Accusations d'Adèle Haenel : le réalisateur Christophe Ruggia en garde à vue

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Par Benjamin LEGENDRE, Mehdi CHERIFIA - Paris (AFP)
Publié le 14 janvier 2020 - 16:58
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Christophe Ruggia, le 21 octobre 2015 à Paris
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© Francois Guillot / AFP/Archives
Le cinéaste Christophe Ruggia en 2015 à Paris
© Francois Guillot / AFP/Archives

Accusé d'"attouchements" sur l'actrice Adèle Haenel lorsqu'elle était adolescente, le réalisateur Christophe Ruggia était en garde à vue mardi pour s'expliquer sur cette mise en cause qu'il conteste, dans une affaire qui secoue le cinéma français depuis cet automne.

La comédienne de 31 ans, récompensée par deux César, affirme avoir été victime d'"attouchements" et de "harcèlement sexuel" de la part de M. Ruggia quand elle était âgée de 12 à 15 ans.

Ces agissements se seraient notamment produits durant le tournage du film "Les Diables" (2002) réalisé par M. Ruggia et dans lequel, alors âgée de 13 ans, elle incarne une fillette autiste, abandonnée avec son frère à la naissance, qui fugue sans arrêt pour retrouver ses parents.

Interpellé mardi matin à son domicile, le réalisateur de 55 ans a ensuite été placé en garde à vue à Nanterre par les enquêteurs de l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP), une mesure qui peut durer jusqu'à 48 heures.

Après avoir témoigné auprès de Mediapart et refusé dans un premier temps de saisir la justice, Adèle Haenel avait finalement porté plainte quelques jours après l'ouverture par le parquet de Paris d'une enquête pour "agressions sexuelles" sur mineure de moins de 15 ans "par personne ayant autorité" et "harcèlement sexuel".

Entendue par les enquêteurs le 26 novembre et le 2 décembre, elle avait alors expliqué dans un communiqué avoir décidé de "s'engage(r) activement dans cette procédure, considérant qu'il est de sa responsabilité de justiciable comme de personnalité publique d'y prendre part, au regard de la gravité des faits dénoncés et des conséquences pour chacun".

L'actrice avait ajouté que "les dénégations publiques" de Christophe Ruggia l'avaient "déterminée à obtenir judiciairement la reconnaissance de son statut de victime".

Ces accusations ont provoqué un séisme dans le milieu du cinéma français, jusque-là resté assez imperméable au mouvement #MeToo. Quelques jours plus tard, de nouvelles accusations de viol portées par une photographe française contre le célèbre réalisateur franco-polonais Roman Polanski ébranlaient de nouveau le milieu du 7e art.

- Suspension -

Christophe Ruggia, peu connu du grand public, s'est défendu à plusieurs reprises dans les médias, assurant par exemple avoir "commis l'erreur de jouer les pygmalions avec les malentendus et les entraves qu'une telle posture suscite".

Dans Marianne, le cinéaste, engagé ces dernières années en faveur des réfugiés et des sans-papiers, a aussi affirmé en décembre qu'Adèle Haenel lui était hostile car il lui avait refusé un film.

"Après ce premier film (+Les Diables+, ndlr), où Adèle était éblouissante, je lui avais promis d'écrire à nouveau pour elle. J'ai donc rédigé un scénario avec un rôle pour elle et un pour Vincent Rottiers (autre comédien des +Diables+), mais mon producteur ne voulait pas en entendre parler", a raconté le réalisateur.

"Elle misait tout sur mon futur film. Le lendemain, je recevais une lettre d'une violence inouïe où elle racontait qu'elle stoppait le cinéma parce que je l'avais trahie et manipulée", a-t-il poursuivi.

D'abord radié de la Société des réalisateurs de films (SRF), une des principales organisations de cinéastes forte de 300 adhérents, Christophe Ruggia a contesté cette décision. Il a depuis été suspendu de façon temporaire par la SRF le temps de l'enquête.

Cette décision a été prise au terme d'une assemblée générale vendredi soir, qui a duré six heures, en présence du conseil d'administration et des adhérents (environ 85 votants).

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