Acculé, Canal+ va supprimer environ 500 postes en France pour "préparer l'avenir"

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Par Séverine ROUBY - Paris (AFP)
Publié le 09 juillet 2019 - 18:34
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Le président de Canal+ Maxime Saada, le 19 avril 2018 à Paris
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© ERIC PIERMONT / AFP/Archives
Le président de Canal+ Maxime Saada, le 19 avril 2018 à Paris
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Bousculé par la concurrence des plateformes américaines type Netflix et les bouleversements du secteur audiovisuel, Canal+ va procéder à un nouveau plan de suppressions de postes via environ 500 départs volontaires, afin de "préparer l'avenir".

Dans le détail, ce sont "un maximum de 492 personnes" qui seront concernées par ce "projet de transformation", l'équivalent de 18% des effectifs en France - 2.600 personnes, ont annoncé ses dirigeants.

Au total, en ajoutant des postes actuellement inoccupés, ce sont 544 postes qui seront supprimés, selon le syndicat maison PlusLibres, qui dénonce dans un communiqué "l'absence criante d'une stratégie de relance" et "déplore que la majorité des décisions prises ces dernières années visent à réduire les coûts pour servir les intérêts de notre actionnaire".

Toutes les activités françaises sont concernées: la société de production et distribution Studiocanal, la chaîne cryptée et les chaînes gratuites à l'exception de CNews, a indiqué le patron du groupe Maxime Saada lors d'une conférence téléphonique. Il n'a pas souhaité donner le détail des métiers touchés ni l'objectif d'économies recherché.

Dans le cadre de son projet de réorganisation, le groupe envisage de regrouper toutes ses activités au sein d'un même immeuble (contre trois actuellement) et de se recentrer sur certaines activités sans préciser lesquelles.

"En dépit des initiatives qu'on a lancées en 2015: la refonte totale de nos offres, le développement de nouveaux partenariats avec les opérateurs téléphoniques, les investissements soutenus dans les programmes (plus de 3 milliards d'euros) et la technologie et un plan d'économies s'élevant à 1 milliard d'euros d'économies en cumulé, force est de constater qu'on n'a pas réussi à enrayer les difficultés de Canal+ en France", a déploré Maxime Saada.

"L'enjeu pour nous, c'est de se préparer à l'avenir face à des concurrents mondialisés, mono-thématiques -alors que nous croyons et continuons de croire dans le modèle généraliste-, et qui n'ont pas les mêmes contraintes réglementaires et fiscales", a-t-il détaillé.

La filiale du groupe Vivendi doit faire face depuis plusieurs années à un contexte difficile en France, avec notamment la concurrence dans le sport de BeIN Sports, SFR (Altice) et bientôt celle de Mediapro, et, dans les séries et films, l'essor accéléré des plateformes de vidéo sur abonnement comme Netflix et Amazon Prime.

- "Deuxième vague" -

Le groupe se prépare en outre à la "deuxième vague", celle des studios américains comme Disney qui vont ouvrir leurs propres plateformes ou celle des concurrents chinois.

Sur le front du sport, où le groupe a notamment perdu les droits de la Ligue 1 pour 2020-2024 au profit de Mediapro, les dirigeants ont toutefois assuré que ce n'était pas "la perte des droits du foot qui a motivé ce projet". "Le sport sera peu ou pas touché par le plan", a indiqué Franck Cadoret, directeur général adjoint de Canal+.

La montée en puissance de la concurrence a pesé sur le parc d'abonnés directs et a obligé le groupe à lancer des services moins chers, comme la plateforme MyCanal et la nouvelle offre Canal+ Séries (qui compte aujourd'hui plus d'un million d'abonnés, selon les dirigeants).

Canal+ comptait l'an dernier 16,2 millions d'abonnés dans le monde, dont 8,3 millions en France. Mais chez ces derniers, les abonnements individuels directs ont reculé de 300.000 par rapport à 2017, à 4,73 millions, les autres abonnés étant quant à eux issus de partenariats avec des opérateurs de télécoms.

Si globalement les activités du groupe en France sont rentables, la contribution du pays aux revenus du groupe est "très inférieure" à celle des activités à l'international (il est notamment présent en Pologne, en Afrique, au Vietnam, en Birmanie), bien plus dynamiques.

En France, ce n'est pas la première fois que le groupe se résout à réduire ses effectifs. Il y a deux ans, il avait procédé à une restructuration de ses centres d'appel (centres de relation clientèle ou CRC), qui a concerné environ 340 personnes.

Le plan actuel, présenté mardi aux représentants du personnel, fera l'objet de négociations à partir de mi-juillet et jusqu'à la fin de l'année.

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