Air France retrouve la voie du dialogue, avec la grève en arrière-plan

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Par Jeremy TALBOT - Aéroport de Roissy (France) (AFP)
Publié le 11 avril 2018 - 18:55
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Des avions de la compagnie Air France, touchée par une grève, à l'arrêt à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, le 11 avril 2018
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© Philippe LOPEZ / AFP
Des avions de la compagnie Air France, touchée par une grève, à l'arrêt à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, le 11 avril 2018
© Philippe LOPEZ / AFP

L'intersyndicale d'Air France au complet a accepté mercredi l'ouverture d'une négociation salariale jeudi matin avec la direction, mais sans renoncer à sa principale arme de dissuasion: ses quatre prochains préavis de grève.

Dès 9H00 jeudi, toutes les organisations représentatives, qu'elles appellent à la grève (SNPL, Spaf, CGT, FO, SNPNC, Unac, Unsa) ou non (CFE-CGC et CFDT), retourneront à la table des négociations.

Au menu des retrouvailles : l'ouverture d'une "négociation pluriannuelle sur les salaires" pour la période 2019 à 2021, afin de construire "un véritable +pacte de croissance+", selon un communiqué de la direction publié mardi.

La proposition a été faite pour sortir du conflit salarial qui mine la compagnie, touchée depuis février par sept jours de grève pour une facture globale d'environ 170 millions d'euros, selon la direction.

Cette dernière "sera engagée dès demain matin et sans interruption dans la négociation avec les organisations syndicales représentatives comme elle l'a proposé", a indiqué un porte-parole du groupe Air France, mercredi à l'AFP.

En cas d'accord final, l'entreprise promet de revaloriser de "2%" les grilles salariales en 2018, contre 1% en deux temps (+0,6% au 1er avril et +0,4% au 1er octobre) prévu actuellement.

- "Sac bien rempli" -

Mercredi, l'intersyndicale, dans laquelle figurent également des syndicats non représentatifs au niveau du groupe (SUD, CFTC, SNGAF), a répondu oui à l'invitation.

Mais, en attendant, la grève se poursuit "bien entendu", a déclaré Philippe Evain, président du syndicat de pilotes majoritaire (SNPL), lors d'une conférence de presse à Roissy.

Deuxième syndicat de pilotes, le Spaf "verra" ce que la direction "propose", même si pour l'instant ce n'est "pas grand-chose" à part "augmenter légèrement les 0,56% qu'elle nous a royalement accordé cette année", a ironisé son président, Grégoire Aplincourt.

Il faudra que Franck Terner, directeur général d'Air France, "vienne avec un sac bien rempli", a prévenu Karim Taïbi de FO.

L'intersyndicale avait dans un premier temps réagi très fraîchement à l'invitation de la direction, présentant comme un "ultimatum" le souhait exprimé par celle-ci de lever les préavis de grève.

"La direction d'Air France n'a jamais posé aucun ultimatum, sa priorité est de trouver une issue à ce conflit pour l'entreprise, ses clients et ses salariés", a-t-elle répliqué auprès de l'AFP. Cependant, "maintenir les préavis de grève alors que la négociation s'engage dès demain est une lourde responsabilité, aux répercussions négatives pour l'entreprise".

A chaque jour de grève, la compagnie a dû annuler 25% des vols, voire 30% comme mercredi, un tiers des pilotes ayant cessé le travail à chaque fois.

Des préavis de grève ont été déposés pour les 17, 18, 23 et 24 avril.

- Finances limitées -

La reprise des négociations ne signifie pas la fin du conflit, tant le fossé paraît grand entre les revendications des grévistes (l'intersyndicale et l'Unac) et ce que la direction semble prête à concéder.

"Le préalable à toute discussion, c'est 6% d'augmentation de salaire", a ainsi prévenu Karine Monsegu de la CGT. "On ira chercher nos 6%, c'est un dû", a déclaré M. Taïbi (FO) lors d'un rassemblement de grévistes à Roissy.

De son côté, la direction met en avant des capacités financières limitées, quoiqu'en hausse.

"La dimension pluriannuelle (des négociations, NDLR) permettra d'apporter des réponses aux revendications exprimées et d'inscrire dans le temps des mesures que la compagnie ne peut pas supporter de façon brutale", a-t-elle rappelé mardi dans son communiqué.

Pour l'heure, ce discours ne passe pas auprès des syndicats qui persistent à réclamer un "rattrapage" immédiat du pouvoir d'achat perdu depuis 2011, date de la dernière augmentation générale.

"Air France n'est pas malade économiquement", les personnels veulent recevoir "une partie de la richesse qu'ils ont créée", a plaidé Jérôme Beaurain de SUD-Aérien. Graphiques à l'appui, il a rappelé que le personnel d'Air France avait fondu de "moins 20% en six ans" tandis que l'activité était en "forte augmentation".

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