Affaire Fiona : le procès de la seconde chance pour obtenir la vérité ?

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Par AFP
Publié le 09 octobre 2017 - 06:14
Mis à jour le 10 octobre 2017 - 00:10
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Le dossier Fiona, ici le 17 novembre 2017 à la Cour de Riom, revient devant les juges
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© Thierry Zoccolan / AFP/Archives
Le dossier Fiona, ici le 17 novembre 2017 à la Cour de Riom, revient devant les juges
© Thierry Zoccolan / AFP/Archives

"Je n'ai pas tué Fiona": au premier jour de leur procès en appel devant les assises de Haute-Loire, la mère de la fillette et son ex-compagnon, jugés pour coups mortels, ont de nouveau clamé lundi leur innocence.

Emmitouflée dans un épais gilet beige à fanfreluches, Cécile Bourgeon a semblé dormir pendant la lecture des faits, le visage bouffi encadré de longs cheveux blonds. Avant de prendre calmement la parole, interrogée par le président de la cour, Etienne Fradin.

"Je n'ai jamais maltraité mes enfants. J'ai échoué en tant que mère, je n'ai pas su protéger ma fille (...) mais je vais être honnête, Monsieur le Président, si (Berkane Makhlouf, son ancien concubin, ndlr) avait commencé à la taper, je l'aurais quitté", assure la jeune femme de 31 ans, les yeux ourlés de noir et les ongles peints en rouge.

"Que je sois en prison ou dehors, j'ai pris perpétuité. Fiona, elle reviendra jamais. Je vais devoir vivre avec ça. La question, c'est: est-ce que je vais y arriver ?", s'interroge celle qui a tenté de mettre fin à ses jours en prison durant l'été.

Un peu plus tôt, Berkane Makhlouf, 36 ans, moins hébété par les médicaments qu'en première instance selon son avocat, l'avait devancée dans ses dénégations en prenant la parole sans y être invité.

"Je suis écoeuré par rapport à ça (sa condamnation en novembre dernier, ndlr). J'ai pris 20 ans comme un criminel alors que je n'ai pas tué Fiona. Cécile, elle a reconnu avoir menti (...) On m'a sali, je veux vraiment que la lumière soit faite", lance l'accusé volubile, au visage glabre, vêtu d'un épais pull gris.

Il demande à ne pas être jugé sur son passé violent, avec des adultes uniquement. "C'est verrouillé dans ma tête, je m'en prends pas aux enfants", martèle-t-il. "Je jouais avec Fiona dans le couloir, je l'emmenais à l'école, je faisais le cheval, je jouais au Mikado, à la console", énumère l'accusé qui évoque "des moments de bonheur" en famille.

"C'était un ange cette gamine, j'avais pas du tout lieu d'être violent avec elle, tout ce que je me suis permis, c'est de lui donner une petite tape sur les fesses."

- "Il nous reste dix jours" -

Et l'accusé d'affirmer qu'ils ne sont pas des criminels en regrettant que le corps de la fillette de cinq ans n'ait pu être retrouvé et autopsié, faute d'avoir pu retrouver le lieu où le couple, connu pour sa toxicomanie à l'époque, dit l'avoir enterré dans les environs de Clermont-Ferrand, en 2013.

"Je trouve que Berkane Makhlouf répond sans aucune concession au président. Il ne cherche pas l'esquive et à s'excuser. Il est plein d'humanité pour Cécile Bourgeon, il n'est pas dans une forme de stratégie", a commenté son conseil, Me Mohamed Khanifar.

Mais les proches de la victime ne croient pas à la thèse de l'accident - Fiona aurait pu avaler un produit, comme du Subutex, le soir du drame dans l'appartement familial - et réclament la vérité.

"Elle (Cécile Bourgeon) manipule la cour, elle manipule tout le monde (...) Je veux qu'elle fasse une grosse peine de prison, cinq ans, c'est pas grand-chose", a déclaré avant l'audience Nicolas Chafoulais, le père de l'enfant.

Les accusés peuvent-ils leur apporter des réponses ? La défense en doute mais les parties civiles veulent tout tenter.

"Souvent, en appel, ce sont les pères et les beaux-pères - ceux qui ont souvent pris la peine la plus lourde en première instance - qui craquent. Il nous reste 10 jours et je compte bien en profiter", estime Me Marie Grimaud, avocate d'une association de protection de l'enfance.

Le 12 mai 2013, Cécile Bourgeon, enceinte de son troisième enfant, avait signalé à la police la disparition de Fiona dans un parc de Clermont-Ferrand, un mensonge que le couple a maintenu pendant plusieurs mois avant d'avouer sa mort en se rejetant mutuellement la faute.

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