Alzheimer : 5 ans avec sursis requis contre l'octogénaire accusé du meurtre de sa femme

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Par AFP
Publié le 03 novembre 2017 - 19:43
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Un octogénaire a été condamné vendredi soir à cinq ans de prison avec sursis par la cour d'assises de l'Isère pour avoir étouffé son épouse atteinte d'Alzheimer en 2015.

Les jurés ont délibéré en moins de deux heures pour rendre un verdict conforme aux réquisitions du substitut général, Paul Rabesandratana.

L'avocate de la défense, Me Solen Morvan, s'est dite "déçue" car elle espérait l'acquittement pour son client, âgé de 81 ans, pour lequel elle avait plaidé le "coup de folie" et demandé la bienveillance des jurés. Elle n'envisage cependant pas de faire appel.

"La maladie d'Alzheimer ne donne pas une autorisation à tuer", avait déclaré dans l'après-midi lors de son réquisitoire M. Rabesandratana, qui avait refusé de voir un "suicide altruiste" dans ce drame.

"Certains veulent peut-être défendre une cause", celle de l'euthanasie, "mais ce n'est pas la réalité de ce dossier", avait-il estimé.

Pour lui, l’accusé n'a pas tué pour soulager sa femme, il n'y avait "pas de justification au crime". Il avait par ailleurs exclu l'abolition du discernement de l'accusé, ne retenant que la seule altération.

Au matin du 29 octobre 2015, le mari s'était levé et avait étouffé son épouse à l'aide d'un traversin, "épuisé" de cette vie au côté d'une compagne malade et dont l'état se dégradait. Il avait été retrouvé dans la baignoire de leur modeste logement, à Fontaine (Isère), des entailles aux poignets et à la gorge, mais vivant.

Face aux jurés, avant qu’ils se retirent pour délibérer, l’octogénaire, tremblant et en larmes, avait rappelé, une fois de plus : "J’étais malheureux de la disparition de ma femme et de ne pas être parti avec elle". Il voulait être enterré avec elle, lors de funérailles communes.

Plus tôt lors de cette seconde journée d'audience, le fils unique de l'accusé et de la victime, partie civile au procès, avait témoigné. "Je n'ai rien vu venir. Le jour des faits, ça a été un effondrement pour moi",a raconté cet homme de 54 ans. "C’est à ce moment-là que j'ai vraiment compris la détresse dans laquelle était mon père".

"J'avais peu d'accroche sur mes parents, je n'avais pas une parole qui porte trop pour eux". Malgré tout, ce fils les appelait régulièrement, se rendait environ deux fois par semaine à leur domicile, notamment le lundi pour passer du temps avec sa mère et pour permettre à son père d’aller marcher au sein d’un club de randonnée.

- 'le visage de la maladie' -

"Je pense que mon père est allé à la limite de ce qu’il pouvait faire. Il lui faisait tout, elle ne faisait rien".

Toutes les semaines, l'homme d'un naturel déjà anxieux emmenait sa femme pour la journée à l'Ehpad, un établissement pour personnes dépendantes. "Il me disait +Il faut être à l'Ehpad à 09H00, je n’y arrive pas, ça me perturbe+. C’était son gros souci de la semaine".

Le fils envisageait alors de placer sa mère à l'année, même s'il savait qu'il rencontrerait des réticences de la part de ses parents. "Sur les derniers mois, je ne savais pas que mon père faisait la toilette de ma mère. Je pense qu’il voulait rester avec sa femme et tant qu’il y arrivait, ça lui convenait", malgré les difficultés.

"C’était un couple heureux, uni. Ce qui a dégradé les choses, c’est la santé de ma mère. Elle avait vraiment le visage de la maladie".

Du côté de la partie civile, Me Flore Abadie O'Loughlin avait souligné la volonté pour le fils du couple "que justice soit faite pour sa mère" tout en souhaitant "une sanction purement symbolique".

A l'énoncé du verdict, Me Abadie O'Loughlin a fait part de sa "satisfaction", le meurtre ayant été reconnu comme le souhaitait son client, mais elle a toutefois qualifié le verdict de "sévère".

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