Alain Finkielkraut injurié par des "gilets jaunes", torrent de réactions

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Par AFP - Paris
Publié le 16 février 2019 - 19:43
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Le philosophe et académicien Alain Finkielkraut. Photo prise le 16 juin 2015.
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© Joël SAGET / AFP/Archives
Le philosophe et académicien Alain Finkielkraut. Photo prise le 16 juin 2015.
© Joël SAGET / AFP/Archives

Le philosophe et académicien Alain Finkielkraut a été injurié et sifflé ce samedi en marge de la manifestation des "gilets jaunes" dans le quartier de Montparnasse à Paris, selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux et qui ont déclenché une vague d'indignation au sein de la classe politique, beaucoup dénonçant des propos à caractère antisémite.

"Barre toi, sale sioniste de merde", "grosse merde sioniste", "nous sommes le peuple", "la France elle est à nous", ont crié plusieurs manifestants qui défilaient boulevard du Montparnasse, et qui venaient d'apercevoir l'académicien, d'après une vidéo diffusée par Yahoo! Actualités.

Sur une seconde vidéo tournée par un journaliste freelance, on peut voir les forces de l'ordre s'interposer pour protéger le philosophe.

"J'ai ressenti une haine absolue, et malheureusement, ce n'est pas la première fois", a réagi Alain Finkielkraut auprès du Journal du dimanche. "J'aurais eu peur s'il n'y avait pas eu les forces de l'ordre, heureusement qu'ils étaient là", a-t-il raconté au journal, soulignant que tous les "gilets jaunes" ne s'étaient pas montrés agressifs envers lui, l'un d'eux lui ayant même proposé de revêtir un gilet et de rejoindre le cortège, tandis qu'un autre saluait son travail.

Cet incident a déclenché une vague de condamnations et de messages de soutien au philosophe, beaucoup dénonçant le caractère antisémite de ces injures, jusqu'au chef de l'État.

"Fils d’émigrés polonais devenu académicien français, Alain Finkielkraut n’est pas seulement un homme de lettres éminent mais le symbole de ce que la République permet à chacun", a déclaré Emmanuel Macron sur Twitter, ajoutant que "les injures antisémites dont il a fait l’objet sont la négation absolue de ce que nous sommes et de ce qui fait de nous une grande nation. Nous ne les tolèrerons pas".

- "Bête immonde" -

"Un déferlement de haine à l'état pur que seule l'intervention de la police a interrompu. Assister à une telle scène à Paris, en 2019, est tout simplement INTOLÉRABLE", a annoncé sur Twitter le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.

"La bête immonde tapie dans l'anonymat d'une foule. Ceux qui insultent ont le visage découvert. J'espère qu'ils seront identifiés, poursuivis et lourdement condamnés", a renchéri le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.

Parmi les responsables de l'opposition, Laurent Wauquiez a dénoncé "d'abjects crétins... Révoltante confirmation de ce qu'Alain Finkielkraut a pointé lui-même : l'antisémitisme se drape dans les habits de l'antiracisme et se nourrit de la chasse aux prétendus islamophobes. Quand ouvrirons-nous les yeux ?"

"L’agression d’Alain Finkielkraut aujourd’hui est un acte détestable et choquant, qui illustre la tentative d'infiltration du mouvement des Gilets Jaunes par l’extrême-gauche antisémite", a estimé pour sa part Marine Le Pen, la dirigeante du RN.

"Non vous n'êtes pas le peuple, vous êtes la +France+ de la haine, celle qui nous fait honte.Ces manifestations doivent cesser!", a lancé le président du Sénat Gérard Larcher à l'attention des personnes qui ont insulté l'académicien.

L'ex-premier ministre Manuel Valls a jugé ces insultes "à vomir".

Ian Brossat, tête de liste PCF aux européennes, a estimé qu'"on peut détester les idées de Finkielkraut", mais que "rien ne peut justifier qu'on s'attaque à lui en tant que juif".

"Je combats les idées réactionnaires et radicales d’Alain Finkielkraut. Mais je condamne sans aucune réserve ceux qui l’ont conspué, insulté et traité d’un +sale sioniste+ qui voulait dire +sale juif+. Et laissez la Palestine en dehors de cette violence antisémite gratuite", a lancé Benoît Hamon, fondateur du parti Génération.s

"Gilets Jaunes je suis avec vous depuis le début. Là stop. Certains franchissent toutes les limites", a réagi Esther Benbassa, sénatrice EELV.

"L’antisémitisme, c’est aussi simple, aussi simplement abject que ce +Rentre chez toi à Tel Aviv+ visant un écrivain français juif", a lancé le cofondateur du mouvement de gauche Place Publique, Raphaël Glucksmann.

"La France n’appartient pas un ramassis d’antisémites qui cassent les vitrines et flambent des voitures en conspuant les Juifs", a tonné Joël Mergui, président du Consistoire israélite de France dans un communiqué, pointant du doigt des "casseurs incultes et haineux".

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