortes intentions d'embauche dans les services à la personne et dans la construction, avec davantage de recrutement en CDI et à temps plein.

D'après l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss), les déclarations d'embauche en CDI ont ainsi progressé de 5% entre les premiers trimestres 2018 et 2019.

"Cela montre en tout cas que les difficultés de recrutement avancées par les entreprises n'empêchent pas les recrutements de se réaliser", constate M. L'Horty.

Pour M. Heyer, "ces chiffres mettent à mal cette thèse des difficultés de recrutement qui devraient se traduire par une augmentation des salaires et une hausse des gains de productivité. Or, c'est l'inverse qu'on constate".

En conséquence, même si d'autres facteurs entrent en jeu, avec 90.000 créations d'emplois, le taux de chômage devrait continuer à baisser "d'autant que la population active n'augmente que d'environ 25.000 personnes par trimestre", selon M. Heyer.

Au 1er trimestre, selon les chiffres provisoires de l'Insee, ce taux, mesuré selon les normes du Bureau international du travail (BIT), a reculé de 0,1 point à 8,7% de la population active pour la France entière (hors Mayotte), soit son plus bas taux depuis 10 ans.

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