Affaire Benalla : Macron reste discret, pendant que Strzoda "assume"

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Par Jérôme RIVET - Paris (AFP)
Publié le 24 juillet 2018 - 16:18
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Emmanuel Macron a continué mardi de résister aux appels pressants de l'opposition à s'exprimer sur l'affaire Benalla, tandis que son directeur de cabinet Patrick Strzoda "assum(ait)" devant l'Assemblée sa décision de sanction contre Alexandre Benalla.

Auditionné par la commission d'enquête du parlement, M. Strzoda a indiqué avoir pris "seul, en (son) âme et conscience" la décision de sanctionner Alexandre Benalla en le suspendant 15 jours et en le rétrogradant.

"Je comprends parfaitement qu'on puisse considérer que (cette sanction) n'était pas adaptée, en tout cas en ce qui me concerne j'assume ma décision", a-t-il dit. Le secrétaire général de l'Elysée Alexis Koehler répondra pour sa part jeudi aux questions des sénateurs.

Le président est sorti de son silence mardi en tweetant un message de solidarité avec la Grèce, en proie à de violents incendies. Son compte Twitter, habituellement très actif, était mutique depuis jeudi.

"Il travaille" à l’Élysée, où il a notamment reçu, sans caméra, Brigitte Bardot pour discuter de la condition animale, a précisé son entourage.

M. Macron ressortira du Palais mercredi, après le Conseil des ministres, pour se rendre dans les Hautes-Pyrénées où il inaugurera le lendemain les nouvelles attractions touristiques du Pic du Midi. Avant d'effectuer une première visite en Espagne et au Portugal en fin de semaine.

Alors que ses plus proches collaborateurs ont été entendus ou vont l'être, il n'est pas souhaitable que le chef de l’État s'exprime car "nous sommes dans le temps des enquêtes judiciaire, administrative, parlementaire", selon le député LREM Hugues Ranson.

"Le moment venu, il exprimera ce qu'il considérera devoir exprimer sur la question", a simplement indiqué le Premier ministre Edouard Philippe devant les sénateurs.

Les Français semblent demandeurs puisqu'ils sont 75% à estimer que le chef de l'Etat "devrait s'exprimer devant les Français" sur le sujet, selon un sondage Elabe diffusé mardi. Et ce, alors que sa popularité atteint son niveau le plus bas depuis septembre 2017, avec seulement 32% d'opinions favorables (- 4 points), indique un autre sondage de l'Ifop.

Dimanche soir, l'entourage du président avait indiqué qu'Emmanuel Macron prendrait la parole "lorsqu'il le jugera utile". Et il avait annoncé qu'Alexis Kohler avait été chargé de réorganiser l’Élysée "pour éviter qu'un tel dysfonctionnement se reproduise".

"On pensait que l’Élysée sous Macron était un modèle d'organisation efficace et l'on découvre d'un seul coup des problèmes majeurs de fonctionnement", souligne Bruno Cautrès, du Cevipof.

- "Pouvoir arrogant" -

Emmanuel Macron s'appuie sur une équipe restreinte de proches, qui l'ont accompagné pour la plupart durant la campagne victorieuse de 2017. Outre M. Kohler, 44 ans, le cabinet comprend M. Strzoda, 66 ans, le chef de cabinet François-Xavier Lauch, ou les conseillers Sylvain Fort et Ismaël Emelien.

A l'exception de M. Strzoda, qui a notamment travaillé avec l'ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, ces collaborateurs, pour la plupart des énarques, ont peu d'expérience des situations de crise.

"Une petite équipe opérationnelle à l’Élysée est une dimension normale et inéluctable de l'exercice du pouvoir exécutif", précise Bruno Cautrès. "Mais on peut s'attendre à une forte réorganisation: le problème n'est pas tant la dérive personnelle d'Alexandre Benalla que la structure qui l'a rendue possible", selon lui.

"On peut donc s'attendre à ce qu'Emmanuel Macron veuille montrer aux Français qu'il change de méthode: moins +impériale+, moins +verticale+, moins +jupitérienne+", avance le politologue.

Pour Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, l'affaire Benalla met en cause "l'organisation de la République" où "le président est tout puissant". "De multiples scandales de l'Elysée sont nés de l'abus de pouvoir" car "à chaque fois, les gens pensent qu'ils sont au dessus des lois", a-t-il regretté à l'Assemblée.

"Un pouvoir arrogant est aujourd'hui rappelé à la réalité de ses obligations démocratiques" et "on jugera le nouveau monde (...) sur les leçons politiques qu'il acceptera - ou non - d'en tirer", a estimé de son côté le porte-parole du PS Boris Vallaud.

"Quelles que soient les suites administratives et judiciaires de cette affaire, il y aura un avant et un après pour Emmanuel Macron", résume Bruno Cautrès.

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